Voir plus
Voir moins

Un leadership inspirant

Après une rapide ascension jusqu’à la présidence de Cossette Canada, Mélanie Dunn aspire maintenant à faire rayonner l’entreprise sur la scène internationale.

Par Pierre-Etienne Caza

11 avril 2016 à 14 h 04

Mis à jour le 16 octobre 2017 à 15 h 10

Série Tête-à-tête

Rencontre avec des diplômés inspirants, des leaders dans leur domaine, des innovateurs, des passionnés qui veulent rendre le monde meilleur.​

Mélanie Dunn
Photo: Nathalie St-Pierre

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent au 7e étage de l’immeuble qui abrite l’agence Cossette, rue Drummond, au centre-ville de Montréal. Le décor cadre parfaitement avec l’image que l’on se fait d’une agence de pub: tous les murs sont blancs à l’exception de la devanture des bureaux, entièrement vitrée. On imagine sans peine la table de baby foot ou le bistrot à espresso qui permet aux employés de refaire le plein d’énergie avant de se remettre au travail jusqu’aux petites heures. La réalité est tout autre.

«Nous sommes rendus ailleurs, dit en riant Mélanie Dunn (B. Sc. économique, 95), présidente et chef de la direction de Cossette au Canada. Les employés cherchent désormais un environnement de travail respectueux dans lequel ils peuvent s’épanouir, et cela signifie aussi avoir du temps à eux pour développer leurs intérêts personnels en dehors du boulot.» La grande patronne est la première à donner l’exemple. «Je ne passe pas des heures déraisonnables au bureau», affirme-t-elle. Son secret? «Je m’entoure des bonnes personnes et j’ai appris à déléguer.»

Le style de management de Mélanie Dunn, tout en transparence, est apprécié. «Un bon leader, dit la lauréate du prix Gestionnaire au dernier Gala Prix Performance de l’ESG UQAM, est quelqu’un qui définit une vision pour l’entreprise et, surtout, qui rassemble les gens autour de cette vision. C’est ce que je tente de faire en m’assurant que chacun trouve sa place et son rôle au sein de l’organisation.»

Pour connaître du succès dans l’univers de la communication marketing, où la technologie et les façons de faire évoluent à un rythme effréné, il ne suffit toutefois pas d’être une bonne gestionnaire. «Auparavant, nous étions dépositaires d’un certain savoir qui nous démarquait, observe Mélanie Dunn. Nous avions le temps d’évaluer nos actions et de peaufiner nos processus, mais cette époque est révolue! De nos jours, la réussite dépend de notre capacité d’adaptation.» Ce qui demande un état d’esprit complètement différent, explique cette adepte de la course à pied, qui a même participé, en 2013, à une Spartan Race, cette course qui oblige les participants à traverser des mares de boue et autres obstacles! «Il faut être opportuniste, posséder un bon instinct et savoir prendre des décisions rapidement», dit-elle.

Un coup de foudre

La patronne de Cossette possède une formation qui a aiguisé son regard sur le monde. «L’économie touche tous les phénomènes sociaux, des interactions entre les gens à celles entre les pays. On y retrouve des principes de base qui s’appliquent à une foule de domaines», souligne cette diplômée qui a adoré son passage à l’UQAM. «Je me suis beaucoup impliquée dans la vie étudiante et cela m’a permis de bâtir mon réseau social, ajoute-t-elle. Mes amis les plus chers proviennent de l’UQAM.» 

Stagiaire chez Gaz Métro après ses études, puis employée chez Sprint Communication (1995-98) et chez Palm Arnold (1998-00), Mélanie Dunn fait son entrée chez Cossette en 2000 à titre de directrice de compte chez Blitz, l’agence de marketing relationnel et de promotion de la boîte. C’est le coup de foudre. «J’ai trouvé une culture d’entreprise qui favorise la proactivité et les initiatives personnelles, en adéquation parfaite avec mon type de leadership», explique-t-elle.

Elle devient directrice générale de Blitz en 2007, poste qu’elle occupe jusqu’à ce qu’elle soit nommée vice-présidente exécutive et directrice générale du bureau montréalais de Cossette en 2011. Son premier mandat : piloter l’intégration complète de l’agence, constituée à l’époque de plusieurs divisions –  marketing relationnel et promotion, design, commandites, relations publiques, etc. «Ce modèle avait aidé Cossette à croître énormément au cours des années précédentes, mais plusieurs clients ne trouvaient plus optimal ce travail en silo avec autant d’équipes différentes, se rappelle-t-elle. L’intégration de toutes ces unités en une seule entité nous a permis d’offrir de meilleures propositions d’affaires.»

