Polytechnique, 35 ans plus tard
Dans cette édition revue et augmentée de son ouvrage paru en 2009 sous le titre «J’haïs les féministes!», la professeure associée à l’Institut de recherches et d’études féministes Mélissa Blais offre un panorama inédit des interprétations antagonistes de la tuerie survenue le 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal, durant laquelle 14 jeunes femmes ont été assassinées parce qu’elles étaient des femmes. À travers un examen minutieux des discours médiatiques, des commémorations et d’œuvres culturelles, dont le film Polytechnique et la pièce Projet Polytechnique, et grâce à des décennies de recherche et de militantisme, l’autrice présente dans L’attentat antiféministe de Polytechnique les analyses féministes élaborées au fil du temps, et les controverses qu’elles ont suscitées. «Retravailler ce manuscrit me fait vivre la tristesse qui m’habite chaque 6 décembre, lorsque je pense aux 14 victimes. Malgré la lourdeur émotionnelle que provoque le remaniement du manuscrit, la lecture des 136 articles rassemblés pour cette nouvelle édition et le travail d’analyse entourant les 30 ans de commémoration m’ont permis de prendre acte des changements qui ont eu lieu depuis 2009, non seulement dans la mémoire collective, mais aussi en ce qui a trait au contexte social dans lequel évolue cette mémoire», écrit-elle. Publié aux Éditions du remue-ménage.
Regard d’une immigrante sur le Québec
Livre d’entretiens entre le professeur émérite du Département de philosophie Georges Leroux et la juriste Éthel Groffier, Un pays selon mon cœur offre un regard sur la société québécoise, son évolution et ses débats, du point de vue d’une immigrante qui a choisi Montréal comme port d’attache et qui s’est impliquée dans la défense de la culture et des institutions du Québec. Après des études de droit et un emploi dans une organisation internationale à Genève, Éthel Groffier quitte sa Belgique natale à 32 ans pour s’installer au Québec en 1967. Première femme professeure à temps plein de la Faculté de droit de l’Université McGill, elle y mène des recherches sur l’évolution du droit et de la terminologie juridique. Ses essais dans le domaine de l’histoire des idées, sur des sujets allant de l’encyclopédisme à l’appropriation culturelle, en passant par la crise de l’enseignement supérieur, illustrent sa défense d’une société québécoise ouverte sur le monde, au-delà des clivages identitaires. Concernant l’évolution des universités, Éthel Groffier ne recommande pas le retour à l’université d’antan axée principalement sur les cours magistraux et la formation théorique. Mais, dit-elle, à force de vouloir préparer les jeunes pour le monde du travail, l’université oublie l’essentiel: «apprendre à penser». Paru aux éditions Somme toute.
S’y retrouver avec les jeux vidéo pour enfants
Les jeux vidéo pour enfants polarisent le débat public depuis plusieurs années. La plupart des parents ont des discussions à ce propos, que ce soit avec leurs enfants ou leur entourage. Dans un contexte où les spécialistes parlent à la fois des dangers associés aux jeux vidéo et de leurs bienfaits, comment s’y retrouver? Est-il possible de répondre adéquatement aux désirs de ses enfants en matière de jeux vidéo tout en les supervisant? Les jeux vidéo pour enfants: bien les comprendre pour mieux les choisir brosse un portrait du paysage vidéoludique pour enfants en offrant des conseils pratiques, des informations descriptives et plusieurs recommandations. «L’objectif n’est pas de prendre position “pour ou contre” les jeux vidéo, mais plutôt de colliger, synthétiser et organiser l’information tirée de recherches actuelles sur le sujet. Nous souhaitons que cet ouvrage puisse offrir des repères et des points de départ à toute personne intéressée à réfléchir au phénomène et à mieux protéger les enfants, car ni l’industrie vidéoludique ni les gouvernements ne le font suffisamment», écrivent ses autrices et auteurs – la professeure du Département de communication sociale et publique Maude Bonenfant, le neuropsychologue et postdoctorant en communication Simon Delorme, la doctorante en communication Alexandra Dumont et le candidat à la maîtrise Cédric Duchaineau. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Partager la danse
Les professeures du Département de danse Johanna Bienaise et Manon Levac ont mené une importante étude il y a quelques années visant à répondre à la question suivante: comment les enseignantes et enseignants en danse créent-ils du contenu de formation? Les professeures ont sondé des chorégraphes et des artistes-enseignantes en milieu préprofessionnel et professionnel pour comprendre, entre autres, leur conception de la technique en danse, les stratégies pédagogiques utilisées, les qualités recherchées chez les interprètes et leur processus de création. L’ouvrage Partager la danse, paru sous la direction de ces deux professeures, est le fruit de leurs travaux de recherche. Il offre des réflexions pour les artistes de la danse et les aspirants danseurs et danseuses, présente une diversité d’expériences et de points de vue ouverts sur l’expérimentation et la découverte. De nombreuses Uqamiennes collaborent au livre, dont la doctorante Alice Bourgasser, les professeures Caroline Laurin-Beaucage et Kelly Keenan, la professeure associée Hélène Duval, les chargées de cours Emmanuelle Bourassa-Beaudoin, Erin Flynn, Zoey Gauld, Sara Hanley et Anne Thériault et la diplômée Nindy Banks-Pierre-Louis (B.A. danse, 2015). Publié aux Presses de l’Université Laval.
