Enseignantes superhéroïnes
La pénurie de personnel enseignant dans les écoles du Québec défraie les manchettes depuis plusieurs années, et la dernière rentrée scolaire n’a pas fait exception. La lourdeur de la charge de travail, les classes nombreuses, le nombre d’élèves avec des conditions particulières, les problèmes de gestion de classe et les interventions des parents comptent parmi les facteurs expliquant le fort taux d’abandon de la profession. Plus du quart des enseignantes et des enseignants démissionnent l’année suivant l’obtention de leur diplôme et près de la moitié dans les cinq premières années. Considérant l’importance de leur rôle dans la société, les profs qui restent méritent que leur travail soit valorisé. C’est à cette tâche que s’emploie le chargé de cours du Département d’éducation et formation spécialisées David Lalonde dans l’ouvrage Ces enseignantes aux superpouvoirs. À travers des situations réelles vécues en classe par des enseignantes, l’auteur présente 11 attitudes ou comportements, qu’il nomme des superpouvoirs, que l’enseignante peut mettre en place pour mieux se sentir dans sa classe. Présentés de façon imagée, ces superpouvoirs – cultiver sa vitalité, bâtir une forteresse sécurisante, honorer les comportements attendus, incarner la bienveillance – sont associés au développement de comportements positifs chez les enfants. La professeure du Département d’éducation et formation spécialisées France Capuano signe la préface du livre. Publié chez Septembre éditeur.
L’État face à la crise environnementale
Si l’État peut arrêter les activités économiques en réponse à une pandémie mondiale, pourquoi ne pourrait-il pas contrer une menace planétaire bien plus grande encore? Telle est la question soulevée d’emblée par la professeure du Département de science politique Maya Jegen dans L’État face à la crise environnementale, un bref essai dans lequel la spécialiste des politiques énergétiques et environnementales s’interroge sur le rôle et la marge de manœuvre de l’État devant la nécessité de transformer notre société de consommation. Entre ceux qui croient que le marché génère les meilleures solutions et ceux qui déplorent l’absence de réponse politique, l’État demeure l’institution la plus puissante pour coordonner les actions des êtres humains, souligne-t-elle, défendant ainsi la thèse que celui-ci joue un rôle clé dans la protection de la planète. Mais les obstacles politiques sont nombreux et le temps est compté. «Si l’on prend au sérieux les prévisions quant à l’épuisement du budget carbone, écrit-elle, il faudra gérer le capital restant en conséquence et cesser de vivre à crédit. Cela signifie qu’il faut remplacer l’économie linéaire par une économie circulaire, c’est-à-dire séparer la croissance économique de l’épuisement des ressources naturelles et de l’empreinte environnementale. Au lieu de gérer une croissance verte illusoire, il faudra gérer efficacement l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie des produits, des services et des procédés.» Publié aux Presses de l’Université de Montréal.
Dans l’ombre des Automatistes
Scott, Brandtner, Eveleigh, Webber: revoir l’abstraction montréalaise des années 1940 s’intéresse à la question de l’art abstrait à Montréal en dehors des polémiques nombreuses et bien documentées ayant accompagné l’avènement du groupe automatiste. «Sans nier l’importance de l’automatisme, il m’a semblé que l’étude de l’émergence de l’art abstrait au Québec ne pouvait se réduire à ce seul groupe. Cet essai veut mettre en lumière la contribution de quatre artistes anglophones, une femme, Marian Dale Scott, et trois hommes, Fritz Brandtner, Henry Eveleigh et Gordon Webber, aux réflexions autour de l’abstraction. L’objectif est modeste mais nécessaire, car leurs œuvres ont contribué à l’histoire de l’abstraction au Québec, même si, jusqu’ici, ces artistes comptent pour ainsi dire parmi les oubliés de cette histoire», écrit la professeure émérite du Département d’histoire de l’art Esther Trépanier, commissaire de l’exposition consacrée à ces artistes et présentée jusqu’au 15 janvier au Musée d’art de Joliette. Leurs œuvres et leur réception critique, souligne-t-elle, dessinent un portrait complexe des débats autour de l’abstraction dans le Montréal des années 1940. Leurs approches confrontent également différents enjeux: ceux de l’émotion, de la science, de l’expérience humaine au sens large, mais aussi, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la violence de leur époque. Publié en collaboration par les Presses de l’Université de Montréal, McGill-Queen’s University Press et le Musée d’art de Joliette.
