Les premières Rencontres internationales de Montréal sur l’éducation en prison se tiendront à l’UQAM du 16 au 18 octobre prochain, lors de la Semaine nationale de la réinsertion sociale. «Ce colloque permettra de lier deux champs de recherche appliquée et d’intervention, qui partagent l’objectif de contribuer à la réinsertion sociale des personnes incarcérées, mais qui fonctionnent souvent en silo: d’une part, celui de la recherche en criminologie et, d’autre part, le domaine de l’éducation», souligne Virginie Thériault, professeure au Département d’éducation et formation spécialisées.
L’événement est organisé par la Chaire UNESCO de recherche appliquée pour l’éducation en prison, qui existe depuis 2009 au Cégep Marie-Victorin. «Cette chaire a été créée à l’initiative du professeur de l’UQAM Paul Bélanger, aujourd’hui retraité, qui était à l’époque directeur de l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie», précise l’enseignant en sociologie au Cégep Marc-André Lacelle (M.A. sociologie, 2001; B.A. philosophie, 1995), qui est aussi conseiller au développement et à la recherche de la Chaire.
Le Cégep Marie-Victorin développe depuis plus de 50 ans une expertise unique au Québec en matière d’enseignement dans les milieux carcéraux. «Le mandat de la Chaire est à la fois local et international afin de lancer des programmes de formation, de diffuser les recherches sur l’éducation en prison et de créer des espaces de discussion comme ces premières Rencontres internationales», précise Marc-André Lacelle.
L’événement réunira, au travers de présentations, affiches, panels et tables rondes, des intervenantes et intervenants de divers horizons. «Nous attendons un peu plus de 100 participantes et participants en provenance d’une quinzaine de pays des cinq continents, qui partageront avec le public leurs pratiques et recherches sur l’éducation en milieu carcéral, note Virginie Thériault. Il y aura des praticiennes et praticiennes de l’éducation en prison, des représentantes et représentants d’institutions carcérales, des chercheuses et chercheurs universitaires et collégiaux ainsi que des étudiantes et étudiants au doctorat et au postdoctorat.»
Conférencières et conférenciers invités
Parmi les conférenciers invités, on note la participation de Cormac Behan, professeur à la School of Law and Criminology de l’Université de Maynooth, en Irlande, qui prononcera la conférence d’ouverture du 16 octobre («Le pouvoir transformateur de l’éducation en prison: droits, défis et opportunités»); Corinne Rostaing, professeure de sociologie à l’Université Lumière Lyon 2, qui donnera la conférence d’ouverture du 17 octobre i(«Apprendre en prison: une possibilité de retrouver de la dignité dans une institution dégradante?»); et Mneesha Gellman, professeure associée de science politique au Marlboro Institute for Liberal Arts and Interdisciplinary Studies de l’Emerson College, à Boston, qui clôturera la deuxième journée («Libérer l’apprentissage: l’impact sociétal de l’éducation en prison»). Une traduction simultanée est offerte durant l’événement, qui se déroulera autant en français qu’en anglais.
L’enquêteur correctionnel du Canada et président du Groupe sur la supervision externe des prisons et les droits de l’Homme à l’Association Internationale des Corrections et Prisons, Ivan Zinger, participera à l’événement, auquel assistera également la directrice générale de la Sûreté du Québec, Johanne Beausoleil.
Le directeur général du Cégep Marie-Victorin, Louis Gendron, prononcera une allocution avant la soirée d’ouverture, le 16 octobre, en compagnie de la vice-présidente, recherche, et directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Société et culture, Louise Poissant, et de la doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation, Annie Dubeau.
Donner une voix à toutes et à tous
Ce colloque souhaite donner une voix, entre autres, aux personnes judiciarisées et ex-judiciarisées. «Il y aura, à cet effet, une exposition interactive réalisée par le collectif Art Entr’Elles, un organisme artistique regroupant des femmes judiciarisées et des artistes professionnelles dans un processus de collaboration artistique», souligne Virginie Thériault.
Ce premier colloque international sur l’éducation en prison vise également à valoriser les pratiques d’éducation non formelles et les apports des communautés autochtones dans l’accompagnement des personnes incarcérées et dans les processus de réinsertion sociale, souligne Marc-André Lacelle. «Au Canada comme ailleurs dans le monde, notamment en Australie, les personnes issues des communautés autochtones sont surreprésentées dans les prisons, observe-t-il. Or, il est important d’ouvrir la discussion de l’éducation en prison non seulement en ce qui concerne les programmes de formation menant à l’obtention d’un diplôme, mais aussi au sujet des autres formes d’accompagnement et de soutien permettant, par exemple, de reconstruire son identité ou de surmonter des traumatismes.»
Outre la professeure Virginie Thériault, son collègue Jean-Pierre Mercier ainsi que le professeur associé du Département de sociologie Pierre Doray ont été impliqués dans l’organisation de l’événement du côté de l’UQAM. Les autres partenaires de l’événement sont l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie, l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes, la Société de criminologie du Québec et l’Association des services de réinsertion sociale du Québec.