Deux projets de recherche menés à l’UQAM ont reçu une subvention dans le cadre du programme de recherche sur la prévention du suicide du Fonds de recherche du Québec (FRQ). Ces projets visant les jeunes femmes et les personnes ainées sont menés par la professeure du Département de psychologie Cécile Bardon et par son collègue Brian L. Mishara. Ils ont été sélectionnés, avec quatre autres projets, afin d’appuyer le ministère de la Santé et des Services sociaux, le réseau et leurs partenaires dans la sensibilisation aux moyens pour prévenir le suicide et les idées suicidaires ainsi que dans le développement de pratiques innovantes de prévention adaptées au contexte québécois. Le financement des deux projets totalise plus de 420 000 dollars sur trois ans.
Comprendre et prévenir la détresse et les comportements suicidaires chez les étudiantes du collégial
Chercheuse : Cécile Bardon
Montant de la subvention : 224 560 $ sur trois ans
Les comportements suicidaires (CS) étant en hausse chez les jeunes femmes de 14 à 34 ans, des programmes de prévention de la détresse et des CS adaptés à leurs besoins doivent être déployés. Environ 50 % des jeunes femmes de 17 à 34 ans fréquentent les cégeps à un moment ou un autre, et elles constituent 58 % des cégépiens. Il est donc pertinent de collaborer avec les cégeps pour développer, implanter et pérenniser une stratégie intégrée de prévention de la détresse et du suicide (SIPDS) basée sur les données probantes à tous les niveaux du continuum de la prévention et intégrant une analyse rigoureuse des besoins des étudiantes.
Selon les données de la dernière année, les étudiantes et étudiants collégiaux présentent des taux élevés d’idéations suicidaires (11 à 34 %) et de tentatives de suicide (1,6 à 2,6 %), mais les données contradictoires en ce qui concerne la répartition entre les genres ne permettent pas de bien comprendre les comportements suicidaires spécifiques des étudiantes. Au-delà des facteurs psychosociaux communs à la population générale, plusieurs facteurs associés à ces comportements semblent spécifiques au milieu collégial (transitions de milieux et développementales, éloignement des proches, exigences scolaires, charge de travail, par exemple) et particulièrement présents chez les étudiantes.
Il existe une riche littérature scientifique sur des activités de prévention du suicide en milieu collégial, mais celle-ci est centrée principalement sur des programmes spécifiques (sentinelles, éducation, repérage) et ne permet pas d’identifier les mesures plus adaptées aux besoins des étudiantes au sein d’un continuum de prévention. Le Québec dispose également d’un plan d’action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (PASME) et d’une stratégie nationale de prévention du suicide (Rallumer l’espoir) sur lesquels s’appuyer pour construire des SIPDS chez les étudiantes. Cependant, l’arrimage des recommandations et données probantes aux besoins des cégépiennes et des milieux semble poser des défis importants.
À travers l’intégration des savoirs expérientiels des étudiantes, des personnes professionnelles et des savoirs scientifiques, le projet vise à coconstruire une SIPDS pour les étudiantes en milieu collégial, répondant aux besoins et lacunes identifiés ainsi qu’un Outil-SIPDS permettant des adaptations locales à chaque cégep en fonction des spécificités des étudiantes et du milieu.
Recension des écrits, validation des recommandations dans le contexte québécois et transfert des connaissances pour prévenir les idées suicidaires et les tentatives de suicide chez les personnes aînées de 65 ans et plus au Québec
Chercheur : Brian L. Mishara
Montant de la subvention : 200 000 $ sur trois ans
L’objectif ultime de ce projet de recherche est de contribuer à la mise en œuvre de pratiques novatrices en prévention du suicide et de la détresse psychologique des personnes âgées de 65 ans et plus dans le contexte québécois. Il sera divisé en trois volets d’activités.
Le premier volet consistera en une recension des recherches publiées sur la détresse et la prévention du suicide chez les personnes âgées de 65 ans et plus ainsi que de la littérature grise (incluant les rapports du gouvernement du Québec, du gouvernement fédéral, des autres pays et organismes, et les guides de bonnes pratiques).
Les conclusions de la recension et l’analyse de leur pertinence pour une mise en œuvre au Québec seront validées par processus consultatif dans le cadre du deuxième volet. L’équipe procédera à une consultation dans toutes les régions du Québec, en partenariat avec l’Association québécoise de prévention du suicide et d’autres organismes provinciaux, en menant des groupes de discussion. Ces consultations permettront de prendre en compte l’opinion des intervenants, gestionnaires et planificateurs régionaux pour répondre à la question suivante: quelles pratiques prometteuses, parmi celles identifiées dans la recension, sont les plus pertinentes dans le contexte québécois, et comment procéder à leur adaptation et leur implantation?
Le troisième volet vise la mobilisation des connaissances, selon le modèle de transfert de connaissances développé et couramment utilisé par le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE) pour la mise en œuvre de bonnes pratiques en prévention du suicide au Québec. Les activités incluront une série de webinaires sur les actions identifiées pour différentes catégories d’utilisateurs potentiels; la tenue de l’Institut d’été annuel du CRISE sur les nouvelles actions potentielles en prévention du suicide pour les aînés et le développement d’une section du site web du CRISE pour partager les informations et outils identifiés. En collaboration avec l’Association québécoise de prévention du suicide, une tournée sera programmée dans les régions du Québec pour rencontrer des intervenants, planificateurs et utilisateurs des services afin de partager les conclusions de la recherche.