Pionnière du design et des arts visuels au Québec, cosignataire du manifeste Refus global, Madeleine Arbour est décédée le 10 décembre à l’âge de 101 ans. L’UQAM lui a rendu hommage, en 2012, en lui décernant un doctorat honorifique sur recommandation de sa Faculté des arts. Par ce geste, l’Université a voulu reconnaître l’apport singulier de cette artiste hors norme dans les domaines du design, de la scénographie, de la télévision et des arts visuels.
Née à Granby, Madeleine Arbour était une autodidacte qui a excellé dans les arts visuels, particulièrement en design de l’environnement, bien avant que ce mot n’existe dans le vocabulaire courant. Obligée de gagner sa vie à 17 ans, elle est embauchée comme vendeuse à la bijouterie Birks, à Montréal, où elle se fait remarquer rapidement comme étalagiste originale. Fréquentant des artistes d’avant-garde tels que Paul-Émile Borduas et Jean-Paul Riopelle, elle fait partie, en 1948, des signataires du manifeste Refus global, texte fondateur de l’ouverture à la modernité de l’expression artistique québécoise. Par la suite, elle travaille pendant une vingtaine d’années à la télévision, où elle contribue, en tant que conceptrice et animatrice, à diffuser des connaissances en design, en architecture et en arts visuels auprès d’un vaste public.
Artiste multidisciplinaire, Madeleine Arbour a touché à tout: dessin, peinture, affiche, cinéma d’animation, sculpture, scénographie de théâtre et télévisuelle, confection de meubles et de murales, aménagement intérieur de résidences privées et d’affaires. Cette conceptrice prolifique a enseigné pendant 20 ans à l’Institut des arts appliqués de Montréal, puis au Cégep du Vieux-Montréal. Elle a été la première femme à présider le Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal, de 1989 à 1991. En 2000, le Musée des beaux-arts de Québec lui a consacré une exposition solo et une publication originale qui célébraient la diversité de ses réalisations.
Madeleine Arbour a reçu le titre de membre de l’Ordre du Canada en 1987 et de chevalière de l’Ordre national du Québec en 1999. Elle a été nommée membre de l’Académie royale des arts du Canada en 2001 et a obtenu le prix Sam-Lapointe de l’Institut de design de Montréal pour l’ensemble de son œuvre, en 2002.