Chargé de cours au Département de danse de 1992 à 2004, puis professeur associé de 2006 à 2025, Denis Poulin (Ph.D. études et pratiques des arts, 2013) est décédé le 4 septembre dernier à l’âge de 76 ans. Il a été un pionnier du développement des technologies numériques en tant qu’outils de création et d’enseignement en danse. Il était l’époux de la professeure émérite Martine Époque (1942-2018), fondatrice en 1985 du Département de danse et du Groupe Nouvelle Aire, avec laquelle il a mené plusieurs projets de recherche-création.
«Denis Poulin et Martine Époque formaient un tandem, rappelle la directrice du Département de danse Caroline Raymond. Tous deux ont joué un rôle marquant dans l’enseignement en danse et technologies aux niveaux collégial et universitaire, contribuant à la formation d’une génération d’artistes créateurs-chercheurs, notamment dans le champ des technologies numériques appliquées au mouvement dansé.»
Un parcours de précurseur
Avant d’enseigner à l’UQAM, Denis Poulin est danseur au Groupe Nouvelle Aire et professeur d’éducation physique de 1968 à 1974. Il obtient une maîtrise en cinéma et télévision de l’Université du Michigan en 1976. En 1978, il est lauréat du premier concours Cinéaste recherché de l’Office national du film du Canada avec son premier film d’animation Le bouffe pétrole. Embauché comme enseignant au Collège Montmorency de Laval au début des années 1980, il y fonde le Département de danse et y crée le programme de DEC en danse.
Sensible depuis les années 1970 au développement des nouvelles technologies et du cinéma d’animation, Denis Poulin est fasciné par la danse à l’écran. Il réalise plusieurs films et vidéos, dont certains sont intégrés à ses créations chorégraphiques et à celles de sa compagne Martine Époque. En 1979, les deux complices réalisent le film Ni scène, ni coulisses, qui remporte la Coupe Enta Maratone dei Templi au Festival international du film de Salerno, en Italie. «J’avais une formation de réalisateur en cinéma et en télévision, alors que Martine était chorégraphe. Je m’occupais des images et elle de l’écriture», expliquait Denis Poulin dans une entrevue accordée à Actualités UQAM en 2007.
En 1989, son Étude infochorégraphique, une danse numérique interprétée par un danseur virtuel, a été présentée au Festival des films sur l’art de Montréal de 1990 et à plusieurs reprises au Centre Georges-Pompidou, à Paris, à partir de 1991.
Pour le professeur associé, l’arrivée du numérique permettait une diversification des processus d’écriture chorégraphique et des lieux d’expression de la danse, depuis la scène jusqu’au web, en passant par la vidéo. Si bien qu’il était possible désormais de créer des œuvres avec des interprètes numériques, à l’image de danseurs réels.
En 1999, Denis Poulin et Martine Époque fondent à l’UQAM le Laboratoire de recherche-création en technochorégraphie (LARtech), où ils travaillent à l’élaboration d’un nouveau modèle d’écriture et de création chorégraphique, la «danse sans corps», qui souligne le mouvement dansé plutôt que le corps de l’interprète. Au cours des années qui suivent, les œuvres créées au sein du LARtech font l’objet d’une large diffusion, au Canada comme à l’étranger, et obtiennent plusieurs distinctions. Ainsi, toujours avec Martine Époque, Denis Poulin réalise en 2013 le film CODA: le final du Sacre du printemps 3D, une œuvre phare qui remporte des prix à travers le monde, dont un prix Lumière à Hollywood, en 2016.
Dans le cadre de leur 40e anniversaire célébré cet automne, le Département de danse et le Regroupement québécois de la danse (RQD) rendront hommage à Denis Poulin. L’événement aura lieu le 9 décembre prochain au pavillon de Danse de l’UQAM. À cette occasion, le film J’arrive, avec Martine Époque en mémoire, réalisépar le professeur associé, sera présenté en primeur. «Il s’agit de la dernière œuvre de Denis Poulin, qu’il a produite courageusement dans les mois précédant son décès, indique Caroline Raymond. Elle est consacrée au travail de sa compagne Martine Époque et à leur alliance.»