Nommée présidente de Cossette au Québec en 2013, elle fait de la recherche et développement une priorité, en misant notamment sur le Cossette Lab, créé deux ans plus tôt et qui abrite aujourd’hui deux incubateurs d’entreprises en démarrage, à Montréal et à Toronto. «Il est primordial de tester de nouveaux concepts», souligne Mélanie Dunn. Cossette possède également l’Observatoire santé, une espèce de vigie sur les nouveaux développements technologiques en matière de santé, et noue des partenariats avec des chercheurs universitaires. «Grâce à ces initiatives, nous pouvons exercer notre capacité d’innovation et rester en contact avec le milieu de la recherche», souligne la patronne.

Une percée aux États-Unis

Fondée en 1972, Cossette a fait partie des agences de publicité pionnières au Québec. Elle est aujourd’hui la plus importante agence de publicité au Canada et compte parmi ses clients des organisations telles qu’Aéroplan, General Motors, La Presse, les Producteurs de lait du Québec, TELUS et Via Rail. L’agence est aussi la complice créative de McDonald’s depuis longtemps, au Québec et au Canada. «En 2014, les dirigeants de McDonald’s ont invité toutes leurs agences nord-américaines à pitcher pour un nouveau mandat: repenser la stratégie marketing des opérateurs de la grande région de Chicago. Nous avons décroché le contrat», raconte fièrement Mélanie Dunn. Ce premier grand mandat aux États-Unis a conduit Cossette à ouvrir un bureau à Chicago, «une percée importante pour nous».

Depuis sa nomination à la tête de Cossette Canada, en juin 2015, Mélanie Dunn contrôle tous les leviers de l’agence. «Mais l’objectif de devenir une entreprise internationale est loin d’être atteint et cela me motive énormément!» Certains observateurs ont sourcillé lorsque la société chinoise BlueFocus a acheté 51 % des actions de Vision7 International, le réseau d’agences dont fait partie Cossette, à la fin de l’année 2014. «C’est un pas de plus vers notre objectif, qui est l’internationalisation. Pour cela, il faut des partenaires financiers capables de nous ouvrir de nouveaux marchés, et c’est le cas de BlueFocus», explique la gestionnaire.

Cossette possède actuellement six bureaux au Canada – Montréal, Toronto, Québec, Vancouver, Halifax et Winnipeg – et un bureau aux États-Unis (Chicago). Une nouvelle antenne a ouvert ses portes à Beijing en mars, dans la foulée du partenariat avec BlueFocus. «Elle est dédiée aux clients chinois qui souhaitent commercialiser des produits ou des services en Amérique du Nord», explique Mélanie Dunn.

BlueFocus a réalisé plusieurs acquisitions dans le secteur technologique au fil des ans et Cossette pourra en bénéficier. «Nous souhaitons investir pour mettre à jour nos infrastructures numériques au Canada, précise la présidente. L’utilisation des mégadonnées, entre autres, est un enjeu majeur de l’industrie. Les plateformes technologiques acquises ou développées par BlueFocus vont rendre notre entreprise plus compétitive et innovatrice.»

Une femme engagée

Être à la tête de Cossette n’est pas une fin en soi pour Mélanie Dunn, maman de deux garçons de 10 et 11 ans. Contribuer à l’essor de la société lui tient également à cœur, comme en témoigne son engagement dans différents conseils d’administration, dont celui de la Fondation du CHU Sainte-Justine. «C’est mon rôle comme leader de participer à l’avancement de l’industrie et à sa reconnaissance, dit-elle en évoquant son action au sein de la Canadian Marketing Association. Et puisque le plus important bureau de Cossette est à Montréal, il est important de contribuer à faire rayonner la ville et à rendre son secteur des affaires plus dynamique, d’où mon engagement à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.»

Pour souligner ses 40 ans, Mélanie Dunn a pris part, en 2012, au Rallye Aïcha des Gazelles, dans le désert du Maroc, en compagnie d’Anne-Marie Bertrand (B.A.A, 96), une amie rencontrée à l’UQAM. «Ce fut une expérience formidable, se rappelle-t-elle. La dimension stratégique est emballante et les paysages sont à couper le souffle – ce sont des régions impossibles à visiter autrement qu’en participant à cette course. Mais ce qui m’a le plus marquée, ce sont les rencontres et les échanges avec des nomades de la région et avec les autres concurrentes. L’entraide et la solidarité étaient au rendez-vous!»

Cela n’est pas sans rappeler l’atmosphère de travail qu’elle instille chez Cossette, où un fonds spécial permet de financer les projets personnels des employés. «Des employés qui se sentent valorisés et appuyés deviennent meilleurs, plus engagés et plus inspirés. Ça profite à tout le monde!», conclut la présidente.

Source:
INTER, magazine de l’Université du Québec à Montréal, Vol. 14, no 1, printemps 2016.