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Le trouble de l’érection traité grâce à la réalité virtuelle

David Lafortune explore l’utilisation des technologies de pointe pour mieux comprendre ce trouble.

12 novembre 2024 à 9 h 08

Le trouble de l’érection touche entre 6 et 24 % des personnes de sexe masculin et se distingue des difficultés érectiles occasionnelles que la majorité des hommes vivent à un moment de leur vie. Une équipe de recherche dirigée par le professeur du Département de sexologie David Lafortune explore, pour la première fois dans le domaine de la santé sexuelle de l’homme, l’utilisation de la réalité virtuelle pour mieux comprendre ce trouble.

David Lafortune et son équipe du Laboratoire EROSS ont conçu des scénarios virtuels simulant des situations sexuelles (sexe oral, masturbation et pénétration) habituellement liées aux symptômes du trouble de l’érection. «Ce trouble se caractérise par une difficulté persistante, durant au moins six mois, à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour des activités sexuelles satisfaisantes, entraînant une détresse significative, explique le chercheur. Les hommes qui en souffrent rapportent souvent des inquiétudes liées à la perte de leur érection et une réponse sexuelle moindre, comparativement aux hommes ne présentant pas ce trouble.»

Moins d’excitation sexuelle

Menée auprès de 60 adultes québécois âgés entre 24 et 73 ans (l’âge moyen était de 50 ans), l’étude a montré que, lors de l’exposition aux scénarios virtuels, les hommes souffrant d’un trouble de l’érection éprouvaient moins d’excitation sexuelle et de présence sexuelle (ressentir une excitation similaire à celle vécue dans une situation réelle) que ceux sans trouble.

«Nous avons été surpris de constater que le niveau d’anxiété de performance était similaire pour les deux groupes, qu’ils aient ou non un trouble de l’érection, observe David Lafortune. Ces résultats nous incitent à continuer de perfectionner les environnements immersifs en introduisant des interactions et des stimuli plus sophistiqués et multisensoriels pour rapprocher ces expériences virtuelles de la sexualité réelle.»

L’étude s’intéressait aussi au rôle des participants durant les scénarios virtuels. Certains incarnaient un personnage participant à l’acte sexuel (acteur), tandis que d’autres observaient l’interaction sexuelle (spectateur). Cette variable n’a pas eu d’effet significatif sur les niveaux d’anxiété de performance, d’excitation sexuelle, ou de présence sexuelle.

L’appréciation des participants pour les scénarios virtuels a été majoritairement positive: 82 % d’entre eux les ont qualifiés de réalistes et immersifs, ou ont souligné que ces scénarios leur ont permis d’explorer leur sexualité de manière différente.

«L’objectif ultime de nos travaux est de déterminer la pertinence de la réalité virtuelle comme outil thérapeutique pour le traitement des difficultés sexuelles, telles que le trouble de l’érection», conclut David Lafortune.

La sextech au service de la santé sexuelle

Les activités du Laboratoire EROSS dirigé par David Lafortune visent à développer, évaluer et diffuser des outils d’intervention sexologiques basés sur des technologies de pointe comme la réalité virtuelle ou l’intelligence artificielle. En collaboration avec des partenaires scientifiques et de l’industrie de la sextech à l’échelle nationale et internationale, l’équipe cherche à recréer en laboratoire des expériences sexuelles de plus en plus réalistes. Les projets interdisciplinaires et intersectoriels du Laboratoire EROSS contribuent à l’avancement des connaissances en santé sexuelle, tout en générant des innovations technologiques et méthodologiques pour enrichir les interventions sexologiques.

David Lafortune était l’un des co-organisateurs du congrès international «Amour et sexe avec les robots», qui a eu lieu à l’UQAM en août dernier. Il y a présenté son étude sur le trouble de l’érection et la réalité virtuelle. En 2019, il avait également mené un projet de recherche sur l’aversion sexuelle en utilisant la réalité virtuelle.