Le professeur du Département d’histoire Benjamin Deruelle est le directeur d’une nouvelle collection d’ouvrages intitulée Histoire de l’Europe, dont le premier volume, Histoire de l’Europe Vol. 1. Origines et héritages. De la préhistoire au Ve siècle, vient de paraître aux éditions Passés composés. Trois autres tomes sont annoncés: La naissance de l’Europe? Ve – XVe siècle pour 2025, suivi de L’épreuve des modernités – XVe – début XIXe siècle, en 2026, et de Face aux globalisations – XIXe – XXIe siècle, en 2027. Chaque volume comprendra une riche iconographie et une quarantaine de cartes inédites.
Benjamin Deruelle a eu l’idée de cet ambitieux projet en 2019, après avoir été sollicité pour donner un cours dédié à l’histoire du Vieux Continent. «Je me suis aperçu qu’il existait peu d’ouvrages sur le sujet, a-t-il confié au magazine français Livres Hebdo. On commençait à voir apparaître des histoires mondiales, mais les histoires européennes se réduisaient la plupart du temps à une collection d’histoires nationales, renvoyant la responsabilité de la synthèse au seul lecteur.»
La nécessité de proposer une histoire qui englobe l’Europe dans toutes ses dimensions, politiques, culturelles, religieuses ou géographiques, est apparue avec d’autant plus d’évidence que, vue d’outre-Atlantique, l’histoire européenne prend une dimension quasi exotique, explique le professeur. «Sur le continent américain, les étudiants n’ont pas cette culture nationale européenne et disposent d’une assez faible connaissance de l’histoire de l’Europe en général, ce qui les pousse à privilégier une approche plus globale.»
Quand naît l’idée d’Europe? À quelle période apparaissent les valeurs et les structures considérées aujourd’hui comme ses fondements? L’Antiquité, le Moyen Âge ou l’époque moderne nous ont-ils légué le libéralisme, la démocratie, l’égalité entre les peuples et les individus? Pour répondre à ces questions, la collection d’ouvrages se penchera sur l’émergence, la construction et l’évolution de l’Europe vue aujourd’hui comme un ensemble homogène.
Dans le premier volume de la série, dirigé par la professeure de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Violaine Sebillotte, avec la collaboration des historiens Anca Dan, Jean-Paul Demoule, Antoine Pietrobello et Lucia Rossi, c’est l’idée même d’une naissance de l’Europe en tant qu’entité constituée au Moyen-Âge chrétien qui est battue en brèche. Les auteurs y rappellent à quel point la préhistoire et l’Antiquité (celte, romaine, phénicienne ou grecque) font «partie intégrante de l’imaginaire des Européens du 21e siècle».
La même logique guidera les tomes suivants, avec pour fil conducteur l’idée que la notion d’Europe a toujours fluctué à travers les époques. «Nous voulons rendre à l’Europe sa complexité et sa profondeur», résume Benjamin Deruelle.
Lauréat du Prix d’excellence en recherche – Jeune chercheur 2023 de la Faculté des sciences humaines, le professeur est directeur du Groupe de recherche en histoire de la guerre. Il a signé et cosigné de nombreux ouvrages et articles, dont De la violence à l’extrême. Discours, représentations et pratiques de la violence chez les combattants (15e-21e siècle) (Hermann, 2021), et a collaboré à Mondes en guerre (Passés composés, 2019-2021). Benjamin Deruelle codirige les collections Guerre et paix aux Éditions de la Sorbonne et War Studies aux Presses universitaires du Septentrion.