Défendre la vérité journalistique
En ces temps de désinformation, voici un ouvrage qui arrive à point nommé. Le diplômé Pascal Froissart (Ph.D communication, 1999), directeur du CELSA, ou École des hautes études en sciences de l’information et de la communication, de Sorbonne Université, est l’auteur de L’invention du fact-checking. Enquête sur la «Clinique des rumeurs». Boston, 1942-1943. L’histoire inédite qu’il retrace commence en 1942. Un professeur de l’Université Harvard, un de ses étudiants et une poignée de journalistes se lancent dans la lutte contre les rumeurs de guerre et créent une rubrique de fact-checking (vérification des faits) dans le quotidien The Boston Herald. Chaque semaine, une demi-douzaine de rumeurs sont décortiquées et démenties. Intitulée The Rumor Clinic, la rubrique fait les honneurs des actualités filmées, de la radio et de la presse en général. Pourtant, elle disparait brutalement en 1943. «Il faut alors se pencher sur les archives des services secrets américains pour comprendre ce que la fin de la rubrique leur doit», écrit Pascal Froissart. Celui-ci montre que la pratique du démenti médiatique, «source première de diffusion de ce que l’on veut cacher», comporte des risques. En nous plongeant dans les débuts du fact-checking, une pratique devenue courante aujourd’hui, l’ouvrage pose la question de la vérité journalistique. Paru aux Presses universitaires de France.
Analyse philosophique de l’immobilisme politique au Québec
À l’exception du Québec et de quelques îles des Antilles, toutes les colonies européennes des Amériques se sont pourvues de la souveraineté populaire afin de s’épanouir et de se rendre maîtres de leur destin. «Depuis l’échec des Patriotes de 1837-1838, et malgré leur révolution tranquille des années 1960, les Québécois ne se sont jamais réellement rendus jusqu’au politique dans leur projet national et sont restés bloqués à leur définition de groupement culturel sous l’autorité d’une autre nation, la nation canadienne, écrivent Jean-François Payette (B.A. science politique, 2004; M.A. relations internationales, 2006), chargé de cours au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM, et son père Roger Payette. Après des décennies de pourparlers constitutionnels, les Québécois ont choisi d’attendre toujours de l’autre les solutions à leurs problèmes.» Avec Le Québec et l’usure philosophique des nations et des hommes, les auteurs, qui avaient précédemment publié deux ouvrages sur des thèmes similaires – le suicide politique des Québécois (2013) et leur condition culturelle servile (2015) – tentent, cette fois-ci, de comprendre l’immobilisme politique du Québec sous l’angle philosophique. Ils s’inspirent de penseurs du Québec (Maurice Séguin, Hubert Aquin, Pierre Vadeboncoeur) et d’ailleurs (Sénèque, Éric Fromm, Simone Weil, Albert Camus), pour expliquer pourquoi le Québec connaît une condition d’inachèvement, une forme de paralysie morale dans la capacité d’agir tenant à son statut politique. Publié aux Presses de l’Université Laval.