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Rencontre sur le Quartier latin avec la communauté uqamienne

La vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin présente sa vision d’un quartier apprenant.

Par Marie-Claude Bourdon

15 novembre 2024 à 15 h 19

Mis à jour le 19 novembre 2024 à 16 h 53

Depuis son entrée en fonction, en janvier dernier, la vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin, Priscilla Ananian, a multiplié les rencontres avec divers partenaires du quartier provenant des domaines politique, économique, culturel, éducatif ou communautaire. Elle a aussi eu de nombreux échanges avec différents groupes de la communauté universitaire. Le 14 novembre dernier, pour la première fois, elle rencontrait la communauté uqamienne dans son ensemble. Plus d’une centaine de personnes se sont déplacées à l’Espace Quartier latin pour échanger avec elle sur la relance du secteur.

La rencontre a commencé par un mot d’introduction du recteur, Stéphane Pallage, qui a rappelé les difficultés que connaît le Quartier latin, en particulier depuis la pandémie. «Nous sommes la plus grande communauté du quartier, a souligné le recteur. Ce n’est pas dans notre intérêt de rester spectateurs de ses difficultés. Nous voulons nous engager à trouver des solutions. C’est dans cet esprit et dans une perspective de concertation avec les partenaires du milieu que nous avons créé le poste de vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin

La vice-rectrice associée a ensuite pris la parole pour présenter sa vision de la relance autour du concept de quartier apprenant. «Nous sommes tous des apprenants», a déclaré Priscilla Ananian, pour qui l’identité d’apprenant ne se limite pas aux étudiantes et étudiants, mais englobe les citoyennes et citoyens à toutes les étapes de leur vie.

«Nous sommes tous des apprenants.»

Après avoir évoqué sa participation à la revitalisation du centre-ville de l’agglomération brésilienne de Bauru, il y a une vingtaine d’années, Priscilla Ananian, architecte et urbaniste de formation, a insisté sur les caractéristiques du Quartier latin, qui sont, selon elle, de nature à assurer le succès de sa relance. «Le fait que ce soit un quartier habité, la mobilisation de plusieurs acteurs de la société civile et la présence de grandes institutions éducatives et culturelles, dont l’UQAM fait partie, sont les garants d’une relance soutenable dans le temps», affirme Priscilla Ananian.

«Le Quartier latin a toujours été un lieu d’apprentissage», a-t-elle rappelé en présentant une cartographie des écoles, collèges, conservatoires, associations, syndicats, universités et institutions culturelles qui ont eu pignon sur rue dans le secteur à travers le temps. Selon elle, le projet de quartier apprenant est «une occasion de reconnecter avec les racines du Quartier latin», qu’elles soient éducatives, sociales, culturelles ou résidentielles.


Six grands défis

Avant de détailler son projet, Priscilla Ananian a abordé les grands défis auxquels le secteur fait face. Il faut, selon elle, renouveler l’identité du Quartier latin pour développer un sentiment d’appartenance et renforcer son attractivité économique. On doit aussi réconcilier ses diverses vocations: culturelle et de divertissement, sociale, éducative et résidentielle. Un troisième défi consiste à aménager un quartier à échelle humaine, en tenant compte de la présence de grandes institutions et des grands chantiers de construction. «Je ne vous le cache pas, les chantiers ne sont pas terminés», a mentionné la vice-rectrice associée.

«La relance du quartier doit aussi se faire dans un souci d’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité, mais également de toutes les autres personnes qui y habitent et le fréquentent», affirme la vice-rectrice associée. Photo: Nathalie St-Pierre

«La relance du quartier doit aussi se faire dans un souci d’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité, mais également de toutes les autres personnes qui y habitent et le fréquentent, afin de faire face aux enjeux de cohabitation sociale», affirme Priscilla Ananian. Un cinquième défi consistera, selon elle, à intégrer les personnes résidentes ainsi que les nouvelles populations qui arriveront au cours de son développement. Finalement, le sixième défi concerne la valorisation du français. Il vise à promouvoir la culture francophone tout en célébrant la richesse multiculturelle du quartier.

«L’UQAM peut jouer un rôle majeur à cet égard, croit la vice-rectrice associée, et s’affirmer comme un pôle francophone dans l’est du centre-ville, faisant contrepoids à l’ouest du centre-ville, davantage anglophone.»


