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Une banque d’images en santé mentale unique au Canada

Visuallys explore le pouvoir de l’image pour modifier les représentations sociales.

Par Jean-François Ducharme

9 mai 2024 à 11 h 07

La première banque d’images en santé mentale au Canada a officiellement été lancée le 8 mai dernier, au pavillon Sherbrooke, à l’occasion de la Semaine de la santé mentale. Comprenant 250 images, Visuallys vise à contrer les stéréotypes et à influencer positivement les émotions et les jugements touchant la santé mentale.

Le projet, qui bénéficie d’un financement de près de 200 000 dollars du CRSH, est mené par la Chaire de recherche stratégique en design pour la cybersanté mentale (Chaire Diament), dont le titulaire est le professeur de l’École de design Stéphane Vial. Sa collègue Janice Nadeau, des chercheuses et chercheurs de l’Université du Québec en Outaouais et de l’Université Laval de même que quatre organismes partenaires (l’Association québécoise de prévention du suicide, l’organisme Relief – le chemin de la santé mentale, l’Ordre des psychologues du Québec et le journal Le Devoir) collaborent au projet.

Louise Paradis, professeure de design à l’Université Laval, Valérie Yobé, professeure en arts et cultures à l’UQO, Sana Boudhraâ, professionnelle de recherche à la Chaire Diament, Johana Monthuy-Blanc, professeure à l’UQTR et directrice de l’équipe Loricorps, Stéphane Vial, professeur à l'École de design et titulaire de la Chaire Diament, Florence Boucher, étudiante en design à l’Université Concordia, et Camille Reynaud, étudiante à la maîtrise à l'École de design. Photo: Jean-François Hamelin

Durant la soirée, plusieurs panels étaient organisés en présence, notamment, de Christian Agbobli, vice-recteur à la Recherche, à la création et à la diffusion, d’Annie Beaudin, directrice clinique de Relief – Le chemin de la santé mentale, et de Christine Grou (Ph.D. psychologie, 1992), présidente de l’Ordre des psychologues du Québec et lauréate du prix Reconnaissance de la Faculté des sciences humaines en 2017.

Déconstruire les préjugés

Les représentations sociales des maladies mentales évoluent lentement. «Même si les esprits ont changé depuis le milieu du 20e siècle, les croyances négatives, les préjugés, l’incompréhension et l’ignorance à l’égard des maladies mentales demeurent importants», souligne Stéphane Vial.

Dans les initiatives de communication visant à faire connaître les faits et à encourager les attitudes positives, les questions de santé mentale sont le plus souvent formulées par des moyens textuels. «Les images sont pourtant une porte d’entrée plus intuitive pour aborder des sujets complexes, affirme le titulaire de la Chaire DIament. L’image véhicule des émotions et nos jugements sont inséparables de celles-ci.»

L’équipe de recherche du projet Visuallys estime que le déficit visuel en santé mentale contribue à entretenir l’opacité sur les questions de santé mentale et à nourrir la stigmatisation. «L’originalité de notre projet est de développer une approche visuelle subtile en santé mentale, loin de la pauvreté et superficialité de l’offre actuelle, qui verse trop souvent dans les clichés et les stéréotypes, indique Stéphane Vial. Pour améliorer l’accès aux soins, il faut agir aussi en amont sur les représentations, les émotions et l’imaginaire.»