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Claude Corbo nommé recteur émérite de l’UQAM

Remise pour la première fois, cette distinction reconnaît la contribution remarquable de l’ancien recteur au développement et au rayonnement de l’Université.

Par Pierre-Etienne Caza

19 septembre 2024 à 11 h 29

Mis à jour le 24 septembre 2024 à 15 h 18

Le 18 septembre dernier, à l’occasion de l’allocution de la rentrée, le recteur Stéphane Pallage a rendu hommage à l’ancien recteur Claude Corbo. L’UQAM lui a décerné, pour la première fois de son histoire, le titre de recteur émérite, une distinction honorifique visant à souligner son parcours exemplaire et sa contribution remarquable au développement et au rayonnement de l’Université au cours de ses trois mandats au Rectorat, de 1986 à 1996 d’abord, puis de 2008 à 2013.

Après avoir livré son allocution, Stéphane Pallage a invité Claude Corbo à venir le rejoindre sur la scène du Centre Pierre-Péladeau. L’ancien recteur a été chaudement applaudi par l’assemblée réunie pour l’occasion.

«L’UQAM rend aujourd’hui hommage à Claude Corbo, grand politologue, grand pédagogue et figure emblématique de la société québécoise», a déclaré Stéphane Pallage en commençant son éloge. «Homme de tête et de cœur, gestionnaire visionnaire et aguerri, Claude Corbo a marqué l’histoire de l’UQAM et du Québec. Sa carrière, aussi riche que diversifiée, s’étend sur plus de cinq décennies. Son engagement soutenu non seulement envers l’UQAM, mais également envers l’enseignement supérieur, les arts, la culture et les grandes institutions québécoises est remarquable. Notre recteur émérite, reconnu pour son intégrité, son implication au sein de sa communauté et son profond humanisme, est un homme d’exception.»

Stéphane Pallage a souligné les principaux jalons de la carrière de Claude Corbo à l’UQAM, lui qui fut professeur au Département de science politique dès la création de l’Université, en 1969, avant d’exercer diverses responsabilités à titre, notamment, de registraire, de doyen, de vice-recteur à l’enseignement et à la recherche, puis de recteur. Il a évoqué les grands moments de ses trois mandats, avant de s’entretenir avec lui sur son parcours exceptionnel.

Entretien avec l’ancien recteur

Claude Corbo a tenu à remercier, d’entrée de jeu, le recteur et le Conseil d’administration de l’UQAM ainsi que Rachel Chagnon, doyenne de la Faculté de science politique et de droit. «J’aimerais remercier la communauté de l’UQAM, car elle m’a confié par trois fois le mandat de recteur. Merci aussi aux équipes de direction avec qui j’ai travaillé. C’est avec ces gens-là que j’ai pu réussir des choses. Je veux remercier les gens qui ont travaillé au sein du rectorat, des personnes intelligentes, dévouées et motivées qui aimaient l’UQAM et qui cherchaient à me rendre la vie la plus facile possible malgré des conditions souvent adverses. Je veux également remercier certains grands amis de l’UQAM, comme Pierre Jeanniot, président du Conseil d’administration de l’Université, premier président de la Fondation de l’UQAM et premier chancelier de l’Université; Jean-Marc Eustache, qui fut président de la Fondation de l’UQAM; et Isabelle Hudon, présidente du Conseil d’administration de l’UQAM de 2008 à 2012.» L’ancien recteur a tenu à remercier sa femme Louise, ses fils Martin et Vincent, et ses petits-fils Thomas et David.

Stéphane Pallage et Claude Corbo. Photo: Nathalie St-Pierre

Claude Corbo confie que ce titre de recteur émérite lui procure un grand bonheur. «D’autant plus que je l’ai de mon vivant, à un moment où je suis intellectuellement capable de comprendre de quoi il s’agit!», lance-t-il avec humour. «Cet honneur rejaillit sur les gens qui ont formé les équipes de direction de l’UQAM avec moi, et sur ma famille, notamment ma femme, qui m’épaule depuis 55 ans. Bénéficiez de cet hommage, je le partage avec grand plaisir.»

Ses deux premiers mandats (1986-1996)

Stéphane Pallage a voulu savoir ce que Claude Corbo retient de ses deux premiers mandats, de 1986 à 1996. L’ancien recteur est fier de la croissance des études supérieures et de la recherche au sein de l’UQAM pendant cette période. «Nous devons beaucoup à feu Monique Lefebvre, doyenne des études supérieures et de la recherche et vice-rectrice à l’enseignement et à la recherche, qui a mobilisé la communauté universitaire et qui nous a fait faire des pas de géant à ce sujet.»

