Voir plus
Voir moins

Le Québec, rempart contre les dérives autoritaires

Les chefs d’établissements du réseau de l’Université du Québec signent une lettre d’opinion dans Le Devoir.

13 mars 2025 à 9 h 35

Le président de l’Université du Québec (UQ), Alexandre Cloutier, le recteur Stéphane Pallage et tous les autres chefs d’établissements du réseau de l’UQ ont signé une lettre parue dans Le Devoir du 13 mars soulignant l’importance de constituer un rempart contre les dérives autoritaires à l’heure où les attaques se multiplient contre les universités américaines.

«Depuis l’investiture du président Trump aux États-Unis, les attaques contre les universités ont pris une ampleur inédite, écrivent-ils. En quelques semaines à peine, nous avons assisté à la criminalisation du droit de manifester allant jusqu’à l’arrestation ou à la menace d’expulsion du pays d’étudiants et de professeurs, à l’instauration d’une liste de mots prohibés dans les projets de recherche, aux tentatives de licenciement de milliers de personnes dans les organismes de financement de recherche et à plusieurs autres attaques troublantes sur la science et l’enseignement supérieur.»

Devant ces attaques qui compromettent l’existence même des universités, ils font valoir que le Québec est un lieu unique où la libre pensée est soutenue par la loi sur la liberté et l’autonomie universitaire. «Il nous appartient de rappeler que cet engagement est un rempart contre l’atrophie de la pensée critique», déclarent les chefs d’établissements.

Soulignant le rôle central joué par les universités dans l’éclairage des grands enjeux de société, ils insistent sur l’importance de nourrir une réflexion rationnelle face à la montée des «vérités» parallèles. «Car au-delà de la recherche et de l’enseignement, l’université exerce une fonction fondamentale dans la construction d’une société informée. Elle est un espace où l’on apprend à confronter des arguments et à bâtir des raisonnements fondés sur des données probantes. Toute dérive autoritaire qui met en péril cette mission représente une menace non seulement pour l’enseignement supérieur, mais pour l’ensemble des institutions démocratiques», observent les auteurs de la lettre.

Selon eux, les universitaires doivent contribuer avec rigueur au débat public en mettant leur expertise au service de la collectivité, en publiant leurs résultats de recherche et en assurant leur diffusion par tous les canaux. «C’est en incarnant pleinement la mission de l’université que les universitaires nous aideront à trouver les repères nécessaires pour traverser ces temps troubles», concluent les chefs d’établissements.

Le recteur Stéphane Pallage s’est prononcé à plusieurs reprises sur le rôle essentiel des universités comme 6e pouvoir. «C’est l’autonomie universitaire et la liberté académique qui ont permis les avancées sociales, politiques et culturelles les plus importantes du dernier siècle. Elles sont à risque de disparaître aux États-Unis. Et sans elles, les universités ne sont plus ce contre-pouvoir essentiel pour l’exercice démocratique.»