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Au pays des manchots

Les membres de l’expédition XPAntarctik ont atteint l’Antarctique après une traversée relativement calme du passage Drake.

Par Pierre-Etienne Caza

10 février 2014 à 15 h 02

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Photo: XPAntarctik.

«Nous sommes en Antarctique, au milieu des baleines et des glaces. Des manchots se font dorer au soleil, plongent dans l’eau et s’amusent. C’est magnifique!», écrit la doctorante en biologie Andrée-Anne Parent, membre de l’expédition XPAntarctik. Le Spirit of Sydney a réussi à négocier le passage Drake et les aventuriers ont d’abord longé la côte pour se rendre à leur point de sortie, où ils ont déposé de la nourriture et du matériel de secours. Ils ont ensuite gagné leur point d’entrée. L’expédition terrestre débutait ce 10 février.

«Nous avons embarqué sur le bateau le 2 février. Avant de lever l’ancre, il a fallu charger le matériel, recevoir les consignes de la part du capitaine Matt et de son assistante, préparer le voilier et ensuite attendre notre tour, car plusieurs voiliers et de gros bateaux de croisière partaient en même temps que nous», raconte la spécialiste scientifique de la mission.

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Andrée-Anne Parent. Photo: XPAntarctik.

Les membres de l’équipage ont dû se répartir des plages de veille par groupe de trois. «Il s’agit de surveiller le mouvement des bateaux de croisière pour ne pas être dans leur chemin et pour vérifier qu’il n’y ait pas d’homme à la mer, explique la jeune chercheuse. Dans le passage Drake, il n’y avait plus que les albatros et les vagues à perte de vue, rarement une belle ligne d’horizon. Mais nous avons été chanceux, le passage était clément.  Nous avons même dû faire une bonne partie de la traversée en utilisant le moteur à cause du manque de vent. Un peu après le 60e parallèle, il fallait surveiller les icebergs, assez dangereux quand il fait noir et qu’il y a de la brume. Heureusement, il y a un radar, mais il ne faut jamais se fier aveuglément aux outils de navigation, nous a appris le capitaine.»

L’horaire des membres de l’expédition alternait entre trois heures de veille et six heures de temps libre, où il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que dormir, car lire ou écrire donne le mal de mer. «Nous avons presque tous été malades au moins une fois, confie l’étudiante. J’ai beaucoup pensé à ma sœur qui a travaillé longtemps sur les bateaux et à toutes les histoires qu’elle me racontait…»

Sur un voilier agité par les flots, la moindre tâche peut devenir fastidieuse, y compris aller aux toilettes ou faire la cuisine. «Quand l’angle du bateau est à 60 degrés, que ça brasse et qu’on est malade, ce n’est vraiment pas évident, assure Andrée-Anne. Bref, il fait bon d’être à l’extérieur pour humer l’air frais!»

La jeune chercheuse n’a vu les étoiles qu’une seule fois jusqu’à maintenant. «J’avais du mal à trouver mes repères, car nous sommes dans l’hémisphère sud, mais c’était superbe.»

Le continent austral

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Photo: XPAntarctik.

L’Antarctique est devenu un lieu touristique prisé, comme l’a constaté la doctorante. «Nous avons visité une ancienne base navale devenue un musée avec une boutique de souvenirs pour les voyageurs des bateaux de croisières, dit-elle. Ils reçoivent parfois 3000 visiteurs  par jour!»

Andrée-Anne Parent devait prendre quelques mesures avant le départ de l’équipe sur le continent – pourcentage de gras, force de préhension, spirométrie,  salive, température buccale et temps de réaction. «Je dois aussi tester les Astroskins, les maillots équipés de capteurs que porteront les membres de l’expédition. Ensuite il ne me restera qu’à recevoir les données et à espérer que tout se déroule bien jusqu’à leur retour.»