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Les caprices de la météo

En Antarctique, les conditions atmosphériques peuvent changer en quelques minutes, le mercure glissant de plusieurs degrés sous zéro dès que le soleil disparaît.

Par Pierre-Etienne Caza

19 février 2014 à 9 h 02

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Deux membres de l’expédition tentent de récupérer du matériel tombé dans une crevasse, dont les crampons appartenant à l’un d’entre eux. Photo: XPAntarctik.

L’expédition XPAntarctik a touché terre à Portal Point sur le Forbidden Plateau, le 10 février dernier. Pour sa première journée sur le continent, l’équipe a établi son campement près du bateau afin de vérifier le fonctionnement de ses équipements. «J’ai testé les Astroskin, nos maillots équipés de capteurs, et tout semble fonctionnel», raconte Andrée-Anne Parent. La doctorante en biologie est la spécialiste scientifique de la mission XPAntarctik.

La jeune chercheuse expérimente le soleil éternel pour la première fois. «Je suis curieuse de voir si cela perturbera le cycle circadien de nos explorateurs», dit-elle. La recherche, rappelons-le, porte sur l’adaptation du corps humain au froid. «Je suis descendue sur le continent avec le cinéaste Benoît Gauthier, qui demeure lui aussi sur le bateau durant l’expédition, poursuit Andrée-Anne. Nous avons mangé et dormi dans la grande tente dôme, ce qui m’a permis de recueillir un dernier échantillon de salive auprès des membres de l’équipe.»

Avant de regagner le bateau, le lendemain, Andrée-Anne et son collègue cinéaste ont accompagné l’équipe pour le début de sa progression sur le continent. «Nous nous sommes arrêtés avant des crevasses, raconte-t-elle. Je n’ai pas foulé une partie inexplorée du continent, mais je me suis quand même sentie pendant quelques instants au même diapason que mes collègues aventuriers.»

Kayak et ravitaillement

La température australe peut jouer bien des tours aux explorateurs, constate Andrée-Anne. «Il faut faire attention au soleil, car parfois il ne semble pas si fort, mais nos yeux finissent par brûler rapidement si nous ne portons pas de lunettes, dit-elle. Et lorsque le soleil se cache et que le vent se lève, la température peut passer de 5 degrés à -25 degrés Celsius en quelques minutes!»

Sur le bateau, Andrée-Anne aide à la préparation des repas, à la vaisselle et à certaines manœuvres de navigation sous les ordres du capitaine et de sa seconde. «Il y a beaucoup de temps libre, précise-t-elle, mais je ne me plains pas. Je m’installe sur le pont avec mon ordinateur et je travaille en admirant la vue.»

La doctorante a eu l’occasion de faire du kayak. «J’étais hésitante parce qu’il faut pagayer entre les icebergs en sachant qu’un morceau peut s’en détacher et créer des vagues… mais le capitaine m’a expliqué les règles de base: se tenir à une distance correspondant au double de la hauteur de l’iceberg, prendre les vagues de face le cas échéant, tenter d’être dos au vent si on approche des animaux pour qu’ils puissent nous sentir, et donner une petite tape sur le bord du kayak si un animal devient trop social.» Dans son kayak, la scientifique a pu voir la partie ensevelie des icebergs et elle a pu s’approcher encore plus près des phoques et des otaries. «J’ai adoré l’expérience!», dit-elle.

Le 13 février, le Spirit of Sydney a navigué en pleine tempête de neige. «Nous avons amarré le bateau à l’Enterprise, un vieux navire échoué il y a de ça une centaine d’années à la suite d’un incendie, raconte Andrée-Anne. Il paraît que le capitaine a envoyé son navire s’échouer dans la baie pour sauver son équipage.» L’Icebird, un bateau de la flotte à laquelle appartient le Spirit of Sydney, est venu les rejoindre pour les ravitailler en eau et en essence.

Une autre tempête de neige s’est abattue sur la région le 15 février, forçant les aventuriers à demeurer dans leur camp. «Samuel est tombé dans une crevasse le 14 février, mais il va bien, il a juste perdu un crampon que les autres vont tenter de récupérer», note Andrée-Anne, qui devrait recevoir les premières données transmises par les aventuriers le 21 février.