Deux projets de recherche menés à l’UQAM ont reçu une subvention dans le cadre du programme de recherche sur la violence conjugale du Fonds de recherche du Québec (FRQ). Menés par la professeure du Département de sexologie Mylène Fernet et par sa collègue Andréanne Lapierre, ces projets portent sur la violence conjugale sexuelle et sur les victimes de contrôle coercitif dans les relations intimes. Ils ont été sélectionnés, avec trois autres projets, afin d’approfondir la compréhension de la violence conjugale et de proposer des pistes d’action pour soutenir le développement des pratiques et l’intervention auprès des femmes, des hommes et des enfants vivant dans un contexte de vulnérabilité. Le financement des deux projets totalise près de 300 000 dollars sur trois ans.
Agir ensemble: prévention de la violence conjugale sexuelle avec, par et pour les femmes
Chercheuse: Mylène Fernet
Montant de la subvention: 224 998 $ sur trois ans
Malgré l’ampleur et les conséquences des violences sexuelles par un partenaire intime (VSPI) chez les adolescentes (12-17 ans) et les jeunes femmes (18- 35 ans), peu de travaux de recherche et d’initiatives de prévention sont disponibles à leur intention, ni à l’intention de leurs proches, qui peuvent pourtant jouer un rôle clé pour les accompagner vers des ressources d’aide. La coercition et les violences sexuelles sont particulièrement difficiles à reconnaître par les femmes et les filles qui en vivent en raison de certaines croyances et de la stigmatisation associée à la VSPI. Les adolescentes et les jeunes victimes de cette forme de violence seraient moins nombreuses à solliciter de l’aide auprès des ressources et les intervenantes déplorent le manque d’outils pour intervenir.
Le projet de recherche-action découle d’une collaboration de longue date avec le Regroupement des maisons d’aide pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC). Il vise des objectifs qui s’inscrivent sur un continuum de prévention. En prévention primaire, on prévoit l’élaboration d’outils de sensibilisation, d’information et de détection de la VSPI à l’intention des adolescentes et des jeunes femmes. En prévention secondaire, on propose l’élaboration d’outils de sensibilisation et d’information à la VSPI à l’intention des proches des personnes victimes. En prévention tertiaire, on vise à soutenir les pratiques d’évaluation à l’entrée des services d’aide pour femmes violentées et à proposer des outils d’intervention. À ces objectifs spécifiques, s’ajoute un objectif transversal visant à documenter le processus de recherche-action en lui-même.
Ce projet mise sur une approche participative, où des femmes et des filles, des proches et des intervenantes des maisons d’aide et d’hébergement seront mobilisées pour participer à l’élaboration d’outils de sensibilisation, d’information et de détection qui permettront de mieux répondre aux besoins des adolescentes et des jeunes femmes victimes de VSPI.
Cette recherche-action permettra non seulement de sensibiliser et d’informer les adolescentes et les jeunes femmes au sujet des VSPI, mais aussi d’outiller leurs proches afin que ces personnes soient en mesure d’agir comme témoins actifs en leur venant en aide. Cette recherche contribuera aussi à soutenir les intervenantes des maisons d’aide et d’hébergement pour qu’elles puissent mieux repérer les VSPI lorsque les jeunes femmes font une demande de services et mieux intervenir. Enfin, le projet s’inscrit dans le cadre des politiques publiques encourageant des actions intégrées pour lutter contre la violence conjugale et la violence sexuelle et favoriser une société plus égalitaire.
Intervenir auprès des victimes de contrôle coercitif dans les relations intimes avec une approche inclusive: une synthèse des connaissances sur les pratiques, ainsi que les programmes d’aide et de soutien
Chercheuse: Andréanne Lapierre
Montant de la subvention: 74 989 $ sur an
Le contrôle coercitif dans les relations intimes consiste à mobiliser différentes stratégies pour exercer une emprise sur son ou sa partenaire et diminuer son sentiment de liberté et de sécurité. Il a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des personnes qui le subissent et est associé à un risque augmenté de féminicide. Le contrôle coercitif s’inscrit dans une dynamique d’iniquité de pouvoir qui a initialement été réfléchi en opposant les genres. Il est cependant aujourd’hui reconnu que ces dynamiques peuvent prendre différentes formes, en fonction des caractéristiques des partenaires impliqués selon la diversité sexuelle ou culturelle, par exemple.
L’approche intersectionnelle considère les croisements entre les différentes réalités identitaires comme potentialisant les sources de privilège ou de discrimination et de tension entre les individus. Elle permet de réfléchir au contrôle coercitif de manière inclusive et pourrait aiguiller le choix des interventions d’aide et de soutien à mobiliser auprès des victimes pour qu’elles soient mieux adaptées à leurs réalités, en plus de faciliter l’accès aux services pour des populations aux origines et aux identités diverses.
Ce projet a pour objectif de recenser l’ensemble des données scientifiques disponibles sur le contrôle coercitif afin de documenter ses manifestations et sa prévalence dans différents contextes d’intersectionnalité (femme blanche hétérosexuelle versus femme noire bisexuelle, par exemple; de recenser les pratiques d’intervention inclusives ainsi que les programmes d’aide et de soutien destinés aux victimes, et, finalement, de répertorier les éléments faisant obstacle ou favorisant l’accès aux services pour toutes les personnes. Le projet a également pour but de rendre ces données utiles grâce aux outils développés (une campagne de sensibilisation, par exemple).
Cette recension sera menée conformément aux meilleures pratiques. Mener ce projet permettra d’informer la population des manifestations spécifiques du contrôle coercitif dans différents contextes d’intersectionnalité et les intervenantes et intervenants des interventions et des programmes d’aide et de soutien inclusifs à mobiliser auprès des victimes. Ce projet ciblera aussi les barrières à éliminer pour permettre aux personnes présentant des caractéristiques minoritaires d’avoir un accès équitable aux services offerts en violence conjugale. Finalement, ce projet soutiendra l’orientation et le développement de politiques adaptées aux principes d’équité, de diversité et d’inclusion.