Neuf finissantes et finissants en géographie ont visité l’Écosse dans le cadre du stage d’intégration de leur formation. «Ce stage vise à intégrer toutes les connaissances acquises durant le bac: organisation et planification d’un séjour sur le terrain, formulation d’une problématique, collecte et analyse de données, rédaction d’un rapport et présentation des résultats», précise la professeure Nicole Sanderson, qui a accompagné le groupe en Écosse avec son collègue Yann Roche.
L’étudiante Eva Morin et l’étudiant Étienne Decelles ont accepté de témoigner de leur périple en compagnie de leurs professeurs, quelques jours après avoir présenté les résultats de leurs études de terrain avec leurs collègues dans le cadre d’une soirée organisée par le Département de géographie, le 4 décembre dernier.
D’Édimbourg aux Highlands
Effectué au printemps 2024, ce voyage en Écosse a été préparé de longue date. À l’automne 2023, les étudiantes et étudiants organisaient déjà des levées de fonds pour financer leur périple. À l’hiver 2024, dans le cours de préparation au stage d’intégration, ils ont choisi leurs sujets de recherche respectifs, revues de littérature à l’appui.
«À partir d’Édimbourg, chaque étape vers le nord était plus époustouflante que la précédente!»
Eva Morin
Finissante au baccalauréat en géographie
La première moitié du séjour visait à acquérir des notions historiques, géologiques et géographiques sur l’Écosse, une nation constitutive du Royaume-Uni. «Nous sommes arrivés à Édimbourg le jour du Festival du feu de Beltane, qui marque l’arrivée de l’été en Écosse, raconte Yann Roche. Ce festival inspiré d’anciennes festivités gaéliques nous a plongés dans le bain de cette belle culture dès nos premières heures sur le territoire.»
Pendant les trois premiers jours, le groupe a visité Édimbourg, berceau de la géologie comme discipline. «Nous avons effectué des randonnées géologiques et historiques et discuté avec des responsables de l’aménagement du port de Leith. Certaines personnes ont pu visiter le Musée national d’Écosse», illustre Nicole Sanderson.
Le groupe est ensuite monté vers le nord du pays, dans les Highlands, pour ensuite redescendre via le Loch Ness, visitant le château d’Urquhart et celui d’Eilean Donan, abordant au passage le concept de tourisme sombre (dark tourism), pratiqué par les adeptes de sites de célèbres batailles (et massacres) historiques.
La troisième partie du périple, sous la thématique du feu et de la glace, a mené la troupe uqamienne dans l’archipel des Hébrides, notamment sur l’île de Skye, «un territoire créé par les volcans et taillé par les glaciers», explique la professeure.

«La diversité des paysages était étonnante, raconte Eva Morin. À partir d’Édimbourg, chaque étape vers le nord était plus époustouflante que la précédente!» Son collègue Étienne Decelles partage cet avis. «Les paysages côtiers avec mer et montagnes sont parmi les plus beaux que j’ai vus de ma vie», dit-il.
Lors de cette dizaine de jours à visiter le territoire, le groupe était invité à observer les similitudes et les différences entre le Québec et l’Écosse. «Il y a plusieurs ressemblances dans l’organisation gouvernementale, avec le gouvernement britannique, le gouvernement écossais et les administrations municipales», remarque Étienne Decelles, qui est conseiller municipal à Sainte-Angèle-de-Monnoir depuis l’été 2023.
Trois études distinctes
Après ces quelques jours de tourisme, chaque groupe s’est rendu sur son terrain respectif. Étienne Decelles, Madeleine Gauthier et Camille Jomphe-Sauriol se sont déplacés vers Brechin, une ville d’environ 7000 habitants qui a été frappée par des inondations records à l’automne 2023. Leur étude visait à comprendre comment s’exprime la résilience de la population dans le contexte de ces inondations. «Nous voulions observer si l’attachement au territoire et la réponse des autorités modulent la résilience», précise Étienne Decelles. En plus des observations sur le terrain, son équipe a rencontré des représentantes et représentants des autorités municipales et d’organismes communautaires qui sont venus en aide aux victimes des inondations.

Eva Morin, Enzo Durand et Laurianne Toupin ont quantifié le stock de carbone dans les milieux côtiers des Hébrides extérieures. «Nous avons effectué des observations et un échantillonnage, incluant le carottage des sols, sur l’île de Berneray, qui fait environ 10 kilomètres carrés et qui abrite trois milieux distincts: le marais salé, les landes de bruyère – qui ressemblent à nos tourbières – et le machair, un écosystème unique à l’Écosse et l’Irlande. Il s’agit de l’arrière des dunes, des bords de mer fertiles, malgré le sable», explique Eva Morin. Les échantillons récoltés ont été rapportés à l’UQAM pour être analysés en laboratoire.
Une troisième équipe, composée de Daniel Auger, Alexandre Laurore et Audrey St-Pierre, s’est intéressée à la place du whisky (scotch) dans le tourisme écossais. «D’Édimbourg à l’île de Skye, cette équipe a parcouru la route du whisky pour y rencontrer les propriétaires de deux distilleries populaires dans la région des Highlands, explique Yann Roche. Les étudiantes et étudiants ont également rencontré des représentants de l’organisme VisitScotland pour mieux comprendre son rôle dans la promotion du whisky comme vecteur d’identité régionale et culturelle.»
Savoir s’adapter
L’une des qualités à développer pendant ce voyage en Écosse était la capacité d’adaptation, précise Nicole Sanderson. «Il y a toujours des surprises dans ce type de stage. Rien ne se déroule jamais exactement comme prévu et les étudiantes et étudiants doivent constamment être en mesure de reformuler leurs hypothèses et d’adapter leur collecte de données.»

Effectivement, les trois équipes ont été confrontées à des obstacles. «Au départ, nous voulions interroger les personnes dont la maison ou le logement a été inondé, mais nous nous sommes aperçus que celles-ci avaient été relocalisées ailleurs dans le comté et n’avaient pas réintégré Brechin», raconte Etienne Decelles. «De notre côté, il a fallu laisser tomber le quatrième milieu côtier que nous souhaitions étudier, soit l’herbier de zostère, illustre Eva Morin. Nous attendions la marée basse pour récolter nos échantillons, mais celle-ci n’est jamais survenue pendant notre présence sur le site!» Et sur la route du whisky, la troisième équipe s’est vu refuser la possibilité de réaliser des entrevues avec les clients des distilleries.
Nicole Sanderson, qui a effectué plusieurs voyages en Écosse, était presque déçue pour le groupe à mi-parcours, car la météo était exceptionnellement clémente et le soleil était au rendez-vous. «Heureusement qu’il y a eu des journées de pluies et de brouillard vers la fin de notre séjour, autrement le groupe n’aurait pas pu expérimenter l’ambiance mythique de l’Écosse», conclut-elle en riant.
Il est possible de consulter la carte-récit (story map) réalisée par les étudiantes et étudiants à la suite de leur séjour écossais.