La Galerie de l’UQAM présente Inventaires d’une collection, une exposition qui raconte l’histoire de la Collection d’œuvres d’art de l’Université à partir des inventaires qui l’ont constituée et structurée au fil du temps. Elle met en évidence la vie des objets, leur provenance, parfois même leur disparition ou leur destruction.
Les inventaires sont de précieux témoins de la manière dont une collection se crée, s’enrichit, se transforme, s’expose. En regroupant une centaine de documents d’archives et d’œuvres de la Collection, l’exposition révèle des histoires souterraines, depuis les premiers objets rassemblés dans les espaces de l’École des beaux-arts de Montréal entre 1923 et 1969 jusqu’aux plus récentes acquisitions.
En place jusqu’au 18 janvier 2025, l’exposition a été préparée par une équipe curatoriale composée de Lisa Bouraly, doctorante en muséologie, médiation et patrimoine à l’UQAM et à Paris 8, Marie Fraser, professeure au Département d’histoire de l’art, et Louis-Charles Lasnier, professeur à l’École de design, dans le cadre des activités du partenariat Des nouveaux usages des collections dans les musées d’art du Groupe de recherche CIÉCO.
Plus de 4 000 œuvres et objets
Comment aborder une collection de plus de 4 000 objets et œuvres d’art? Placée au centre de la Galerie, une table rassemble les archives avec lesquelles l’équipe curatoriale a conçu l’exposition, montrant du même coup le travail réalisé au fil du temps pour classer, décrire et localiser les objets. Dix inventaires sélectionnés sont présentés comme des marqueurs de temps, des passeurs permettant de rendre visible la collection. On peut voir la transformation matérielle qu’a subi l’inventaire à travers les années: des listes manuscrites ou des tapuscrits annotés à la main, des diapositives, des photographies argentiques noir et blanc ou des photographies couleur, des fiches d’œuvres rangées dans des boites ou des cartables, jusqu’aux bases de données numériques.
Pensée comme un exercice collaboratif, cette exposition cherche à faire coexister plusieurs voix et à susciter des rencontres improbables entre les œuvres d’art. Dans cet esprit, l’équipe curatoriale a invité des artistes et des commissaires à entrer en dialogue avec l’inventaire en leur proposant de choisir un objet, générant une polyphonie qui résonne avec l’idée même de collection.
L’héritage de l’École des beaux-arts de Montréal
Lors de sa création, en 1969, l’UQAM a hérité de la collection de l’École des beaux-arts de Montréal, rassemblant des objets d’art d’époques et de provenances diverses, dont près de 3 000 gravures d’étudiantes et étudiants de l’atelier d’Albert Dumouchel. Un premier espace est attribué à cette collection sur la rue Sant-Urbain, lors de la création de la Galerie de l’UQAM en 1975, avant que celle-ci soit aménagée au pavillon Judith-Jasmin, nouvellement construit en 1979. Divers gestes sont successivement posés dans le but de documenter et de développer la collection de l’UQAM, guidés par une politique d’acquisition rigoureuse et un inventaire mis à jour annuellement.
En parallèle, la Galerie de l’UQAM développe depuis 2009 un cabinet de curiosités unique au Canada: la Petite collection. Elle comprend un ensemble d’objets multiples produits par des artistes de réputation nationale et internationale, le plus souvent numérotés, signés et en éditions limitées. Ce corpus incite à considérer des objets de statuts différents, à ouvrir la recherche sur une grande variété d’artistes partout dans le monde et à réfléchir à de nouveaux modes d’exposition.
La Collection de l’UQAM comprend plusieurs œuvres et objets créés par divers artistes réputés, tels que David Altmejd (B.A. arts visuels, 1998), Marcel Barbeau, Dominique Blain, Shary Boyle, Raphaëlle de Groot (M.A. arts visuels et médiatiques, 2007), Chantal duPont, Pierre Gauvreau, Gilbert & George, la professeure associée Angela Grauerholz (design), Serge Lemoyne, Alfred Pellan, Françoise Sullivan et Claude Tousignant.
Se relier au monde
Dans la petite salle, la Galerie de l’UQAM accueille À propos de la parole, une exposition de Sarah-Jeanne Landry, finissante à la maîtrise en arts visuels et médiatiques. Cette exposition représente l’aboutissement de ses recherches sur les possibilités de documenter la micro-performance par le texte, d’un point de vue subjectif, et de donner forme aux archives du soi dans une série de livres d’artiste.
«La capacité de parler me quitte, parfois, dit Sarah-Jeanne Landry. Pour comprendre ce qu’il en est de cette fuite, je me suis enregistrée presque tous les jours pour réfléchir à mon rapport à la parole.»
L’exposition prend la forme d’une œuvre-archive où la mise en scène de soi est traitée dans une optique de transparence et de vulnérabilité radicale. Une série de 38 livres d’artiste, disposés sur une grande table, compilent les verbatims des enregistrements réalisés par Sarah-Jeanne Landry. Chacun des livres aborde un aspect précis du rapport complexe de l’artiste à la parole. S’y déploie un langage hachuré, rempli de silences auxquels succèdent des considérations intimes sur la relation aux mots, sur la forme que prennent les pensées en émergence et sur la difficulté d’entrer en relation avec le monde.
S’inscrivant dans les recherches de l’étudiante sur les protocoles performatifs auto-ethnographiques et sur la possibilité d’en faire le récit par le livre d’artiste, l’exposition À propos de la parole est également présentée jusqu’au 18 janvier 2025.
La pratique artistique de Sarah-Jeanne Landry se situe au carrefour de la performance, de la littérature et de l’art conceptuel. Présentées au Canada et en Allemagne, ses œuvres seront bientôt exposées aux centres d’artistes Arprim, à Montréal, et Regart, à Lévis.
Activités publiques à la Galerie
Une visite commentée de l’exposition Inventaires d’une collection est organisée avec l’équipe curatoriale, le 19 novembre, de 17 h 30 à 18 h 30.
Un colloque, La collection est-elle une ressource ou un fardeau?, aura lieu au pavillon Judith-Jasmin (local J-1450) les 22 et 23 novembre. Il sera précédé d’une conférence d’ouverture au Musée des beaux-arts de Montréal (Auditorium Maxwell-Cummings), le 21 novembre à 17 h 30.
Les 26 novembre, 12 décembre et 8 janvier prochains, une personne médiatrice de la Galerie sera présente dans les salles, de 12 h 30 à 13 h 30, pour discuter avec le public.
Dans le cadre de la série L’art observe, la Galerie invite le public à une rencontre avec Sarah-Jeanne Landry, le 27 novembre, de 17 h 30 à 18 h 30. L’étudiante lira des extraits de textes issus des livres d’artiste présentés dans l’exposition. Elle parlera également de sa démarche ainsi que des recherches entreprises durant son parcours à la maîtrise.