Les bienfaits des jumelages interculturels
Depuis 20 ans, plus de 15 000 étudiantes et étudiants en langues, en communication, en enseignement et en sciences humaines ont participé au projet de jumelages interculturels développé à l’UQAM au début des années 2000. Cette activité d’échange entre des personnes de diverses langues et cultures permet non seulement de pratiquer la langue, mais aussi d’interagir dans un cadre sécurisant et d’en apprendre davantage sur la culture de l’autre. Le projet a été porteur au point d’être adapté dans des universités en Australie, aux États-Unis, en France, au Mexique et au Japon. Sous la direction des maîtres de langue Marie-Cécile Guillot, Myra Deraîche et Suzanne Springer et de la professeure retraitée Nicole Carignan, l’ouvrage Intercultural Twinnings: A Commitment for a Pluralistic Society met de l’avant les bénéfices des jumelages interculturels. Le livre explore aussi des modèles théoriques, des méthodes et des outils d’intervention qui peuvent être utilisés par les chercheurs et praticiens. Plusieurs Uqamiennes et Uqamiens collaborent au livre, dont les maîtres de langue Juliane Bertrand et Annie Desaulniers, les professeures Valérie Amireault (didactique des langues), Ginette Berteau (travail social), Marina Doucerain (psychologie), Cynthia Martiny (éducation et pédagogie) et Catherine Gail Montgomery (communication sociale et publique), les chargés de cours Alhassane Balde (éducation et formation spécialisées) et Karine Lamoureux (École de langues) et le professeur émérite Richard Bourhis. Publié aux Éditions Brill.
Découvrir la littérature innue
Les Innus possèdent des traditions littéraires millénaires associant l’oralité et l’écriture sous différentes formes. Dans Une histoire de la littérature innue, la diplômée Myriam St-Gelais (M.A. études littéraires, 2021) offre la première vue d’ensemble de cette littérature, depuis les histoires orales des auteurs du Nitassinan (territoire des Innus sur la Côte-Nord du Québec) jusqu’aux œuvres écrites les plus récentes. L’hypothèse de Myriam St-Gelais est que les textes innus publiés depuis les années 1970 constituent une littérature en émergence qui, tout en puisant dans les traditions, s’inscrit dans un processus d’institutionnalisation auquel participent divers types d’acteurs, innus, issus d’autres Premières Nations ou allochtones. L’ouvrage s’intéresse, notamment, à trois œuvres représentatives de cette littérature émergente: l’essai Je suis une maudite Sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu (1976), d’An Antane Kapesh, le recueil de poésie Bâtons à message / Tshissinuashitakana (2009), de Joséphine Bacon, et le roman Kuessipan / À toi (2011), de Naomi Fontaine. La diplômée analyse enfin des éléments du processus d’institutionnalisation de la littérature innue, soit l’enseignement littéraire chez les Innus, le milieu de l’édition, le discours critique portant sur les littératures autochtones au Québec, les cours et les programmes scolaires, et les prix littéraires. Copublié par l’Institut Tshakapesh et Imaginaire | Nord.
Un ordre constitutionnel contraignant
Le rapatriement de la constitution au Canada, en 1982, correspond à une véritable refondation constitutionnelle. Ce moment historique est généralement perçu comme l’œuvre de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, qui cherchait à mater le mouvement indépendantiste québécois. Or, cette interprétation est réductrice, affirme David Sanschagrin (Ph.D. science politique, 2021), auteur de l’essai Le nationalisme constitutionnel au Canada. Dans cet ouvrage, le membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ) et de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes montre comment Pierre Elliott Trudeau s’est appuyé sur un scénario écrit dès les années 1930. À cette époque, des juristes réformateurs cherchent à ce que le Canada acquière sa pleine indépendance de Londres et qu’il se donne une charte des droits, à l’image du Bill of Rights américain. L’émancipation des individus égaux en droit face à un État devenant rapidement autoritaire en contexte de crise constitue l’objectif ultime du projet constitutionnel. «Noble en soi, cette quête émancipatrice se révèle néanmoins un carcan dominateur pour les nations minoritaires, souligne David Sanschagrin. Celles-ci doivent alors accepter de se fondre dans une seule nation politique canadienne.» Paru aux Presses de l’Université Laval.