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L’UQAM remet sept doctorats honorifiques

Un hommage est rendu à Janette Bertrand, Boucar Diouf, Marie-Josée Lacroix, Lucille Proulx, Iolande Cadrin-Rossignol, Françoise David et Elise Gravel.

9 juin 2025 à 10 h 36

À l’occasion des cérémonies de collation des grades qui se sont déroulées du 2 au 8 juin derniers, l’UQAM a décerné un doctorat honoris causa à sept personnalités au parcours exceptionnel: la journaliste et écrivaine Janette Bertrand, la cinéaste Iolande Cadrin-Rossignol, la militante féministe Françoise David, le scientifique et chroniqueur Boucar Diouf, l’autrice et illustratrice Elise Gravel, la conseillère en design Marie-Josée Lacroix et la pionnière de l’art-thérapie Lucille Proulx.


Janette Bertrand

Le recteur Stéphane Pallage, Janette Bertrand, et la doyenne de la Faculté des sciences humaines, Lucie Dumais. Photo: Voltaic

Un doctorat honorifique a été remis à la journaliste et écrivaine Janette Bertrand, sur la recommandation de la Faculté des sciences humaines, pour souligner son influence sur l’évolution des valeurs sociales en matière de sexualité, d’égalité de genre et de relations interpersonnelles. Janette Bertrand est née à Montréal en 1925, dans le quartier ouvrier du Faubourg à m’lasse. Jeune fille, elle se démarque par sa volonté de poursuivre des études supérieures en lettres à l’Université de Montréal. En 1950, journaliste au Petit Journal, elle signe une chronique dénonçant avec humour certains comportements masculins et tient, pendant près de 20 ans, un courrier du cœur véhiculant des idées progressistes sur la violence faite aux femmes, leur indépendance financière, le désir au féminin et la contraception.

Animatrice, scénariste, réalisatrice et comédienne dans les années 1970, elle cumule des productions qui obtiennent des records de cotes d’écoute, comme les téléromans Toi et moi et Quelle famille! Durant les années 1980 et 1990, dans les émissions Janette veut savoir et Parler pour parler, notamment, elle traite de réalités jamais abordées en ondes: le sida, le suicide, l’inceste, la prostitution, l’homosexualité et l’identité de genre. Autrice prolifique, elle compte près d’une vingtaine d’ouvrages, dont des romans et une autobiographie. Dans son plus récent opus, Cent ans d’amour (2024), elle parle d’âgisme et de vieillesse.

Auréolée du prix Guy-Mauffette pour la radio et la télévision en 2011, Janette Bertrand est compagnon et officière de l’Ordre du Canada, chevalière de l’Ordre de la Pléiade, grande officière de l’Ordre du Québec et commandeure de l’Ordre de Montréal. L’Assemblée nationale du Québec lui a décerné la Médaille d’honneur (2022) et la prestigieuse Médaille de la Présidente (2025). Aujourd’hui, elle aborde son second siècle avec mille et un projets. Plusieurs initiatives récentes célèbrent son héritage, dont le documentaire Janette et filles, la création d’un prix littéraire à son nom, une fresque murale à son effigie et une pièce théâtrale relatant son parcours.


Iolande Cadrin-Rossignol

Le recteur Stéphane Pallage, Iolande Cadrin-Rossignol et le doyen de la Faculté de communication, Gaby Hsab. Photo: Voltaic

Sur la recommandation de la Faculté de communication, Iolande Cadrin-Rossignol est honorée pour son engagement social et environnemental ainsi que pour son œuvre cinématographique, qui a, entre autres, donné une voix aux femmes à une époque où leur espace d’expression était restreint. Diplômée des conservatoires de musique et d’art dramatique de Montréal, elle a créé, avec le cinéaste Fernand Dansereau, le groupe In Média, qui propose des ateliers d’expression par les arts, et la maison de production Animage.

Plusieurs de ses réalisations reposent sur une trame narrative portée par les personnes avec lesquelles elle collabore, que ce soit le professeur et historien Michel Lessard, le compositeur Walter Boudreau, l’écologiste et professeur émérite de l’UQAM Pierre Dansereau ou l’astrophysicien Hubert Reeves. Explorant différents genres, court et long métrage, série télévisée, documentaire et film expérimental, la réalisatrice agit pendant deux ans comme responsable des productions extérieures au Service des dramatiques de Radio-Canada. Ensuite, elle œuvre pour la Cinémathèque québécoise et l’Office national du film du Canada, où elle accompagne les cinéastes de la relève, dont un certain Denis Villeneuve. Cette volonté de transmission s’incarnera aussi dans un rôle de professeure de cinéma à l’UQAM.

Lauréate, en 1991, du prix Lumières pour sa défense et sa promotion de la liberté créative, Iolande Cadrin-Rossignol est régulièrement invitée à siéger à des jurys, notamment au Festival international de la télévision de Banff et au Festival de la télévision du Sichuan, en Chine. À partir des années 2000, elle entame un cycle de films avec Hubert Reeves, signant Conteur d’étoiles, un portrait intimiste de l’astrophysicien, puis les documentaires La Terre vue du cœur et L’océan vu du cœur, qui invitent à mieux comprendre notre planète.


