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L’éducation muséale pour favoriser la réussite des jeunes défavorisés

Anik Meunier et son équipe travaillent sur un projet de musée-école en Estrie.

Par Jean-François Ducharme

21 mars 2025 à 9 h 32

Mis à jour le 25 mars 2025 à 14 h 22

À Stanstead, en Estrie, le taux de diplomation au secondaire est de 52 %, soit près de 30 points sous la moyenne provinciale. Afin d’améliorer la réussite des élèves de cette région rurale défavorisée, le Musée Colby-Curtis de la Société historique de Stanstead a eu l’idée de proposer aux écoles locales un programme d’éducation muséale. «Le directeur du musée nous a contactés en raison de notre expertise dans le domaine de l’éducation muséale et des projets musées-écoles», explique Anik Meunier, professeure titulaire au Département de didactique et aux cycles supérieurs en muséologie et directrice du Groupe de recherche sur l’éducation et les musées (GREM).

En 2022, le GREM a coordonné un projet de musée-école qui jumelait l’école Le Vitrail, dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie, à quelques établissements muséaux montréalais, dont le Musée d’art contemporain, le Musée des beaux-arts de Montréal, la Fondation PHI, le Planétarium d’Espace pour la vie, le Musée de la santé Armand-Frappier et le Musée des maîtres et artisans du Québec.

Grâce au projet «Impact social d’un programme éducatif muséal innovant pour des enfants défavorisés», les élèves de deux écoles primaires de la ville de Stanstead – l’école francophone Jardin-des-Frontières et l’école anglophone Sunnyside – pourront participer, sur une base régulière, à un programme éducatif intégrant des activités conçues spécialement pour eux par le Musée Colby-Curtis. Le projet a obtenu une subvention de 200 000 $ sur trois ans du programme Développement de partenariats du CRSH. La coordonnatrice du GREM Julie Rose, le professeur du Département de communication sociale et publique Jean-Marie Lafortune et plusieurs étudiantes et étudiants en muséologie et en éducation de l’UQAM collaborent aussi au projet.

Au cœur de la réussite éducative

Au Québec, les premières versions des musées-écoles remontent aux musées scolaires dès la fin du 19e siècle. Les projets de musées-écoles sont en plein essor à travers le monde depuis une dizaine d’années. Le concept consiste à établir des partenariats entre des écoles et des musées, de lier le curriculum scolaire au musée, de réaliser des visites fréquentes et échelonnées dans le temps, d’adopter une approche pédagogique interdisciplinaire, d’engager la participation des enseignants et de présenter les travaux des élèves lors d’une exposition. «Plusieurs recherches démontrent une corrélation entre la fréquentation muséale soutenue et la diplomation au secondaire», affirme Anik Meunier.

Le programme éducatif implanté par le Musée Colby-Curtis s’intitule Des diplômes pour Stanstead. «L’équipe du musée sera entièrement autonome dans la création d’activités, souligne Julie Rose. Notre rôle consiste à concevoir un protocole de recherche en cocréation avec l’équipe du musée afin de rendre compte des impacts de ce programme sur l’engagement des élèves et leur réussite éducative.»

Quelles activités ont le plus de succès auprès des jeunes? «Toutes les thématiques fonctionnent!», affirme la coordonnatrice du GREM. Selon elle, le seul fait d’apprendre des choses ailleurs qu’à l’école, à la bibliothèque ou sur Internet, est stimulant. «Les jeunes aiment toucher des objets, parler à des humains qui sont experts de leur domaine, prendre le temps de s’approprier les espaces, dit-elle. Plusieurs aiment tellement venir au musée qu’ils convainquent leurs parents de venir avec eux.»

Le projet débouchera également sur la production d’un guide à l’intention des musées et des écoles qui souhaiteraient établir des partenariats de musée-école. «Nous croyons fermement que les musées-écoles ont le potentiel d’augmenter le taux de diplomation et de favoriser la réussite éducative des élèves», conclut Anik Meunier.