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Les jeux vidéo pour mieux comprendre les interactions écologiques

Pierre-Olivier Montiglio et son équipe étudient les comportements sociaux dans l’environnement des jeux multijoueurs.

Par Jean-François Ducharme

20 mai 2025 à 10 h 17

Traditionnellement, les chercheurs étudient les interactions des animaux avec leurs partenaires, leurs prédateurs ou leurs proies en faisant des observations sur le terrain, en créant des expériences en laboratoire ou à l’aide de modèles mathématiques. Ces approches ont toutefois leurs limites, qu’il s’agisse de la complexité de l’environnement ou des difficultés de représenter fidèlement les interactions naturelles dans le cadre d’un laboratoire ou d’une modélisation.

Une équipe de recherche dirigée par le professeur du Département des sciences biologiques Pierre-Olivier Montiglio propose une nouvelle façon d’étudier les comportements et interactions dans une perspective d’écologie évolutive: les jeux vidéo multijoueurs en ligne. «Ces jeux offrent un grand volume d’interactions et mettent en scène des situations que l’on retrouve réellement dans la nature, comme trouver de la nourriture, éviter d’être mangé ou coopérer avec les autres», explique le professeur.

Une étude sur cette approche a été publiée dans la revue Trends in Ecology & Evolution. L’étude est signée par Pierre-Olivier Montiglio, par le doctorant en biologie Maxime Fraser Franco et la postdoctorante Francesca Santostefano Le doctorant en biologie Julien Céré et le professeur du Département des sciences biologiques Clint D. Kelly collaborent également aux recherches sur le sujet.

Coopérer pour survivre

L’équipe de recherche a étudié les interactions dans quelques jeux vidéo multijoueurs, dont Dead by Daylight, développé par l’entreprise québécoise Behaviour Interactive. Dans ce jeu à cinq personnes, un joueur a le rôle du prédateur et les quatre autres doivent coopérer pour survivre.

Les scénarios de jeux simulent des interactions écologiques – comme la prédation, la coopération, la compétition pour les ressources ou les stratégies d’évitement – semblables à celles observées dans la nature, mais dans un cadre contrôlé. «Nous pouvons suivre la position des joueurs dans l’espace virtuel, recréer toutes les interactions qu’ils ont avec les autres et expliquer leur performance, souligne Pierre-Olivier Montiglio. Cela nous permet de préciser le rôle du comportement animal dans le fonctionnement des communautés.»

Contrairement aux études de terrain, les environnements virtuels permettent de manipuler des variables spécifiques et de reproduire des conditions expérimentales, ajoute le chercheur.​

Selon lui, l’utilisation des jeux vidéo comme outil de recherche ouvre de nouvelles perspectives en écologie évolutive et en recherche comportementale. «Elle permet de surmonter certaines limitations des méthodes traditionnelles, offrant un cadre flexible, riche en données et représentatif des interactions naturelles», conclut Pierre-Olivier Montiglio.