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Fatigue émotionnelle dans les services de garde

Une étude révèle que la fatigue du personnel éducatif est responsable de la pénurie de main-d’œuvre en petite enfance.

26 mai 2025 à 14 h 40

Une étude réalisée par les professeures Kathleen Bentein (organisation et ressources humaines) et Nathalie Bigras (didactique) révèle que la fatigue émotionnelle du personnel éducatif est responsable de la pénurie de main-d’œuvre dans les services de garde au Québec. Parmi les éducatrices qui abandonnent la profession, 50 % quittent après une ou deux années de service.

Cette recherche a été menée en collaboration avec le Service aux collectivités (SAC), la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), dans le cadre du projet sur la fidélisation et l’attraction des nouvelles recrues en petite enfance (FARE). S’inscrivant dans la foulée du Protocole d’entente UQAM/CSN/CSQ/FTQ, elle a été effectuée à la demande de la CSQ et de la FIPEQ-CSQ.

Menée auprès de 244 intervenantes dans les Centres de la petite enfance (CPE) et responsables en service éducatif en milieu familial, à l’emploi depuis moins de 18 mois, l’étude montre que les demandes globales, la charge de travail et les exigences émotionnelles entraînent une grande fatigue, qui incite les travailleuses à quitter leur milieu de travail. Elle souligne également que les exigences physiques et le fait de se sentir compétente, autonome et bien entourée ne sont pas associés à l’intention de quitter l’emploi.


RECOMMANDATIONS

Kathleen Bentein et Nathalie Bigras soulignent l’importance d’adopter des mesures concrètes afin de favoriser la rétention et l’attraction du personnel. À cette fin, elles formulent une série de recommandations à l’intention du gouvernement et des directions des services éducatifs.

Réduire la fatigue émotionnelle

L’étude propose de mieux encadrer la charge de travail en assurant une meilleure répartition des tâches, en respectant les périodes de pause, en mettant en place des moyens de soutien de la part de la direction ainsi qu’un réseau de partage pour briser l’isolement. On recommande également de développer les compétences relationnelles et émotionnelles des travailleuses par la formation continue.

Améliorer le processus d’accueil et de formation

La recherche recommande, notamment, de prévoir du temps pour un accueil formel des nouvelles personnes embauchées, de mettre en place un système de mentorat ou de jumelage et de renforcer le sentiment d’appartenance grâce à des groupes d’échanges, du travail en cohorte et des activités sociales.

Favoriser un climat de collaboration

On propose de multiplier les occasions d’interaction entre les éducatrices, d’encourager le travail en duo, de créer un climat de sécurité psychologique où les intervenantes peuvent exprimer leurs besoins sans crainte, de sensibiliser les intervenantes et les gestionnaires aux diverses formes de discrimination et de promouvoir la diversité comme facteur de créativité.

Offrir de meilleures conditions de travail

L’étude recommande d’offrir un salaire compétitif et des conditions de travail attractives, qui reflètent la valeur du travail en petite enfance, et de soutenir la formation et les apprentissages organisationnels en créant des occasions de développement professionnel aux éducatrices et aux gestionnaires.