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Baisse des violences envers les enfants depuis 25 ans

Malgré les statistiques encourageantes, plus d’un enfant sur 10 débute sa vie dans un contexte où sa mère vit de la violence intime.

Par Jean-François Ducharme

21 octobre 2025 à 14 h 47

La violence envers les enfants a connu une baisse notable au Québec entre 1999 et 2024, révèle la cinquième édition de l’Enquête sur la violence et la négligence familiales dans la vie des enfants du Québec. La professeure du Département de sexologie Sylvie Lévesque a collaboré à ce rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) en tant qu’autrice d’un chapitre portant sur les violences en période périnatale, soit entre le début de la grossesse et les deux ans de l’enfant, et coautrice de deux autres chapitres. Unique au monde, l’enquête menée depuis 1999 auprès de 6 248 parents d’enfants de 6 mois à 17 ans se distingue par son envergure et sa récurrence.

En 25 ans, l’agression psychologique répétée envers les enfants en contexte familial – crier après l’enfant, l’insulter, menacer de lui donner la fessée – est passée de 48 % à 28 %. La violence physique mineure – donner une tape sur la main, pincer, donner une fessée – a baissé de 48 % à 13 %, et la violence physique sévère – donner un coup de poing ou de pied à l’enfant, le saisir par le cou, le frapper avec un objet –, de 7 % à 3,1 %.

Malgré ces statistiques encourageantes, la violence envers les enfants demeure présente. Le rapport de l’ISQ estime qu’en 2024, 454 180 enfants ont subi de l’agression psychologique répétée, 217 490 enfants ont subi de la violence physique mineure et 50 660 enfants ont été victimes de violence physique sévère.

Violence en période périnatale

En plus du chapitre portant sur les violences en période périnatale, Sylvie Lévesque a collaboré à deux autres chapitres, soit celui portant sur l’exposition des enfants à la violence entre partenaires intimes – avec ses collègues Marie-Hélène Gagné de l’Université Laval et Marie-Ève Clément de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) – et celui sur la concomitance avec d’autres types de maltraitance – avec Marie-Hélène Gagné, Marie-Ève Clément et Annie Bérubé, également de l’UQO.

L’enquête démontre que les mères biologiques de 12 % des enfants ont subi au moins une manifestation de violence lors de la période périnatale de la part d’un ou une partenaire intime. «On estime que 56 330 enfants aujourd’hui âgés de 6 mois à 5 ans ont débuté leur vie dans un contexte de violence entre partenaires intimes, déplore la professeure. La période périnatale est une période importante pour l’identification de la violence entre partenaires intimes et l’intervention, notamment en regard des occasions répétées de contacts entre la personne enceinte ou nouvellement parent et les services de santé, que ce soit durant les visites de grossesse, les rencontres postnatales de vaccination ou les groupes de soutien à l’allaitement.»

La professeure collaborait pour une deuxième fois à cette enquête de l’ISQ. Les autres éditions ont été publiées en 1999, 2004, 2012 et 2018. «Notre première collaboration a eu lieu en 2018, alors que je bénéficiais d’une subvention du FRQSC sur la violence conjugale en période périnatale, rappelle Sylvie Lévesque. L’ISQ avait accepté ma demande d’ajouter un nouveau module qui mesurerait les expériences de victimisation vécues par les mères biologiques d’enfants de 6 mois à 5 ans. Au regard de l’importance de ces données pour orienter les efforts de prévention et d’intervention, les mandataires de l’enquête et l’ISQ ont choisi de maintenir ce chapitre dans la présente édition.»

Punitions corporelles et négligence

Le rapport mentionne une baisse notable de la proportion de parents favorables à la punition corporelle entre 1999 et 2024, et ce, tant chez les mères que chez les pères. Ainsi, 4,7 % des mères et 7,3 % des pères sont aujourd’hui d’avis que certains enfants ont besoin qu’on leur donne des tapes pour apprendre à bien se conduire, comparativement à 29,2 % et 33,8 % respectivement il y a 25 ans. Les parents d’aujourd’hui trouvent aussi moins acceptable le fait de taper un enfant lorsque celui-ci est provocant, désobéissant ou violent, ou encore que la fessée est une méthode efficace pour éduquer un enfant.

On estime à 8 % la proportion d’enfants considérés comme étant négligés au Québec en 2024, soit environ 122 400 enfants. Cette négligence, qu’elle soit physique, cognitive, affective ou de supervision, se manifeste par une réponse inadéquate à leurs besoins qui compromet leur bien-être ou leur développement.

On peut lire les faits saillants du rapport ainsi que le rapport complet sur le site de l’ISQ.