Antonello Callimaci s’est toujours fait un devoir de répondre le plus rapidement possible aux questions envoyées par ses étudiantes et étudiants. «Si on me pose une question le samedi matin et que je réponds seulement le lundi, la personne aura perdu sa fin de semaine et n’aura pas pu avancer dans ses travaux ou sa révision. Voilà pourquoi je vérifie mes courriels matin, midi et soir, y compris le week-end», précise le professeur du Département des sciences comptables de l’ESG UQAM.
Entièrement dédié à la réussite de ses étudiantes et étudiants, Antonello Callimaci a voulu pousser cette quête de la réponse rapide à un autre niveau. Sa solution? L’intelligence artificielle. Depuis le début du trimestre d’été, il expérimente l’intégration d’un agent conversationnel personnalisé, qu’il a programmé pour qu’il puisse accompagner les deux groupes du cours Comptabilité financière avancée tout au long de leurs apprentissages.
Baptisé Bobby LeRobot, cet assistant virtuel est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. «Il est configuré pour répondre de manière claire, professionnelle et pédagogique aux questions des étudiantes et étudiants», explique le professeur.
Une démonstration éloquente
Reconnu pour ses talents de pédagogue – il a remporté deux Prix d’excellence en enseignement, volet carrière, de la part de l’UQAM et de l’Université du Québec en 2015 –, Antonello Callimaci est un adepte de la première heure du virage technopédagogique et de la formation à distance. «Le cours que je donne cet été, en mode hybride et à distance, a été médiatisé depuis longtemps pour Moodle, raconte-t-il. Il comporte 313 fichiers, parmi lesquels des notes de cours, des exercices et des vidéos.» Cette médiatisation lui a grandement facilité la tâche lorsqu’il a voulu créer Bobby LeRobot avec l’IA conversationnelle ChatGPT.
Le professeur nous fait une démonstration rapide de son assistant virtuel. «Il a pour instruction principale de n’utiliser que les fichiers que je lui ai fournis pour répondre aux questions, précise-t-il. Si l’information ne s’y trouve pas, il doit demander la permission de recherche sur le web en prenant soin d’indiquer qu’il est possible que l’information obtenue ne soit pas exacte.»
Au début du trimestre, Antonello Callimaci a enseigné aux étudiantes et étudiants la manière de formuler leurs requêtes pour que Bobby puisse leur répondre de manière adéquate.
En parcourant quelques exemples de questions soumises à ChatGPT, on est soufflé par la puissance de l’outil.
«Résumer un concept, identifier les difficultés à réviser pour l’examen, rédiger 10 questions à choix multiples avec 5 choix de réponse, tout cela lui prend entre 5 et 6 secondes.»
Antonello Callimaci
Professeur au Département des sciences comptables
Les réponses ne sont pas infaillibles, met toutefois en garde le professeur. «Les étudiantes et étudiants doivent être vigilants et toujours réviser le contenu proposé», dit-il. Et puisqu’il s’agit d’un outil itératif, il est possible de le guider, de lui demander de préciser ou de revérifier certains aspects, de le relancer. L’outil peut ensuite se corriger et offrir une meilleure réponse. «C’est comme avoir un collègue étudiant super intelligent, mais qui ne sera jamais parfait!»
À la fin de sa réponse, Bobby LeRobot invite son interlocutrice ou son interlocuteur à contacter le professeur si ses explications ne sont pas claires, en soulignant que ce dernier se fera un plaisir de répondre à leurs questions. «Il était important pour moi que les étudiantes et étudiants sachent qu’ils peuvent toujours me contacter, insiste Antonello Callimaci. Je ne me sers pas de ChatGPT pour me débarrasser d’eux. Si l’outil ne répond pas à leurs questions, ils peuvent venir me voir ou m’écrire.»
Bobby LeRobot a même la liberté d’ajouter une touche d’humour à la fin de ses réponses, en s’assurant de demeurer professionnel et respectueux, comme lui a demandé son créateur.
Un exemple positif de l’IA en contexte universitaire
Jusqu’à maintenant, Antonello Callimaci observe qu’environ 30 % des étudiantes et étudiants se servent de Bobby LeRobot. «Ceux et celles qui l’utilisent l’adorent. Certaines personnes me disent qu’elles lui demandent de créer encore plus d’exercices pour pratiquer leur compréhension de certaines notions. ChatGPT peut leur en fournir à l’infini!»
Antonello Callimaci ne sait pas si les étudiantes et étudiants qui ne l’utilisent pas sont réfractaires à l’intelligence artificielle, réticents à plonger dans cet univers ou qu’ils n’en ressentent pas le besoin.
«Depuis l’avènement de ChatGPT à l’automne 2022, plusieurs articles et reportages ont “démonisé” l’outil en mettant l’accent sur les dérives possibles en contexte universitaire. Je trouvais important d’offrir aux étudiantes et étudiants la possibilité de se familiariser avec l’IA en l’utilisant à bon escient.»
Cette innovation pédagogique est un bon exemple d’intégration responsable de l’intelligence artificielle en enseignement supérieur, estime Antonello Callimaci. «Cela permet de renforcer l’autonomie des étudiantes et étudiants, de les rassurer en dehors des heures de cours, et de soutenir leur progression à leur rythme.»
Après la calculatrice et les fichiers Excel, l’intelligence artificielle? «Je crois que cela fait partie de l’évolution normale des outils qui sont désormais à notre disposition dans le domaine des sciences comptables», conclut-il.
Un agent conversationnel en communication et relations publiques
Le chargé de cours Stéphane Prud’homme, du Département de communication sociale et publique, a mis en ligne à l’été 2024 un agent avec l’IA conversationnelle ChatGPT pour le bénéfice des étudiantes et étudiants en communication, en relations publiques et en communication marketing.
«Cet agent répond aux questions, donne des éclaircissements, fournit des exemples dans des contextes précis, explique des concepts et des modèles, et guide les étudiantes et étudiants dans leurs lectures», souligne le chargé de cours.
Accessibles dans toutes les langues, l’outil a déjà répondu à plus de 600 requêtes depuis sa création. «Les étudiantes et étudiants l’apprécient beaucoup», rapporte Stéphane Prud’homme.