Françoise David

La doyenne de la Faculté de science politique et de droit, Rachel Chagnon, Françoise David et le recteur Stéphane Pallage. Photo: Voltaic

En rendant hommage à Françoise David sur la recommandation de sa Faculté de science politique et de droit, l’UQAM reconnaît la contribution d’une figure emblématique du militantisme social et politique à la promotion des droits des femmes et à la lutte contre la pauvreté au Québec.

Après avoir complété un baccalauréat en service social à l’Université de Montréal, Françoise David travaille, de 1972 à 1986, au Centre des services sociaux du Montréal métropolitain, notamment auprès de familles monoparentales. Coordonnatrice au Regroupement des centres de femmes du Québec jusqu’en 1994, elle préside ensuite la Fédération des femmes du Québec jusqu’en 2001. C’est à ce titre qu’elle organise en 1995 la marche Du pain et des roses, dénonçant la pauvreté des femmes. Impliquée également sur le plan international, Françoise David met sur pied en 2000 la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence. La même année, elle prend part à une mission d’observation en Irak et à un stage de coopération au Mali. Puis, en 2002, elle collabore avec l’organisme Au bas de l’échelle pour réformer la Loi sur les normes du travail.

En 2006, elle cofonde Québec solidaire. Co-porte-parole du parti, elle devient députée de Gouin à l’Assemblée nationale en 2012, une circonscription qu’elle représentera jusqu’en 2017. Les traces laissées par Françoise David, notamment dans la législation québécoise, traduisent la portée de son travail. Mentionnons son projet de loi pour protéger les droits des personnes aînées locataires, adopté à l’unanimité en 2016. Lauréate du prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire «personne» en 2022 et du prix René-Chaloult du Cercle des ex-parlementaires de l’Assemblée nationale du Québec en 2021, elle est aussi chevalière de l’Ordre national du Québec depuis 1999.


Boucar Diouf

Le doyen de la Faculté des sciences, Normand Séguin, Boucar Diouf et le recteur Stéphane Pallage. Photo: Voltaic

Sur la recommandation de la Faculté des sciences, un doctorat honorifique a été décerné au communicateur Boucar Diouf pour son apport à la littératie scientifique au Québec. Grâce à son style empreint de sensibilité et d’humour, il rend la science accessible à un large public, vulgarisant avec brio des sujets parfois difficiles à comprendre. Né au Sénégal, son quotidien est marqué très tôt par un lien étroit avec la nature et les savoirs traditionnels. Il étudie en biologie à l’Université de Dakar, puis poursuit, en 1991, un doctorat en océanographie à l’Université du Québec à Rimouski, où il devient chargé de cours en 1998. C’est dans ses classes que son talent de communicateur et de conteur s’épanouit.

Au cours des années 2000, il quitte le milieu universitaire pour œuvrer dans les médias et sur scène. À travers ses chroniques journalistiques à la radio et à la télévision, et ses spectacles d’humour, Boucar Diouf aborde divers enjeux scientifiques et sociétaux, tels que les rapports à la nature, l’environnement, l’immigration, la diversité et l’intégration culturelle. Auteur prolifique, il publie 14 ouvrages en 15 ans, dont les titres à succès Pour l’amour de ma mère, Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait… et Rendez à ces arbres ce qui appartient à ces arbres, qui se distinguent par leur mélange d’humour, de poésie et de réflexions sur la vie, la nature et les relations humaines.

Chevalier de l’Ordre national du Québec, il a reçu, entre autres, le prix Jacques-Couture pour la promotion du rapprochement interculturel, en 2006, et le prix Pierre-Dansereau de l’Association des biologistes du Québec, en 2014, pour sa contribution exceptionnelle à la diffusion des sciences et à la sensibilisation des Québécoises et des Québécois aux enjeux environnementaux.


Elise Gravel

La doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation, Annie Dubeau, Elise Gravel et le recteur Stéphane Pallage. Photo: Voltaic

L’UQAM honore Elise Gravel, sur la recommandation de sa Faculté des sciences de l’éducation, pour ses talents d’autrice et d’illustratrice en littérature jeunesse ainsi que pour son influence marquante dans le milieu de l’éducation. Animées par un souci de justice sociale et traduites en plusieurs langues, ses œuvres expriment l’ouverture, la bienveillance et l’acceptation des différences.

Après des études en graphisme, Elise Gravel publie en 2003 ses premières bandes dessinées. Vingt ans plus tard, elle compte à son actif une soixantaine de titres, dont Une patate à vélo qui s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires au Canada et à l’étranger. Son univers se distingue par ses créatures aussi loufoques qu’attachantes et par sa façon de traiter avec sensibilité des questions sociales complexes, telles que les changements climatiques, la diversité sexuelle et de genre, le droit à la différence ou la réalité des personnes réfugiées. Portées par un regard à la fois tendre et lucide, ses œuvres sont régulièrement utilisées dans les écoles pour nourrir la discussion et créer des ponts entre les élèves et les adultes.

