La professeure à l’École de design et à l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM Ying Gao présente ses créations dans deux expositions estivales. La première a lieu ces jours-ci dans le cadre du Istanbul Digital Art Festival 2025 (IDAF25), alors que la deuxième se poursuit du 15 juin au 15 octobre aux Jardins de Métis, dans le Bas-du-fleuve.
À Istanbul, Ying Gao expose Charlotte and Everybody Else, une création de 2025 composée de deux headpieces, des pièces de vêtement qui se portent sur la tête. Cette création s’inspire de la notion de «visagéité» proposée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, selon laquelle la spécificité du visage comme surface surcodée se détache de la matérialité de la tête et du corps pour atteindre l’abstraction du langage. Ainsi, lorsque «Charlotte» endosse sa headpiece, elle dérobe son visage derrière une image imprimée qui reproduit ses propres traits, alors que l’autre modèle porte une headpiece sur laquelle est imprimé un visage créé par l’intelligence artificielle. Ces accessoires, dotés de composants électroniques, réagissent à des données d’identification et les détournent.
Selon la designer, la mode devient ici un dispositif critique, interrogeant le visage comme surface sociale: faut-il lui résister, le déjouer? Et si l’identité n’était qu’un état transitoire, toujours à renégocier ?
Cette création s’inscrit dans l’ambiance du festival IDAF25, qui explore le thème «Connecting», mettant en avant les liens entre technologie, société et environnement. L’événement se tient du 11 au 15 juin 2025 au Centre Culturel Atatürk (AKM) à Istanbul.
Can’t et Won’t aux Jardins de Métis
Aux Jardins de Métis, l’exposition Exotique. Rêver d’un monde végétal souligne le centième anniversaire de l’apparition des premiers plants de pavot bleu de l’Himalaya dans les jardins occidentaux. L’exposition présente tant des découvertes horticoles effectuées au 19e et au 20e siècles que des apports de la science actuelle qui, pour protéger la biodiversité, permettent d’étudier minutieusement les spécimens, une observation pointue ayant inspiré Ying Gao lors de la réalisation de Can’t et Won’t, deux robes interactives intégrées dans le parcours.
Une partie de l’exposition est également consacrée à la présentation de végétaux d’ici et d’ailleurs et à des cultivars, c’est-à-dire des créations humaines, plantés par la créatrice des Jardins de Métis, Elsie Reford, entre 1926 et 1958.
Ying Gao souligne que son équipe d’étudiantes-assistantes et d’étudiants-assistants de l’École supérieure de mode a, comme toujours, joué un rôle central dans ces projets. «Leur contribution dépasse l’exécution: c’est une forme d’intelligence collective qui traverse les projets, elle engage un travail de design ancré dans l’expérience, une pensée en action, portée par la précision des gestes et une qualité de présence remarquable.»