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Designer tous azimuts

Par Claude Gauvreau

20 avril 2009 à 0 h 04

Mis à jour le 28 août 2018 à 11 h 08

Série Tête-à-tête
Rencontre avec des diplômés inspirants, des leaders dans leur domaine, des innovateurs, des passionnés qui veulent rendre le monde meilleur.​

Ses goûts sont éclectiques et il travaille à un rythme effréné. Depuis qu’il a obtenu son bac, Philippe Lupien (B.A. design de l’environnement, 87) a été associé à une centaine de projets en architecture, en design urbain et en muséographie. Cette année, en plus d’être professeur invité à l’École de design de l’UQAM, il travaille à la conception d’un complexe écotouristique en Montérégie, signe la scénographie d’une exposition sur l’Égypte ancienne et prépare trois autres projets d’expos pour l’été, tout en animant une émission de télévision sur l’architecture à ARTV et Télé-Québec. Ouf!

Chez Philippe Lupien, la préoccupation environnementale est omniprésente. En 2002, à l’âge de 39 ans, il remporte le concours d’architecture pour le chapiteau de la Cité des arts du cirque à Montréal, premier bâtiment au Québec à avoir reçu la «certification or» LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). La construction du chapiteau lui permet de travailler en étroite collaboration avec des ingénieurs et des architectes. Cette approche interdisciplinaire – que les Américains ont baptisée Integrated Building Approach -, deviendra la marque distinctive de Lupien+Matteau, le cabinet de consultants en design qu’il fonde avec Anne-Marie Matteau, en 2008. «Pour chaque projet, dit-il, nous tentons de réunir des spécialistes – designers, architectes, ingénieurs, scénographes – ayant des expertises différentes, mais complémentaires.»

Depuis deux ans, le designer travaille à l’aménagement du site de l’Écomonde du lac Saint-Pierre, à Sorel-Tracy, un vaste complexe récréo-touristique, écologique et scientifique. «Nous voulons recréer en milieu urbain l’écosystème des îles de Sorel, dont les marais rappellent les bayous de la Nouvelle-Orléans», explique-t-il. À partir de l’automne 2009, une vingtaine d’îlots seront aménagés sur un vaste terrain formé de terres humides, situé à proximité du centre de récupération des eaux de la ville. Entourés de canaux et d’étangs, les îlots accueilleront un hôtel, des chalets sur pilotis, un centre des congrès, un amphithéâtre et des sentiers pédestres d’interprétation, sans compter une volière, des serres et un labyrinthe d’eau géant.

Parallèlement à ce mégaprojet, le jeune architecte-designer a trouvé le temps de réaliser la scénographie de l’exposition Tombes éternelles – L’Égypte ancienne, présentée depuis décembre dernier au Musée canadien des civilisations, à Gatineau. Cette exposition, qui se poursuit jusqu’en août, contient plus de 200 artefacts couvrant 3 000 ans d’histoire : momies humaines et animales (dont une momie prêtée par l’UQAM), bijoux, poteries, sculptures et autres objets de la vie quotidienne destinés à accompagner les défunts dans leur dernier voyage. Avec son équipe, Philippe Lupien a reconstitué un mastaba, tombeau destiné à recueillir la sépulture des pharaons et des nobles, qui comprend une chapelle où les vivants peuvent parler aux morts et une chambre funéraire.

«Pour illustrer la thématique d’une exposition et en faire comprendre le sens, la mise en espace des objets est aussi importante que les objets eux-mêmes, affirme le designer. En pénétrant dans le tombeau, le public vit une expérience à la fois éducative et sensorielle.»

Ces jours-ci, Philippe Lupien travaille à la conception d’une autre exposition, présentée cet été à la Biosphère de Montréal, qui portera sur les modes de transport alternatifs et le rôle de l’automobile dans la production des gaz à effet de serre. Il contribuera aussi à la célébration du 100e anniversaire de Yousuf Karsh, le plus célèbre photographe portraitiste du 20e siècle au Canada, à travers la scénographie d’une exposition qui se tiendra en juin au Musée des sciences et technologies, à Gatineau. Il a enfin conçu l’aménagement d’un jardin et d’un écosystème aquatique permettant d’observer sept familles d’insectes du Québec pour l’exposition Les jardins des insectes du Québec, à l’Insectarium de Montréal. Depuis 2004, cet homme-orchestre est aussi l’animateur de l’émission de télévision Visite libre, qui fait découvrir aux téléspectateurs de belles maisons québécoises, anciennes et modernes. Les visites guidées permettent d’apprécier le talent et l’ingéniosité des créateurs qui enrichissent le patrimoine architectural du Québec, mais aussi de partager la passion de l’animateur. «J’aimerais que Visite libre contribue à renouveler notre regard sur l’architecture en la démystifiant, un peu comme l’émission de Daniel Pinard l’a fait pour la cuisine.»