Pour son premier livre, Le catalogue des gaspilleurs, Elise Gravel a remporté le Grand Prix LUX 2003. Elle a aussi reçu, en 2012, le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada (catégorie Littérature jeunesse – illustrations) ainsi que le Prix des premières lectures (France), et à nouveau le Grand Prix LUX et le Prix jeunesse des libraires (catégorie 12-17 ans), tous trois en 2015. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lui a décerné le prix Droits et Libertés pour l’ensemble de son œuvre en 2019. Plus récemment, elle a obtenu au Canada le prix Vicky-Metcalf pour l’ensemble de sa contribution à la littérature jeunesse.


Marie-Josée Lacroix

La doyenne de la Faculté des arts, Joanne Lalonde, Marie-Josée Lacroix et le recteur Stéphane Pallage. Photo: Voltaic

Sur la recommandation de la Faculté des arts, un hommage a été rendu à Marie-Josée Lacroix (B.A. design de l’environnement, 1982) pour sa contribution exceptionnelle à la valorisation du design et de l’architecture ainsi qu’à la vitalité économique de la métropole par la promotion de pratiques d’aménagement novatrices.

Dès ses débuts professionnels en 1985, elle impressionne par son leadership et son habileté à mettre en valeur le design. En 1991, Montréal la nomme commissaire au design, un poste où tout est à concevoir. Parmi ses initiatives, mentionnons la création, en 1995, des prix Commerce Design Montréal incitant les commerçantes et commerçants à investir dans l’aménagement de leurs établissements, aidés de professionnelles et professionnels en design, une formule exportée ailleurs dans le monde. En 2005, on lui confie la mise en place du Bureau du design de la Ville de Montréal, qui instaure le dialogue entre créatrices et créateurs, milieux politiques et d’affaires, et le public. En 2006, ses efforts permettent à Montréal d’accéder au prestigieux titre de Ville créative de design de l’UNESCO. Parallèlement, elle organise des colloques, des expositions et des événements de coopération internationale. En plus d’avoir créé les bourses Phillys-Lambert, destinées à la relève, Marie-Josée Lacroix s’implique bénévolement, notamment pour le Musée régional de Rimouski et les Jardins de Métis. Agissant comme conseillère, mentore et administratrice de sociétés, elle a piloté l’«Agenda montréalais 2030 pour la qualité et l’exemplarité en design et en architecture», une politique adoptée par la Ville en 2019.

Ses réalisations ont été récompensées par le prix Ambassadrice de la qualité en architecture de l’Ordre des architectes du Québec (2023), le Prix hommage des Grands Prix du design du Québec (2017) et le Dubai International Award for Best Practices d’ONU-Habitat (2006) pour le concours Commerce Design Montréal.


Lucille Proulx

La doyenne de la Faculté des sciences humaines, Lucie Dumais, Lucille Proulx et le recteur Stéphane Pallage. Photo: Voltaic

L’UQAM a honoré Lucille Proulx, sur la recommandation de la Faculté des sciences humaines, pour sa contribution exceptionnelle à l’avancement de l’art-thérapie sur les plans théorique et clinique, et pour son engagement envers le mieux-être des individus et des familles. Née à Ottawa en 1932, elle écrit ses premiers livres sur la parentalité au milieu des années 1970, alors qu’elle préside l’Association des parents de jumeaux d’Ottawa.

Avant d’obtenir un baccalauréat ès arts de l’Université d’Ottawa en 1989, puis une maîtrise en art-thérapie de l’Université Concordia, en 1993, elle entame, en 1986, un stage à l’Hôpital de Montréal pour enfants, où elle travaille pendant 15 ans. C’est là qu’elle conçoit l’intervention novatrice de l’art-thérapie dyadique auprès de groupes de parents-enfants, intégrant la théorie de l’attachement dans sa pratique. Consciente du potentiel de l’art pour établir les liens affectifs, elle crée une démarche qui suscitera un intérêt international et inspirera de nouvelles avenues de recherche. Ses deux livres sur le sujet, publiés en 2003 et 2017, et traduits en hébreu et en arabe, sont des lectures incontournables dans les programmes d’art-thérapie à travers le monde.

Après sa retraite, Lucille Proulx œuvre auprès du Center for the Protection of Children’s Rights, en Thaïlande. Elle joue ensuite un rôle moteur dans la création et le développement d’écoles et de programmes d’art-thérapie dans divers pays, notamment en Inde et en Égypte, élargissant ainsi la portée de cette discipline. Au tournant des années 2010, elle participe à la fondation de l’International Program of Art Therapy, en Thailande, du Japan Program of Art Therapy, à Tokyo, et du Canadian International Institute of Art Therapy, une école virtuelle ayant rendu la formation accessible à un public mondial. Aujourd’hui, elle continue de jouer un rôle de mentor auprès de la relève.