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Sommets inexplorés en Antarctique

Les membres de l’expédition québécoise XPAntarctik ont ouvert la voie vers deux sommets jamais explorés par l’être humain.

Par Pierre-Etienne Caza

5 mars 2014 à 16 h 03

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Photo: XPAntarctik

Après trois ans de préparation, un départ à la voile d’Ushuaia le 2 février dernier et des milliers de pas dans l’immensité du continent austral, l’équipe XPAntarctik a atteint la semaine dernière un territoire encore inexploré par l’être humain.

Après 31 jours de progression, XPAntarctik est la première équipe en expédition autonome à avoir rejoint le Forbidden Plateau et accompli l’ascension du mont Walker, censé être le plus haut sommet de la péninsule (d’autres équipes avaient déjà gravi cette montagne, mais en se faisant déposer en avion et en repartant en avion). Quelques jours plus tard, trois membres de l’expédition se sont rendus en terre inexplorée et ont ouvert la voie vers deux sommets encore jamais visités. «C’est assez particulier d’être là, c’est comme si l’humain n’avait rien à faire ici, il n’y a rien qui survive ici et c’est vraiment un privilège d’être témoin de cela, c’est une chance et l’on savoure chaque moment», a indiqué Samuel Ostiguy, l’un des membres de l’expédition.

Le volet scientifique

L’étude portant sur l’adaptation du corps humain aux conditions extrêmes avant, pendant et après l’expédition, menée par la doctorante en biologie Andrée-Anne Parent, sous la supervision des professeurs Alain Steve Comtois et Jean P. Boucher, du Département de kinanthropologie, se heurte à quelques difficultés.

D’abord, les températures, plus clémentes que celles anticipées, influenceront sans doute les résultats. «Le 19 février dernier, on se serait vraiment cru par une belle journée de printemps au Québec», note Andrée-Anne Parent, demeurée sur le voilier Spirit of Sydney.

Ensuite, des difficultés de communication par satellite empêchent les membres de l’expédition de transmettre les données recueillies grâce aux maillots équipés de capteurs Astroskin. «Dans une baie près d’une base de l’Argentine, j’ai tenté d’obtenir un signal Internet pour vérifier si l’envoi de données avait fonctionné, mais ce n’était pas le cas, raconte Andrée-Anne Parent.  Je vais essayer de contacter les membres de l’expédition, mais s’ils ont autant de problèmes que moi avec Internet, je n’aurai pas de données avant leur retour sur le bateau.»

Ces problèmes techniques ne devraient pas affecter la cueillette de données, car un plan B a été prévu par l’entreprise Carré Technologie, responsable des télécommunications de la mission. «Avant d’être transférées à l’ordinateur d’Andrée-Anne, les données sont emmagasinées sur des cartes mémoires dans les maillots Astroskin, explique Jean P. Boucher. Toutes les données de l’expédition se retrouvent sur ces cartes et seront accessibles dès leur retour sur le bateau.»

Baleines et manchots

Andrée-Anne Parent n’a pas le temps de s’ennuyer en attendant ces données. Elle a fait de nouveau du kayak en compagnie de Meg, la seconde du capitaine, qui voulait lui montrer les vestiges de la chasse à la baleine: os, chaloupes en bois, piques servant à mettre les filets, bateaux de transport, etc. «Après avoir admiré un impressionnant iceberg, nous avons remarqué quelque chose d’étrange. Ce n’était pas un iceberg ni une île… mais le corps d’une baleine décédée, raconte la doctorante. Plus tard, nous y sommes retournés en zodiaque avec le capitaine et nous avons aussi vu des baleines vivantes très près de nous.

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Andrée-Anne Parent au milieu des manchots.

Le lendemain, nous avons passé une bonne partie de la matinée et de l’après-midi parmi les manchots. On ne peut pas les toucher, mais avec de la patience, ils s’habituent à notre présence et passent très près de nous. C’était vraiment amusant!»