
Réunis le 30 septembre dernier, les membres de l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec ont voté, à l’unanimité, en faveur d’une résolution pour soutenir la lutte contre le racisme et la discrimination envers les membres des Premiers Peuples et pour appuyer les efforts favorisant un rapprochement et une meilleure connaissance de l’autre.
«Je souhaite exprimer ma profonde solidarité envers les Premiers Peuples, déclare la rectrice Magda Fusaro. Je réitère mon engagement ferme et celui de l’UQAM à poursuivre et à renforcer les efforts afin de combattre le racisme et la discrimination sous toutes leurs formes».
Comme l’ont souligné les rapports de la Commission de vérité et réconciliation (2015), de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019) et de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (2019), l’éducation est une clé de la réconciliation. Grâce à leurs valeurs, à leur mission d’accessibilité à l’éducation et aux connaissances qu’ils créent, les établissements du réseau de l’Université du Québec jouent un rôle fondamental dans l’évolution vers une société plus juste et plus équitable. La valorisation de la diversité et la réalisation du plein potentiel de chaque individu sont au cœur du développement durable des collectivités et des régions, au Québec comme dans le reste du monde.
«Dans le contexte de notre histoire nationale, nous avons un devoir tout particulier à l’égard des Premiers Peuples», souligne la présidente de l’Université du Québec, Johanne Jean. «L’événement tragique vécu à Joliette cette semaine par madame Joyce Echaquan, membre de la communauté Atikamekw de Manawan, le démontre.»
Le réseau prend acte des analyses à conduire pour documenter l’état de la situation afin d’apporter des correctifs, comme l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) le propose dans son plan d’action rendu public le 29 septembre dernier.
Soutien aux Premiers Peuples
«Favoriser l’accès des étudiantes et des étudiants aux études supérieures; les soutenir dans leur intégration et leur parcours vers la réussite et la diplomation; construire avec les groupes autochtones des projets de recherche et de création; contribuer à mieux faire connaître leurs réalités et leurs enjeux sont quelques-unes des contributions tangibles de l’UQAM. Nous continuerons résolument nos actions en ce sens», affirme Magda Fusaro.
À l’UQAM, les étudiantes et étudiants des Premiers Peuples peuvent profiter de soutien à l’apprentissage et d’un service d’aide culturellement sécurisants, notamment par l’accès à un local dédié aux personnes autochtones et à un suivi personnalisé.
Une conseillère à l’accueil et à l’intégration des Services à la vie étudiante offre des informations, de l’écoute, de l’accompagnement et du soutien aux membres des Premiers Peuples qui vivent des difficultés pendant leur parcours universitaire. Elle peut aussi les diriger vers les services appropriés de l’UQAM et de la Ville de Montréal.
Des activités sociales et culturelles sont également organisées pour permettre aux étudiantes et étudiants de connecter avec leurs cultures, de briser l’isolement et de créer un réseau de soutien.
À la Faculté de science politique et de droit, une bourse est offerte au niveau du premier cycle (certificat et baccalauréat) aux étudiants des Premiers Peuples. Le Département des sciences juridiques leur réserve aussi quatre places au sein de son programme de baccalauréat en droit.
Finalement, signalons que dans le cadre de la campagne majeure de financement 100 millions d’idées, la Fondation de l’UQAM a reçu 1,8 million de dollars du donateur Paul D. Leblanc. Destiné au Fonds capitalisé Honorable Albert-Leblanc, son don permettra l’attribution, chaque année, de deux bourses d’excellence de 30 000 dollars à des étudiants issus des Premières Nations et des Inuits du Québec, inscrits au baccalauréat en droit à la Faculté de science politique et de droit.
Initiaves uqamiennes
Au cours des dernières années, les membres de la communauté uqamienne ont multiplié les initiatives visant un rapprochement avec les Premières Nations: attribution d’un doctorat honorifique à l’artiste visuel, poète et écrivain autochtone mexicain Domingo Cisneros; organisation de visites à l’UQAM d’étudiants et enseignants du collège Kiuna, le seul établissement collégial au Québec destiné aux Autochtones; ateliers de perfectionnement en vidéo Wapikoni; concours d’affiches sur les langues autochtones; fête culturelle et autres.
Les professeurs Laurent Jérôme (sciences des religions) et Jean-Philippe Uzel (histoire de l’art) ont fondé le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les affirmations autochtones contemporaines (GRIAAC), actuellement dirigé par le professeur Nicolas Houde (science politique).
En 2017, Laurent Jérôme et la doctorante Léa Lefevre-Radelli (Ph.D. sciences des religions, 2020), en collaboration avec le Cercle des Premières Nations de l’UQAM (CPNUQAM), le Conseil en éducation des Premières Nations et le Réseau pour la stratégie urbaine de la Communauté autochtone de Montréal, avec l’appui du Service aux collectivités (SAC), ont mené une recherche visant à documenter la présence des étudiants autochtones à l’UQAM et à comprendre leurs besoins spécifiques. Depuis, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour mieux soutenir les étudiantes et étudiants autochtones.
Depuis l’an dernier, la Faculté des sciences humaines offre un nouveau programme court de 1er cycle en études autochtones. La formation de 18 crédits – 6 cours – vise à initier les étudiantes et étudiants à l’histoire, aux cultures, aux systèmes politiques et aux mouvements artistiques autochtones. Une concentration de premier cycle en études autochtones est aussi proposée.
De très nombreuses recherches sont menées à l’UQAM sur différents aspects des réalités autochtones. Tout récemment, Marie-Charlotte Franco (Ph.D. muséologie, médiation et patrimoine, 2020) déposait sa thèse sur «La décolonisation et l’autochtonisation au Musée McCord». En avril 2019, la doctorante en psychologie Léa Bragoli-Barzan cosignait sur le site de La Conversation (avec la professeure de l’Université de Sherbrooke Tanya Chichekian) un article intitulé «Études postsecondaires: en faisons-nous assez pour les jeunes Autochtones?»
La doctorante en droit Éloïse Ouellet-Décoste figurait parmi les 20 récipiendaires de la prestigieuse bourse de la Fondation Pierre Elliott Trudeau pour l’année 2019. La thèse d’Éloïse Ouellet-Décoste, menée sous la direction du professeur du Département des sciences juridiques Bernard Duhaime, porte sur la réparation des violations des droits des peuples autochtones.
Parmi d’autres initiatives récentes, le colloque Résistances des femmes autochtones dans les Amériques: dialogues, réflexions et actions s’est déroulé en septembre 2019 à l’UQAM en présence, notamment, de Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec. Ce colloque, co-organisé par Véronica Gomes et Ludivine Tomasso, doctorantes en sociologie et en science politique, et par Tania Larivière, auteure et militante Anishinabe, a réuni une trentaine de conférencières, majoritairement autochtones, provenant du Québec, du Canada anglais, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud.
Depuis 2017, deux éditions d’une école d’été destinée aux femmes autochtones leaders ont eu lieu à l’UQAM. En 2018, 12 femmes autochtones élues ou leaders de différentes régions du Québec ont participé à cette initiative ayant pour thème «La gouvernance autochtone au féminin», fruit d’un partenariat entre Femmes autochtones du Québec (FAQ), la Faculté de science politique et droit (FSPD) et le Service aux collectivités (SAC). Une nouvelle édition de l’école d’été devait se tenir à l’été 2020 et a dû être annulée à cause des mesures sanitaires. L’événement devrait être repris l’an prochain et ensuite avoir lieu tous les deux ans.