Réserver un voyage, effectuer une recherche sur le Web, payer des factures ou envoyer un courriel à un proche: nous utilisons chaque jour plusieurs logiciels créés pour nous faciliter la vie. De plus en plus de spécialistes à travers le monde estiment que tous ces logiciels font partie intégrante du patrimoine culturel mondial et qu’il est impératif d’en conserver le code source. C’est dans cette optique que l’UQAM est devenue récemment le premier partenaire académique canadien de Software Heritage, un projet européen dont la mission est de collecter, préserver et partager tous les logiciels disponibles publiquement. L’organisme, qui compte entre autres sur l’appui des géants Microsoft, Intel et Google, a réussi jusqu’à maintenant à archiver plus de 84 millions de logiciels.
«L’UQAM soutient et embrasse la mission de Software Heritage, affirme la rectrice Magda Fusaro. Nous sommes convaincus qu’il est impératif de conserver et de promouvoir l’accès aux logiciels qui contribuent à la diffusion des connaissances. Nous reconnaissons également l’importance de préserver les travaux issus des recherches scientifiques.»
Une science meilleure
Professeur d’informatique à l’Université Paris Diderot, le fondateur et directeur du projet Sotware Heritage, Roberto Di Cosmo, était de passage à l’UQAM en mai dernier, dans le cadre du colloque de l’ADTE, un organisme sans but lucratif qui a pour mission de promouvoir les logiciels et les ressources éducatives libres, la science et les données ouvertes dans l’enseignement supérieur. Il y a présenté le projet Sotware Heritage, lequel, insiste-t-il, «favorise une science meilleure, en fournissant la plus grande base de code pour la recherche sur les logiciels et en créant l’infrastructure pour préserver et partager les logiciels de recherche, complément nécessaire de l’Open Access, et brique essentielle pour la reproductibilité.»
L’utilisation de logiciels est en effet devenue incontournable dans le milieu de la recherche universitaire. «Les chercheurs de toutes les disciplines utilisent des logiciels afin de manipuler et d’interpréter les données, souligne Stéphane Talbot, directeur des Services informatiques et du Bureau de la sécurité et de la gouvernance. Or, pour reproduire une expérience, il est indispensable de connaître avec exactitude la version du logiciel employé. Software Heritage souhaite garantir la pérennité et la traçabilité des logiciels sur lesquels s’appuient les travaux de recherche, permettant d’assurer la reproductibilité de leurs résultats.»
Tous les chercheurs de l’UQAM qui utilisent des logiciels pour leurs recherches peuvent dès maintenant partager le code source de leurs différents logiciels. «Il suffit d’utiliser un répertoire public GitHub ou de visiter le site de Software Heritage afin d’ajouter leur répertoire de code de type git à l’archive», souligne Stéphane Talbot.
Journée internationale du logiciel libre
La Journée internationale du logiciel libre sera célébrée le 15 septembre prochain. Celle-ci marque le coup d’envoi de la Semaine québécoise de l’informatique libre.
L’UQAM est active depuis plusieurs années dans ce domaine. Lors de la refonte de la maîtrise en génie logiciel, on a ajouté au cursus le cours «Écosystème du logiciel libre» afin que les étudiants comprennent la dynamique des communautés de développeurs de logiciel libre, s’initient à la mise sur pied d’un projet de logiciel libre et saisissent les principaux enjeux relatifs aux licences libres.
«L’UQAM a contribué à la communauté libre Moodle pour son internationalisation, note Stéphane Talbot. Nous avons également contribué à l’internationalisation et au développement du logiciel de cartographie VIVO, à l’outil de gestion d’authentification SimpleSAML et à plusieurs autres projets liés au logiciel libre tels que Docker, Kubernetes, Jenkins, NodeJS et Express.»
Le professeur du Département d’informatique, Louis Martin, est titulaire de la Chaire de logiciel libre – Finance sociale et solidaire depuis 2009. «Nous avons réalisé un logiciel libre pour les entreprises d’économie sociale et plusieurs étudiants ont réalisé des projets sur le logiciel libre», souligne le chercheur. Lors de son mandat à titre de vice-recteur aux Systèmes d’information, de 2013 à 2016, Louis Martin avait insisté pour que le portail étudiant tire parti du logiciel libre et avait autorisé la publicatoin de son code.
Plusieurs professeurs de l’Université appuient depuis de nombreuses années le libre accès, parmi lesquels le professeur Stevan Harnad, qui est l’un de ses plus ardents défenseurs sur la scène internationale.
Rappelons également que la rectrice Magda Fusaro fut présidente du Comité institutionnel sur l’auto-archivage, dont les travaux ont mené à la création, en 2007, d’Archipel, l’archive de publications électroniques en libre accès de l’UQAM, et que l’UQAM a décerné, en 2016, un doctorat honorifique à Léopold Beaulieu, qui est, entre autres, coprésident de l’Association internationale du logiciel libre (Ai2L).