Netflix est la plateforme de visionnement la plus populaire au Québec, suivie de Prime Video et de Disney+. «Il y a quelques années à peine, la plateforme Club illico figurait en troisième place des services de vidéo sur demande, rappelle la professeure de l’École des médias Stéfany Boisvert. On aurait pu croire que la pandémie aurait profité aux plateformes d’ici, mais ce sont les plateformes américaines qui ont bénéficié de la hausse des abonnements pendant le confinement.»
L’industrie est quasi monopolisée par les plateformes étrangères et la recherche tend aussi à marginaliser la production médiatique francophone. «Même les études réalisées en français se concentrent, pour une large part, sur les services et productions anglophones», déplore Stéfany Boisvert. Cela contribue à invisibiliser les productions francophones qui tentent, à armes bien inégales, de faire leur place dans cette mer de contenus anglophones.
Stéfany Boisvert croit que la première chose à faire pour contrecarrer l’hégémonie américaine est de s’assurer que les gens connaissent les contenus francophones. «L’enjeu n’est pas que les contenus de langue française n’intéressent pas les gens, c’est que, dans la majorité des cas, ils n’en ont pas entendu parler», dit-elle.
Voilà pourquoi la professeure souhaitait organiser le colloque «Le divertissement en rafale: les études médiatiques francophones à l’ère du streaming et de la vidéo sur demande» (16 et 17 mai). « Ce colloque entend contribuer à une meilleure étude des médias et productions audiovisuelles francophones à l’ère du streaming et du visionnement en rafale (binge watching), de même qu’à une réflexion sur l’état des études médiatiques en français, explique-t-elle. Nous souhaitons également favoriser la mise en commun de diverses expertises afin de parvenir à une compréhension plus détaillée des spécificités des cultures médiatiques francophones à l’ère numérique, cela afin d’encourager et de fédérer au cours des prochaines années des projets de recherche portant sur la culture médiatique en langue française.»
La professeure du Département de communication sociale et publique Christine Thoër et son collègue Destiny Tchehouali effectueront notamment une présentation intitulée «C’est important de soutenir les contenus québécois, mais moi j’en regarde pas», panorama d’une étude réalisée en 2023 auprès de 1000 jeunes adultes de 18 à 24 ans.
En clôture de l’événement, une table ronde portera sur la vitalité et la découvrabilité de la culture audiovisuelle francophone à l’ère du streaming. Celle-ci réunira, entre autres, Destiny Tchehouali et la professeure de l’École des médias Catalina Briceno, ainsi que deux spécialistes du milieu professionnel.