Un parcours culturel à vocation socio-éducative

Revenant sur la notion de quartier apprenant, Priscilla Ananian a précisé qu’il s’agit d’un quartier où l’on apprend tout au long de la vie et où l’on favorise les maillages entre les connaissances scientifiques, la culture et les savoirs citoyens. Plus concrètement, la vice-rectrice associée propose de construire un parcours culturel à vocation socio-éducative formé de diverses haltes communautaires, sociales, culturelles, sportives et même nourricières. «On ne partira pas de zéro, souligne la vice-rectrice associée. Il s’agit d’abord de donner de la visibilité aux programmations qui existent déjà et de créer des liens entre les personnes et les organismes qui soutiennent ces initiatives. On veut aussi favoriser la création de nouvelles programmations autour des enjeux qui ont été identifiés.»

Priscilla Ananian souhaite que les projets qui se greffent au parcours permettent des jumelages de toutes sortes. Il pourrait s’agir, par exemple, d’initiatives de francisation jumelant des personnes immigrantes, résidentes, étudiantes, locales ou de l’international. On pourrait proposer un projet d’entrepreneuriat ou d’agriculture urbaine avec des organismes communautaires autour d’enjeux de sécurité alimentaire ou un projet sportif mettant en commun des jeunes de milieu défavorisé avec des étudiantes et étudiants universitaires. La vice-rectrice associée évoque aussi des causeries sur l’écocitoyenneté et l’éducation à l’environnement, des ateliers d’artisanat jumelant le savoir-faire des résidentes et résidents avec celui de la communauté étudiante, des projets de réinsertion sociale: toutes les initiatives visant à rapprocher les différentes populations du quartier seront les bienvenues.

«Les activités du parcours devront être ouvertes à la communauté environnante», insiste Priscilla Ananian, soulignant le rôle que pourra jouer la Bibliothèque centrale de l’UQAM, avec son projet Métamorphose d’ouverture sur le quartier, mais aussi celui d’installations comme le Centre sportif et les cliniques universitaires.

«Les activités du parcours devront être ouvertes à la communauté environnante.»


Une maison et une petite forêt

La vice-rectrice associée a également présenté le projet de Maison du quartier apprenant qu’elle veut mettre en place. «Située au cœur de Quartier latin, la Maison du quartier apprenant sera un lieu de convergence des savoirs», a expliqué Priscilla Ananian. Lieu d’expérimentation de techniques modernes d’apprentissage, la maison sera aussi un carrefour de l’offre et de la demande en formation tout au long de la vie présente dans les haltes thématiques, un espace de dialogue et de soutien à la communauté, une halte de services aux citoyens en collaboration avec les partenaires et, finalement, un observatoire scientifique en collaboration avec le milieu afin d’accompagner et de mesurer les effets des initiatives dans le Quartier latin.

Si la Maison du quartier apprenant est un projet à plus long terme, Priscilla Ananian espère voir se réaliser à plus brève échéance un projet pilote qui lui tient particulièrement à cœur: La petite forêt d’arbres à palabres du Quartier latin. «Dans la culture africaine, l’arbre à palabres est l’arbre du village à l’ombre duquel les villageoises et villageois se rencontrent pour échanger sur les affaires de la vie communautaire», a expliqué la vice-rectrice associée. Dans le Quartier latin, cette forêt métaphorique pourrait être conçue par des étudiantes et étudiants en arts, en collaboration avec des collègues d’autres programmes, et être déplacée dans divers lieux intérieurs et extérieurs afin de favoriser les échanges et le dialogue.

«La vision du quartier apprenant est ancrée dans les valeurs de l’UQAM: accessibilité, engagement, audace et ouverture.»

«La vision du quartier apprenant est ancrée dans les valeurs de l’UQAM: accessibilité, engagement, audace et ouverture», a souligné Priscilla Ananian à la fin de son exposé, qui s’est conclu par un échange avec l’auditoire marqué par une forte participation. De nombreuses personnes ont pris le micro pour commenter la présentation ou faire des propositions touchant différents aspects de la relance du Quartier latin. La vice-rectrice a accueilli les diverses propositions en soulignant que la collaboration de la communauté universitaire sera essentielle au projet. «J’ai besoin de bras, de cerveaux et de cœurs», a-t-elle dit en invitant les Uqamiennes et les Uqamiens à participer à la relance du quartier.

On peut visionner la présentation de la vice-rectrice à la Relance du Quartier latin ici.