À l’occasion de la rentrée d’hiver 2025, le recteur Stéphane Pallage a prononcé une allocution devant la communauté universitaire le 21 janvier à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. Après avoir souhaité une bonne année aux membres de l’assistance, le recteur a fait le point sur différents dossiers en lien avec l’actualité universitaire.
Stéphane Pallage a amorcé son discours en rappelant qu’il est recteur de l’UQAM depuis bientôt deux ans. «En deux ans, nous avons réussi, tous ensemble, à inverser une tendance à la baisse des effectifs étudiants, a-t-il souligné. Après 10 années de baisses, l’UQAM a retrouvé la croissance, avec laquelle le développement est possible.»
L’UQAM compte cet hiver 400 étudiantes et étudiants de plus que l’hiver dernier, a précisé le recteur, une hausse de 3,1% selon les critères d’équivalence à temps plein. Après une stabilisation à l’hiver 2024, il s’agit d’une deuxième hausse de suite des effectifs étudiants en deux sessions.
Mentionnant le Plan stratégique ambitieux adopté en octobre dernier, Stéphane Pallage a rappelé les grands projets dont l’UQAM s’est dotée. Ces projets visent l’amélioration de l’expérience étudiante, du soutien à la recherche, du milieu de vie et de travail à l’UQAM. Ils ont aussi pour objectif de mieux servir le Québec par des développements en sciences de la santé, un leadership dans la relance du Quartier latin et un rôle de fer de lance dans la valorisation du français au centre-ville de Montréal.
Transformer les formations en santé
«Nous avons posé les jalons d’une nouvelle faculté qui a l’ambition de transformer les formations en santé au Québec, avec beaucoup de prévention, pour prendre la maladie en amont, a précisé le recteur. Et parce qu’en dépit de la meilleure prévention du monde, la maladie parfois se développe, nous formerons nos étudiantes et nos étudiants aux soins de première ligne, pour prendre la maladie à un stade précoce.»
À ce sujet, Stéphane Pallage a mentionné la nomination récente d’un nouveau directeur des projets institutionnels en santé en la personne de Nicolas Marchand, qui travaillera avec le vice-recteur associé au Développement des sciences de la santé, Fabrice Brunet. «Le comité de travail qui les accompagnera a aussi été constitué, a dit le recteur. Les prochaines étapes seront de créer des départements et des programmes, et de songer à la possibilité qu’un département existant puisse avoir, en plus de son rattachement primaire à sa faculté, un rattachement secondaire à la nouvelle faculté.»
Quel que soit le choix, «pour faire vivre cette faculté véritablement unique, nous aurons besoin de toutes les énergies enthousiastes de notre communauté», a lancé Stéphane Pallage.
Le recteur a également souligné la nomination, en tant que nouvelle chancelière de l’UQAM, de l’ex-première ministre du Québec, Pauline Marois, «une véritable femme d’État dont les valeurs rejoignent pleinement les nôtres». La cérémonie visant à «souligner son entrée dans la grande famille de l’UQAM» aura lieu au printemps prochain, a-t-il annoncé.
Sur le plan académique, Stéphane Pallage a mentionné que près de 20 nouveaux programmes, dont certains ne sont offerts nulle part ailleurs au Québec, ont vu le jour au cours des deux dernières années et que presque autant ont été révisés. «Notre dynamisme académique est spectaculaire», a-t-il déclaré, profitant de l’occasion pour remercier toutes celles et tous ceux au sein des comités de programmes qui ont travaillé sur ces projets.
L’UQAM en mouvement
«L’UQAM est en mouvement et cela se sent», a affirmé le recteur. Abordant les ententes conclues au cours des deux dernières années avec le SPUQ et le SEUQAM, «deux conventions collectives dont nous pouvons collectivement être fiers, parce qu’elles ont permis de repousser les frontières des relations de travail», Stéphane Pallage a aussi indiqué qu’une entente sera vraisemblablement signée très bientôt avec le Syndicat des techniciennes et techniciens de scène du Centre Pierre-Péladeau (IATSE).
«Une négociation repose sur la confiance des parties, confiance qui s’acquiert à la table, et en dehors, a mentionné le recteur. J’ai beaucoup de respect pour les représentantes et les représentants des syndicats. Ils sont pour moi des partenaires essentiels au projet de société qu’est notre université.»
Concernant le syndicat des personnes chargées de cours, Stéphane Pallage a expliqué qu’une convention collective est en vigueur, mais qu’un point concernant l’enseignement en ligne avait été laissé en suspens et que la négociation se poursuit, avec l’aide d’un conciliateur. Il a réitéré son espoir qu’un règlement négocié soit conclu à la satisfaction des parties d’ici le 3 février prochain.
Le monde a changé
Le recteur a ensuite abordé le contexte international actuel. «En quelques mois, le monde a changé, a-t-il déclaré. Devant nous se dresse un avenir plein d’espoir et d’incertitude. Les changements politiques aux États-Unis et au Canada requièrent que nous soyons unis.»
