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Regards croisés entre Montréal et San Francisco

Un groupe du bac en urbanisme a séjourné sur la côte ouest américaine dans le cadre d’un cours sur les grandes villes.

Par Pierre-Etienne Caza

14 juin 2024 à 15 h 57

Berceau de la contre-culture et des droits des minorités, San Francisco a la réputation, malgré ses problèmes sociaux actuels, d’être une ville accueillante et innovante. «C’est une source d’inspiration pour Montréal et chacune de nos visites constitue une expérience intéressante pour les étudiantes et étudiants», souligne Sylvie Paré. La professeure du Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG UQAM accompagnait un groupe de 13 étudiantes et étudiants du bac en urbanisme dans la ville californienne, du 4 au 17 mai derniers, dans le cadre du cours Les grandes villes.

Comme en 2010 et en 2015, ce séjour sur la côte ouest américaine avait pour objectif de réaliser une analyse comparative entre Montréal et San Francisco. Chacune des cinq équipes formées pour l’occasion s’est intéressée à une thématique différente, soit la protection du patrimoine des quartiers chinois, la place de l’automobile dans l’espace public, la densification des quartiers centraux, l’aménagement et le design pour la santé, et le transport collectif et la mobilité.

Le groupe a eu la chance de rencontrer des spécialistes du San Francisco Planning Department, responsable des politiques d’urbanisme de la ville. «Nous avons également pu discuter avec l’historien John Freeman, qui a expliqué la morphologie de la ville et son plan de développement urbain à partir des Twin Peaks, qui comptent parmi les plus hautes des quelque 50 collines qu’on y retrouve, note Sylvie Paré. Il nous a expliqué le développement du Golden Gate Park et il a commenté une visite du jardin botanique.»

L'historien John Freeman et le groupe au sommet des Twin Peaks. Photo: Sylvie Paré

Les étudiantes et étudiants ont rencontré Jasper Rubin, professeur à l’Université de San Francisco, qui les a entretenus du développement du front de mer, en péril avec la montée des eaux. Ils ont également visité le campus de l’Université de Californie à Berkeley en compagnie du professeur émérite Richard A. Walker et de l’un de ses anciens étudiants, Seth Lunine, devenu maître de conférences.

Toutes ces rencontres enrichissantes n’ont pas occulté le fait que le centre-ville de San Francisco est en perte de vitalité, aux prises avec des enjeux majeurs d’itinérance, de consommation de drogue et de santé mentale. «C’est d’une tristesse absolue», se désole Sylvie Paré, qui a vu le phénomène s’accentuer au fil de ses visites depuis 2010.

Préservation et densification

Les quartiers chinois de San Francisco et de Montréal ont vécu de grands bouleversements au cours du 20e siècle, soulignent Camélia Assameur et Nathan Voyer, dont l’équipe s’est intéressée plus spécifiquement à la préservation des façades dans les deux quartiers. «Après le séisme de 1906, le Chinatown de San Francisco a été déménagé, tandis qu’une partie du Quartier chinois de Montréal a été rasé pour faire place à la construction du Complexe Guy-Favreau dans les années 1980», observe l’étudiante.

Les ressemblances s’arrêtent toutefois là. «Par son ampleur et sa vivacité, le Chinatown de San Francisco n’a aucune commune mesure avec celui de Montréal», observe Nathan Voyer. Le Chinatown de San Francisco est le plus ancien quartier chinois d’Amérique du Nord et il compte la plus grande communauté chinoise hors d’Asie.

«On croyait que la réglementation aidait à la préservation, mais le Chinatown de San Francisco présente un cas de figure différent qui semble bien fonctionner.»

Nathan Voyer

Étudiant au baccalauréat en urbanisme

Leur équipe a eu l’occasion de réaliser des entrevues avec les urbanistes de la Ville et ceux du Chinatown Community Development Center, l’OBNL qui a pris en charge la préservation du quartier. «La communauté de Chinatown a renoncé au titre de quartier culturel ou patrimonial – cultural district – pour éviter d’avoir à se conformer aux normes et règlements de la municipalité en matière de bâtiments», explique Camélia Assameur. C’est l’OBNL qui prend en charge les projets d’urbanisme, ce qui facilite les projets de rénovation. On lui a aussi octroyé un accès exclusif aux bâtiments en vente pour les acheter et les transformer selon les besoins de sa communauté, par exemple pour en faire des habitations à loyer modique pour les personnes âgées.

«On croyait que la réglementation aidait à la préservation, mais le Chinatown de San Francisco présente un cas de figure différent qui semble bien fonctionner», ajoute Nathan Voyer. Leur équipe devait se rendre au cours des jours suivant l’entrevue dans le Quartier chinois de Montréal pour y effectuer d’autres observations et mener quelques entrevues afin de compléter leur analyse comparative.

L’équipe d’Imane Lktiri s’est penchée sur la densification des quartiers Griffintown (Montréal) et South of Market (San Francisco). «Nous avons sillonné le quartier à pied pour observer qui sont les gens qui l’habitent et qui y travaillent. Nous avons porté une attention particulière à la façon dont la densification a été réalisée ainsi qu’à la présence de parcs. South of Market, ou Soma, est beaucoup plus densifié que Griffintown», remarque-t-elle.

Les conclusions des travaux d’équipe seront présentées devant public, le 20 juin prochain à 13 h 30 à la salle des Boiseries (J-2805).

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Photo: Sylvie Paré
Séquoias, plage et Alcatraz

Lors d’une journée de repos, le groupe a pu se promener dans la forêt de séquoias de Muir Woods en compagnie d’un ranger et profiter de l’une des plages de Sausalito, avec une vue imprenable sur la prison d’Alcatraz… que le groupe a visitée en soirée. «C’était génial!», commente Imane Lktiri, grande fan d’histoires criminelles.