La construction d’une demi-douzaine de pavillons (Thérèse-Casgrain, Agora de la danse, Athanase-David, Sciences de la gestion, Musique, Éducation, Chimie et biochimie) rend également l’ancien recteur très fier. «C’est l’œuvre de Florence Junca-Adenot, qui a été une dynamo pour réaliser tous ces projets», insiste Claude Corbo.

Photo: Nathalie St-Pierre

L’obtention du statut d’université associée au sein de l’UQ, en 1989, figure également parmi les réalisations marquantes de ses deux premiers mandats. «C’est mon prédécesseur, Claude Pichette, qui a amorcé les opérations. Cela aura pris dix ans, mais nous y sommes parvenus.»

Claude Corbo souligne aussi la deuxième campagne de levée de fonds de la Fondation de l’UQAM. «Ce n’était pas simple à l’époque, car nos diplômés n’étaient pas nécessairement arrivés à des postes d’influence pour nous aider à convaincre des entreprises de donner généreusement. Il fallait convaincre les gens d’affaires», raconte-t-il.

La création de l’Institut des sciences de l’environnement et de l’Institut d’études et de recherches féministes figure également parmi ses réalisations marquantes.

Un statut au sein de l’UQ

Stéphane Pallage était curieux de savoir pourquoi le statut d’université associée au sein de l’UQ était important pour l’ancien recteur. Celui-ci a rappelé que l’idée émanait du rapport de la Commission Angers en 1979. «Ce fut une longue bataille. À l’époque, l’UQAM était assujettie à la réglementation tatillonne de l’Université du Québec et au contrôle de ses programmes. Nous étions également assujettis à des contrôles en matière de négociations collectives. Il y avait plusieurs irritants, y compris la péréquation, car il y avait des prélèvements pour l’UQ sur les sommes dévolues à l’UQAM.»

Depuis que l’UQAM bénéficie du statut d’université associée, elle a le contrôle sur le processus de consultation et de désignation du recteur ou de la rectrice. Elle remet elle-même ses diplômes aux étudiantes et étudiants. «Et nous recevons le montant auquel nous avons droit en tant qu’université autonome.»

Un troisième mandat exigeant

Le troisième mandat de Claude Corbo au rectorat, de 2008 à 2013, a servi à rétablir un lien de confiance entre l’UQAM et le gouvernement du Québec ainsi qu’à sortir l’Université de la situation financière difficile dans laquelle elle se trouvait après la débâcle du projet de l’Îlot Voyageur. «Les négociations avec le gouvernement ont été dures, mais nous avons été libérés de l’Îlot Voyageur et financés pour le Complexe des sciences Pierre-Dansereau.» Le parachèvement de la facultarisation et la grève des professeures et professeurs figurent également parmi les faits saillants de ce troisième mandat, estime l’ancien recteur.

Un souhait pour l’avenir

«L’UQAM a 55 ans. J’aimerais vous entendre sur votre vision d’avenir pour notre université que vous aimez passionnément», a demandé Stéphane Pallage à Claude Corbo. «Je souhaite que la communauté de l’UQAM conserve sa fidélité à ce qu’elle est – l’UQAM a une identité et elle doit y être fidèle en inventant les nouvelles pratiques qui correspondent au monde actuel. C’est en étant profondément elle-même et en liant, à la lumière de ses réalisations passées, le présent et l’avenir, qu’elle pourra concevoir, structurer et organiser les actions qui la feront grandir.»

«L’Université doit défendre la liberté de pensée, de parole, d’écriture, de communication et de création, et cela pour construire l’avenir de l’humanité.»

Claude Corbo

Recteur émérite

L’ancien recteur souhaite également à l’UQAM d’être fidèle à l’idée même de l’Université. «L’Université est une institution millénaire, qui a connu des périodes difficiles, rappelle-t-il. Elle doit être le lieu de l’exercice sans contrainte de l’esprit humain, le lieu de la création du savoir, de la création d’œuvres culturelles, un lieu où les débats sont acceptés et où les idées peuvent s’affronter. Ce doit être un lieu où il n’y a jamais de censure, car celle-ci est le poison qui tue l’Université. L’Université doit défendre la liberté de pensée, de parole, d’écriture, de communication et de création, et cela pour construire l’avenir de l’humanité.»

Claude Corbo fait paraître ces jours-ci un nouvel ouvrage, une fiction historique intitulée Daniel Johnson à Manicouagan (Del Busso Éditeur).

Il est possible de voir ou de revoir l’entretien du recteur avec Claude Corbo sur la plateforme UQAM.tv ou sur la chaîne YouTube de l’UQAM.