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IA et enseignement supérieur

L’UQAM accueille une journée d’échanges sur les enjeux soulevés par l’IA générative en matière de pédagogie et d’apprentissage.

25 avril 2024 à 11 h 56

Quelque 600 personnes, dont plusieurs professeures et professeurs d’université et du collégial ainsi que des étudiantes et étudiants, se sont rassemblés au Cœur des sciences, le 24 avril dernier, pour participer à une journée d’échanges ayant pour thème «Les opportunités pédagogiques de l’IA générative en enseignement supérieur: mirages et réalités». L’événement était organisé par l’UQAM et son Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire, le Cégep de Saint-Laurent, le Collège de Bois-de-Boulogne et le Collège de Maisonneuve, avec le soutien du Pôle inter-ordres de Montréal (PIM).

Au cours de cette journée, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) et la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST) ont rendu public le rapport Intelligence artificielle générative en enseignement supérieur: enjeux pédagogiques et éthiques. Fruit d’une initiative conjointe des deux organismes, le rapport présente 20 recommandations dans le but de garantir une utilisation judicieuse de l’IA générative dans les collèges et les universités du Québec si une normalisation de son usage venait à se produire.

Le mot d’ouverture de l’événement a été prononcé par le recteur Stéphane Pallage et celui de clôture par la présidente du CSE, Monique Brodeur, présente tout au long de la journée à titre de grand témoin. Après avoir enseigné en adaptation scolaire et sociale à l’UQAM, Monique Brodeur y a aussi assumé, notamment, la responsabilité de doyenne intérimaire de la Faculté de science politique et de droit (2020-2022) et de doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation (2009-2019). Elle a collaboré au rapport Prêt pour l’IA (2024) du Conseil de l’innovation et à celui produit conjointement avec la CEST sur l’impact de l’IA générative en enseignement supérieur (2024).

Au cours de la journée, le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) et la Commission de l'éthique en science et en technologie (CEST) ont rendu public un rapport sur les enjeux pédagogiques et éthiques de l'IA générative en enseignement supérieur. De gauche à droit: Louis-Sébastien Guimond, vice-recteur aux Systèmes d'information, Monique Brodeur, présidente du CSE, Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la Vie académique, et Luc Bégin, président de la CEST. Photo: Nathalie St-Pierre
Pistes de réflexion

La professeure du Département d’informatique Marie-Jean Meurs et l’enseignante en sociologie au Cégep de Saint-Laurent Fanny Joussemet ont présenté une conférence pour mieux faire comprendre les outils basés sur l’IA générative. Les échanges ont porté sur «l’intégration raisonnable» de ces outils aux pratiques d’enseignement. Directrice scientifique de Calcul Québec et vice-présidente du Conseil des chercheurs de l’Alliance de recherche numérique du Canada, Marie-Jean Meurs est membre du Conseil d’administration du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT).

Normaliser l’utilisation de l’IA?

Un panel animé par le professeur de l’École des médias Jean-Hugues Roy a réuni Patrick Charland, professeur au Département de didactique, Yasmin Leonardos Haddad, professeure au Département de philosophie du Collège Bois-de-Boulogne, et Justin Lepitre, étudiant au baccalauréat en médias interactifs. À travers des récits de pratiques, les panelistes ont discuté de l’usage qu’ils font de l’IA en lien avec le soutien à la réussite étudiante et les apprentissages.

Enjeux éthiques et critiques

Lors d’un atelier, le professeur du Département de didactique des langues Simon Collin, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’équité numérique en éducation, et Emmanuelle Marceau, professeure associée à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et enseignante de philosophie au Cégep du Vieux Montréal, ont discuté des pistes pédagogiques susceptibles de prendre en compte les enjeux éthiques et critiques de l’IA en enseignement, afin qu’elles soient utilisées de manière responsable.

IA et processus de création

Comment assurer le contrôle des processus de création tout en profitant des possibilités offertes par l’IA? Quelles stratégies faut-il adopter pour éviter que l’IA ne se substitue à la créativité des artistes? Ces questions ont été abordées dans un atelier auquel ont participé le professeur du Département de psychologie Pier-Luc de Chantal, directeur du Laboratoire CREO sur la cognition et la créativité et membre de l’Institut des sciences cognitives, ainsi que le designer multidisciplinaire Simon-Matthew Séguin, professeur invité à l’École de design.

Se situer face à l’évaluation

Le professeur du Département de didactique Raoul Kamga et la chercheuse postdoctorale Yasmin Leonardos Haddad, également enseignante en philosophie au Collège de Bois-de-Boulogne, ont partagé leurs réflexions sur les enjeux pédagogiques soulevés par les outils d’IA en évaluation des apprentissages. Dans un contexte marqué par la présence de l’IA, doit-changer le contenu et la forme des évaluations?

Plagiat et intégrité académique

La disponibilité croissante d’outils toujours plus puissants en IA peut-elle contribuer à la détection du plagiat et au développement d’une culture institutionnelle de l’intégrité académique? Cette question était au centre des échanges entre le professeur associé de l’École des médias Frédérick Bruneault, également professeur de philosophie au Collège André-Laurendeau, et l’enseignante au Collège de Maisonneuve Marie-Michèle Daneau-Desjardins.

Soutenir l’enseignement

Un atelier a permis d’aborder les avantages et inconvénients de certains outils d’IA générative ainsi que leur appropriation potentielle en soutien aux différentes tâches d’enseignement. La professeure du Département de marketing de l’ESG UQAM Sandrine Prom Tep, une spécialiste des agents conversationnels intelligents ou chatbots, et Bruno Santerre, responsable de la coordination du programme Intégration multimédia au Collège de Bois-de-Boulogne, ont participé à la discussion.

L’IA en classe

Quels avantages et quels dangers l’IA générative comporte-t-elle en matière d’enseignement et d’apprentissage? Faut-il donner des lignes directrices distinctes selon le type de tâche à accomplir par les étudiantes et étudiants? Jusqu’à quel point un travail produit avec l’aide de l’IA reste-t-il la création de l’étudiante ou étudiant ? Ces questions ont été soulevées lors d’un atelier réunissant la professeure de l’École de langues Juliane Bertrand, responsable de la majeure en langues et cultures modernes, et l’étudiant à la maîtrise en didactique des langues Andy Kukuljan, également enseignant de français langue seconde au secondaire.

À la fin de la journée, Monique Brodeur et Luc Bégin, président de la CEST et professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval, ont présenté les principales recommandations issues du rapport sur les enjeux et les défis pédagogiques et éthiques soulevés par les usages de l’IA générative en enseignement supérieur, soit: l’alignement de l’IA générative sur les objectifs d’apprentissage; l’intégrité intellectuelle et académique ainsi que l’évaluation des apprentissages; la formation continue de toutes et de tous à la compétence numérique; la qualité de l’information fournie par l’IA générative; et d’autres questions liées à la protection de la vie privée ou aux impacts environnementaux de l’IA générative.

Ancré à la fois dans une perspective scientifique multidisciplinaire et la réalité vécue dans les milieux, le rapport propose une approche prudente face à l’IA générative, non précipitée et fondée sur les besoins à court et à moyen terme des diverses parties prenantes.

Au cours des derniers mois, un comité d’experts du CSE et de la CEST a été constitué afin d’orienter les travaux de réflexion et d’analyse portant sur ces enjeux. Pour enrichir la réflexion, une consultation a été menée auprès des universités, des collèges et de plus d’une vingtaine d’organisations au sein de l’écosystème québécois.