Sur la question des étudiantes et étudiants internationaux, Stéphane Pallage a relevé que nous sommes passés en moins d’un an d’un discours politique les mettant en valeur à un discours selon lequel ils devraient être moins nombreux. «C’est inquiétant, parce que les étudiantes et étudiants internationaux sont une force pour notre société», a-t-il remarqué. Arrivant avec un bagage intellectuel précieux qu’ils affinent au contact des membres de notre corps enseignant, ils contribuent à la recherche de pointe, et donc à l’avancement de la société. «Ils deviennent des citoyens de premier ordre, a insisté le recteur. S’ils s’installent au Québec, c’est parce que le Québec est leur pays choisi.»
«Les universités sont des portes d’entrée formidables pour des cerveaux, des artistes, des penseurs, des athlètes, des entrepreneurs, des gestionnaires qui nous permettent de voir le monde avec des yeux nouveaux.»
Revenant sur sa propre histoire d’immigration, Stéphane Pallage a souligné que c’est au Québec qu’il a vécu la plus grande partie de sa vie. Selon lui, l’étudiante ou l’étudiant international est le meilleur nouveau citoyen possible. Même s’ils nous quittent après leurs études, ils apportent beaucoup au Québec et restent ambassadeurs de notre culture toute leur vie. «Les universités sont des portes d’entrée formidables pour des cerveaux, des artistes, des penseurs, des athlètes, des entrepreneurs, des gestionnaires qui nous permettent de voir le monde avec des yeux nouveaux.»
Après avoir élaboré sur la contribution des étudiantes et étudiants internationaux à la société québécoise et à l’UQAM, où ils représentent 12,7 % des effectifs, le recteur est revenu sur le rôle d’ascenseur social que notre université a joué dans l’histoire du Québec depuis plus de 55 ans. «L’UQAM a un impact économique majeur par le seul fait de cet ascenseur social qui propulse la collectivité vers une société du savoir, a-t-il remarqué. Elle a un impact immense également par sa recherche et sa création qui ouvrent à la collectivité de nouvelles perspectives de développement économique et culturel.»
Pour convaincre les économistes et les fiduciaires des fonds publics que financer l’UQAM est un bon investissement social, le recteur a exposé ses calculs : «entre 2018 et 2023, un dollar de fonds public investi dans l’UQAM a produit annuellement au moins 8 dollars. Selon la méthodologie et ce que l’on inclut dans les calculs, ce chiffre peut monter jusqu’à 16 dollars de retombées économiques. Pour l’économiste en moi, qui croit au développement sociétal, et pour notre ministre des Finances, diplômé de l’UQAM, cela fait un taux de rendement annuel de 700% à 1500%. Chers amis, connaissez-vous un investissement plus rentable pour une société?», a-t-il demandé.
«L’éducation forge l’esprit critique. Elle est le meilleur rempart contre le populisme.»
Le recteur a ensuite poursuivi son allocution sur le sujet plus large de la contribution, non pas seulement de l’UQAM, mais des universités en général au développement économique, social, scientifique et culturel du Québec et du monde. Insistant sur l’importance de l’accessibilité aux études supérieures, il a souligné le rôle important qu’elles jouent pour garantir la qualité des institutions démocratiques: «L’éducation forge l’esprit critique. Elle est le meilleur rempart contre le populisme.»
Le sixième pouvoir
Le recteur a rappelé que «l’Université est un lieu de liberté. On y apprend à vivre, à débattre de ses idées, à remettre en question les conventions, les croyances et les dogmes». Selon lui, à côté du quatrième pouvoir, celui de la presse, mis à mal par la crise actuelle des médias et leur prise de contrôle par des groupes d’intérêt, voire des groupes politiques, et face au cinquième pouvoir associé aux médias sociaux, nuisible pour la démocratie, les universités forment aujourd’hui un sixième pouvoir qu’il faut préserver à tout prix.
Or, selon Stéphane Pallage, «les années à venir seront dures pour les universités aux États-Unis, mais aussi au Canada, où le discours populiste commence à les discréditer. Il faudra nous battre, dit-il, pour préserver la liberté académique et l’autonomie universitaire si importantes pour la démocratie. À l’UQAM, nous devrons aussi nous battre pour préserver notre accessibilité face à un financement public de moins en moins certain.»
«Gardons le cap sur nos projets. Continuons sans relâche à éclairer le public de nos expertises. Continuons à informer le débat public. Chaque intervention experte renforce la démocratie.»
Le recteur demeure toutefois optimiste. «Je sais que notre communauté est forte et qu’ensemble, nous passerons au travers de ces quelques années troubles, a-t-il affirmé. Gardons le cap sur nos projets. Continuons sans relâche à éclairer le public de nos expertises. Continuons à informer le débat public. Chaque intervention experte renforce la démocratie.»
Stéphane Pallage s’est dit privilégié de partager ce moment de l’histoire avec la communauté uqamienne. «Il n’y a en fait pas d’autre endroit où je voudrais être, a-t-il conclu. La liberté n’est pas dans le pays de Monsieur Trump. La liberté est ici.»
Une période d’échanges avec l’assistance a suivi l’allocution du recteur.