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Cap sur l’équilibre budgétaire

Le recteur Robert Proulx fait le point sur la situation financière de l’UQAM.

Par Claude Gauvreau

26 janvier 2015 à 17 h 01

Mis à jour le 28 janvier 2015 à 9 h 01

Le recteur Robert Proulx Photo: Nathalie St-Pierre

Au moment où elle s’affaire à préparer son budget 2015-2016, l’UQAM doit trouver quelque 20,7 millions de dollars, sous forme d’économies ou de revenus supplémentaires, pour atteindre l’équilibre budgétaire. Un exercice exigeant et d’autant plus périlleux que le gouvernement Couillard a laissé entrevoir la possibilité d’imposer aux universités de nouvelles compressions au cours des prochains mois.

«Le manque à gagner auquel l’Université est confrontée ne découle pas uniquement des compressions gouvernementales des dernières années, mais il est clair que celles-ci ont eu un impact majeur sur la situation financière de l’UQAM et des autres établissements universitaires», observe le recteur, Robert Proulx.

Depuis 2012-2013, les universités québécoises ont subi des coupes de près de 300 millions de dollars, résultat notamment des compressions de 123 millions du gouvernement Marois et des décisions du gouvernement actuel d’imposer des coupes supplémentaires et de réduire de près de 70 % le réinvestissement stratégique attendu, qui équivalait à une somme de 140,5 millions.

Non à une spirale déficitaire

Comment expliquer que l’UQAM doive réaliser des économies de 20,7 millions de dollars pour boucler son budget 2015-2016 ? «L’an prochain, l’UQAM devra verser une cotisation supplémentaire de 3,6 millions de dollars au Régime de retraite de l’Université du Québec, en plus d’assumer une coupe de plus de 1,1 million résultant de l’impact supplémentaire des compressions gouvernementales de novembre 2014. En outre, l’Université ne sera plus à même de compter, comme l’an dernier, sur une réserve de 12 millions au Fonds des immobilisations et ne pourra enregistrer de déficit autorisé de l’ordre de près de 4 millions puisque son budget 2015-2016 doit être équilibré.»

Robert Proulx dit vouloir miser sur une meilleure gestion des ressources, plutôt qu’entraîner l’UQAM dans une spirale déficitaire. «Creuser le déficit de l’Université ne constitue pas une solution, soutient-il. Cela signifierait une décote à la clé, la perte des subventions conditionnelles à l’atteinte de l’équilibre budgétaire et des emprunts à des taux d’intérêt inconsidérés. C’est pourquoi la direction de l’Université, à la demande du Conseil d’administration, s’est engagée à élaborer un Plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire couvrant les années 2015 à 2018.»

Des hypothèses de travail

L’automne dernier, la direction de l’Université a créé un groupe de travail formé de représentants du Service des ressources humaines, des Services financiers et du Service de planification académique et de recherche institutionnelle. «Ce groupe avait pour mandat de brosser un portrait de la situation financière et de documenter différents scénarios susceptibles de permettre à l’UQAM de poursuivre son développement, tout en gardant le cap sur l’équilibre budgétaire», précise le recteur.

Parmi les hypothèses qui sont présentement sur la table figurent l’augmentation de la rentabilité des entreprises auxiliaires et du Centre Pierre-Péladeau, ainsi que des revenus de location des espaces; une réduction salariale moyenne de 2 % applicable à l’ensemble des groupes; la suppression de 150 charges d’enseignement; la réduction du nombre de dégrèvements; la création d’un chantier sur l’amélioration continue en vue d’une efficience accrue et d’un gain de productivité de 5 % sur trois ans.

«Parler d’une réduction salariale moyenne ne signifie pas que tout le monde subirait une baisse salariale de 2 %, souligne Robert Proulx. L’effort demandé aux cadres supérieurs, à commencer par le recteur lui-même, serait par exemple supérieur à celui demandé aux employés ayant des revenus plus faibles.»

Ce sont là des hypothèses de travail, insiste le recteur. «Nous avons expliqué aux représentants des syndicats et autres associations que ces hypothèses peuvent être bonifiées et modifiées. Nous leur avons dit aussi de nous proposer des solutions alternatives qui permettraient de faire des économies. Il faut réfléchir ensemble à des moyens qui n’affectent pas le développement de l’Université.»

Le chantier sur l’amélioration continue vise ainsi une meilleure efficience sur le plan organisationnel. «Il est possible de simplifier les structures et les processus administratifs et décisionnels, d’utiliser de façon plus judicieuse les ressources et les compétences dont l’Université dispose», dit Robert Proulx. Une approche qui, croit-il, pourrait mener à des économies ou à des hausses de revenus.

La direction a organisé deux rencontres depuis le début du mois de janvier avec des représentants des syndicats et associations au sujet de la situation financière de l’Université. «De notre côté, nous ferons part de l’état des discussions à la prochaine réunion du Conseil d’administration et les représentants syndicaux consulteront leurs membres au cours des prochains jours», note le recteur.

Poursuivre le développement

Après avoir procédé, en 2013-2014, à une série d’échanges avec la communauté universitaire pour recueillir avis et commentaires en vue de l’élaboration du projet de Plan stratégique 2015-2020, celui-ci est soumis à une consultation, déjà amorcée, qui se poursuit jusqu’au 1er mars prochain.

Selon Robert Proulx, le contexte financier actuel ne devrait pas empêcher la communauté de réfléchir à son avenir. «Ce n’est pas la première fois que l’UQAM est confrontée à des difficultés financières, rappelle-t-il. Celles que nous rencontrons actuellement sont temporaires et ne remettent pas en question le Plan stratégique qui vise à assurer le développement de l’Université pour les cinq prochaines années. Quand je me suis présenté au poste de recteur, il y a deux ans, ce n’était pas pour réaliser des compressions mais pour développer l’UQAM. Cet objectif n’a pas changé.»

Le recteur réitère son engagement à poursuivre les représentations auprès du gouvernement, de concert avec les autres universités, pour que cessent les coupes draconiennes dans l’éducation supérieure. Il entend continuer de réclamer un financement adéquat pour l’UQAM et de défendre l’autonomie universitaire et la liberté académique.

«Nous devons faire comprendre au gouvernement que l’éducation n’est pas une dépense, mais un investissement», conclut Robert Proulx.

Dans le but de tenir informés les membres de la communauté universitaire sur la situation financière de l’UQAM, un site web a été mis en ligne. Une adresse de courriel, situationfinanciere@uqam.ca, a également été créée en vue de permettre les échanges. Les membres de la communauté sont donc invités à consulter le site web et à transmettre leurs questions et commentaires à l’adresse courriel prévue à cet effet.