Série Tête-à-tête
Rencontre avec des diplômés inspirants, des leaders dans leur domaine, des innovateurs, des passionnés qui veulent rendre le monde meilleur.
Cet été, quelques semaines avant la grande tournée du Cirque du Soleil au Brésil, François Martin (B.A.A., 85) était plein d’excitation, de stress et de fierté. Non pas qu’il fasse partie d’un numéro d’Alegria, le spectacle qui tournera dans sept villes brésiliennes, jusqu’en juin 2008. Sa contribution est d’une tout autre nature. Quand Inter- l’a rencontré, il s’apprêtait à expédier au sud de l’équateur l’appareil qui veillera au chauffage et à la ventilation du chapiteau. Un mastodonte de la taille d’un petit bungalow.
Dans son usine et son entrepôt de Sainte-Julie, suffisamment grands pour loger un Boeing 747, Bousquet Technologies assemble des centaines d’équipements par année, conçus en série ou sur mesure pour assurer le confort des usagers de gigantesques bâtiments, que ce soit le Air Canada Centre de Toronto, les usines d’Alcan, de Pratt & Whitney ou de Bombardier. Pas mal pour une entreprise familiale qui, il y a quinze ans à peine, se contentait de revendre sur le marché québécois des appareils de chauffage qu’elle achetait aux États-Unis!
C’est le grand-père de François, Wilfrid Martin, qui a acheté la petite entreprise Bousquet Frères en 1948. «On y vendait des brûleurs à charbon pour le chauffage résidentiel», raconte, amusé, celui qui occupe aujourd’hui les fonctions de directeur général. «Vers la fin des années 1950, mon père et mon oncle ont fait entrer la ligne de produits américains Reznor, des équipements de chauffage au gaz destinés aux espaces commerciaux.» À cette époque, la revente permettait encore de récolter une généreuse marge de profit, ce qui a assuré le pain et le beurre de la compagnie pendant des années.
L’arrivée du jeune François dans les bureaux de Bousquet, en 1984, allait marquer un virage déterminant dans l’histoire de l’entreprise. Très vite, le bachelier en administration des affaires se convainc que Bousquet doit construire ses propres équipements au gaz, adaptés aux besoins des entreprises d’ici. Il fait dresser des plans, embauche un contremaître et achète dans un encan une vieille cisaille pour couper l’acier et une plieuse. Montant de la transaction : 42 000 $.
«Au début, on construisait cinq ou six appareils de chauffage et de ventilation par année, de façon bien artisanale, se rappelle l’homme d’affaires. Petit à petit, on a fait nos preuves.» Les activités de fabrication sont devenues tellement profitables qu’en mars 2007, Bousquet Technologies a cessé ses activités de revente. Quelques mois plus tard, elle a investi 1,1 million $ dans une cisaille au laser et une plieuse hydraulique dernier cri. Les équipements achetés à l’encan seront enfin remplacés. « Ils nous auront rendu de fiers services!»
François Martin est devenu directeur général et actionnaire majoritaire de Bousquet Technologies en 2004. Il a négocié «serré» avec son père Ronald pour l’achat de ses parts. Même s’il est officiellement à la retraite, le paternel occupe toujours occasionnellement le bureau voisin de celui de son fils. «Ça le rassure de voir que les choses roulent.»
En 2005, François Martin a recruté un nouveau partenaire : Michel-André Lamarche, concepteur de la technologie TEGA, primée plus d’une fois pour son efficacité énergétique. C’est alors que Bousquet est devenu Bousquet Technologies. Dans le système TEGA, l’intensité de la flamme du brûleur à gaz s’adapte à la température de l’air entrant, plutôt que de toujours chauffer à bloc. On limite ainsi les pertes énergétiques.
En matière de chauffage, les clients exigent des produits de plus en plus efficaces, autant pour des raisons économiques qu’environnementales. «C’est l’avantage du sur mesure, dit François Martin. On propose des systèmes qui optimisent les ressources en place pour limiter les coûts énergétiques. Dans certains cas, on peut même récupérer la vapeur d’eau issue des équipements d’une usine pour chauffer une partie de l’air ambiant. Les solutions sont clé en main, que ce soit pour une aluminerie ou un chapiteau de cirque.»