Le soir de l’Halloween, les rues seront remplies d’enfants déguisés en sorcières pour sonner aux portes et amasser des bonbons. Sur le web et les médias sociaux, les sorcières et autres phénomènes ésotériques sont populaires tout au long de l’année. Les vidéos mettant en vedette des WitchTok – des sorcières sur la plate-forme TikTok – obtiennent des millions, voire des milliards de vues. Sur Facebook, les groupes dédiés à l’astrologie, au tarot et à la chiromancie se multiplient, alors que sur le web, les blogues ésotériques pullulent.
«Les pratiques ésotériques sont bien établies depuis des siècles, mais l’arrivée d’Internet a donné un nouveau souffle à ces pratiques, commente Megan Bédard, étudiante au doctorat interdisciplinaire en études sémiotiques et chercheuse spécialisée en culture populaire. Tous ces savoirs occultes et alternatifs qui s’acquièrent en dehors des institutions traditionnelles ont du succès dans le monde virtuel.»
Selon la doctorante, la raison pour laquelle les sciences occultes sont si populaires ne change pas: «Beaucoup de gens utilisent ces symboles pour trouver un sens à certaines aspects de leur vie, comme leurs relations interpersonnelles.»
Sorcellerie et conspirationnisme
Durant la pandémie, la chercheuse a observé un croisement entre les phénomènes de sorcellerie et les théories conspirationnistes, à la fois sur Facebook et sur TikTok. «On voyait cela surtout sur les pages de médecine alternative et de mouvements anti-vaccins», note la doctorante.
La montée de TikTok a donné encore plus de visibilité aux adeptes de sorcellerie. L’aspect performatif que l’on observe principalement sur TikTok est relativement nouveau, souligne la chercheuse. «Dans les vidéos de WitchTok, les sorcières se mettent en scène en misant sur une atmosphère propice à la sorcellerie, avec des cristaux, des bocaux et des plantes, affirme Megan Bédard. Pour plusieurs, ces vidéos sont une façon de monétiser des services, comme le tirage de cartes de tarots ou la lecture des lignes de la main.»
Comme dans le monde réel, beaucoup de médiums sur le web font de l’argent en exploitant émotionnellement les personnes en période de crise, conclut la chercheuse.