À l’occasion de la rentrée, la Galerie de l’UQAM présente l’exposition collective Faux plis par hypothèses, sous le commissariat de Louise Déry, directrice de la Galerie, et de la diplômée Marie-Hélène Leblanc (Ph.D. études et pratiques des arts, 2024), directrice de la Galerie UQO, à l’Université du Québec en Outaouais. Ce projet, soutenu par le Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, met en lumière le rôle singulier des galeries universitaires et propose une réflexion sur la relation entre art et science.
Les 13 corpus d’œuvres sélectionnés par les commissaires sont déployés dans cinq espaces d’exposition et de recherche au Québec: la Galerie de l’UQAM, la Galerie UQO, la Galerie l’Œuvre de l’Autre, à l’Université du Québec à Chicoutimi, la Galerie d’art Foreman, à l’Université Bishop’s, et les Jardins de Métis.
Faux plis par hypothèses rend compte de l’engagement des galeries universitaires à explorer des enjeux qui mobilisent le champ artistique et dont bon nombre font écho à des problématiques liées aux questions de langues, d’identités, de territoires, de structures et d’institutions, souvent partagées par plusieurs secteurs de la recherche scientifique (sciences pures et sociales).
Pour Louise Déry et Marie-Hélène Leblanc, la galerie universitaire est ce lieu où, au croisement des savoirs artistiques et scientifiques, des initiatives audacieuses font éclater les idées reçues et font émerger de nouvelles formes et postures de recherche. La Galerie de l’UQAM et la Galerie UQO participent à ce décloisonnement disciplinaire en invitant des artistes et en exposant des œuvres qui proposent des raccords féconds avec des contenus scientifiques.
La notion de faux plis
Le projet s’appuie sur la notion de faux plis, considérés ici comme des biais parfois imposés, acquis ou transmis. Ces faux plis, présents dans le contexte universitaire, s’infiltrent dans la recherche et la création. Comment les identifier, les défaire, les transformer ?
La démarche appelle également la reconnaissance des expertises des chercheurs et chercheuses (artistes ou scientifiques), soumises à des fragilités nombreuses, notamment en ce qui concerne la hiérarchisation des savoirs et la liberté intellectuelle, et confrontées au fonctionnement bureaucratique des institutions. «En même temps que se multiplient les alliances fructueuses, les maillages intersectoriels et les pollinisations nouvelles entre les multiples champs de la recherche, des faux plis se faufilent et parfois s’incrustent, obligeant à une forme de louvoiement et à une possible résistance quand il s’agit d’y confronter une conception de moins en moins lisse des sciences et des arts dans toute leur arborescence», observent les commissaires.
À propos des artistes
L’exposition à la Galerie de l’UQAM se déroule du 6 septembre au 26 octobre prochains. Elle présente un dispositif exposant les créations de l’ensemble des participantes et participants au projet ainsi que les œuvres des cinq artistes suivants:
La pratique conceptuelle de Caroline Fillion repose sur des conjonctions symboliques ou des métaphores qui contestent, détournent ou transgressent les postulats traditionnels du milieu de l’art. Elle propose une réflexion sur les méthodes de légitimation de l’art à travers ses institutions et sur le rapport entre l’œuvre, l’artiste et le commentaire qui les précède.
Artiste, autrice, cinéaste et chercheuse indépendante, Maryse Goudreau réalise des œuvres où se croisent images, documents, gestes de soin artistiques et participatifs. Depuis 2012, elle crée une importante archive dédiée au béluga. Cette dernière est constituée comme une œuvre ouverte pour laquelle elle assemble des données et des créations multiples se développant sur deux décennies.
Richard Ibghy & Marilou Lemmens forment un duo d’artistes dont la pratique collaborative allie la recherche à une exploration matérielle spécifique à chaque projet, afin de cerner des questions à l’intersection de l’écologie, de l’économie, de l’épistémologie et de l’histoire. Leurs œuvres ont porté récemment sur un élargissement des concepts d’hospitalité, de soin et de communication entre les espèces.
Artiste visuelle et autrice canadienne d’origine nigériane, Kosisochukwu Nnebe travaille sur des sujets comme les politiques de la visibilité, l’embodiment ou encore l’utilisation des habitudes alimentaires et du langage comme contre-archives de l’histoire coloniale. Elle s’intéresse à la construction d’un monde anti-impérialiste par le biais d’actes de solidarité et de (ré)imaginations spéculatives d’autres passés, présents et futurs.
Leila Zelli est une artiste originaire de Téhéran dont la pratique concerne les rapports que l’on entretient avec les idées d’«Autres» et d’«Ailleurs». Plus spécifiquement, elle consacre son art à l’espace géopolitique du Moyen-Orient. Elle crée des installations in situ réalisées au moyen d’images, de vidéos et de textes souvent glanés sur Internet et les réseaux sociaux.
Pour avoir un aperçu des profils des huit autres artistes impliqués dans le projet, on visite le site web de la Galerie de l’UQAM.
Une visite guidée de l’exposition avec Louise Déry aura lieu le 23 octobre prochain, de 17 h 30 à 18 h 30.