Voir plus
Voir moins

Baromètre 2023 de la consommation responsable

Le durcissement des contraintes budgétaires lié à l’inflation impose une réduction des achats des Québécoises et Québécois.

22 novembre 2023 à 13 h 36

Mis à jour le 28 novembre 2023 à 18 h 36

L’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’ESG UQAM dévoile la 14e édition de son Baromètre annuel de la consommation responsable, une édition spéciale Coût de la vie, en collaboration avec la firme d’études MBA Recherche. Cette nouvelle édition met en lumière que ce durcissement des contraintes budgétaires, lié à l’inflation, impose à une grande majorité de Québécoises et Québécois de repenser leur consommation.

«Le ressenti de la dégradation du pouvoir d’achat chez 72,2 % des Québécoises et Québécois et les prix de plus en plus élevés exigent certains arbitrages, dont parfois celui de moins consommer, souligne le professeur du Département de marketing Fabien Durif, directeur de l’OCR. La sobriété semble donc contrainte et touche certains secteurs plus que d’autres, comme celui de la mode.»

La hausse du coût de la vie modifie ainsi certaines pratiques de consommation. «Parmi les Québécoises et Québécois qui ont réduit leur consommation, 90,3 % comparent encore plus les prix entre les produits et 84,3 % effectuent une comparaison des prix entre les commerces, tandis que 86,2 % achètent davantage de produits au rabais et 80,4 % utilisent davantage les circulaires et les bons de rabais», poursuit le professeur.

Les modifications des habitudes chez les Québécoises et Québécois qui ont réduit leur consommation semblent majeures dans certains cas. «Ainsi, mentionne Fabien Durif, 76 % privilégient les marques maison, 71,3 % vont davantage dans des magasins et épiceries au rabais, 60,3 % ont changé d’épicier pour un moins cher et 74,4 % ont réduit les quantités achetées, notamment 59,9 % en ce qui a trait à l’alimentation.»

Il faut toutefois noter que la sobriété contrainte, qui touche davantage les femmes et les personnes plus stressées financièrement, coexiste dans une moindre mesure avec une sobriété volontaire. Si 53,4 % déclarent avoir réduit leur consommation par conviction, ils sont tout de même 78,7 % à avoir pris l’habitude de moins magasiner et 65,4 % à réaliser qu’ils faisaient des achats superflus.

«Parmi les Québécoises et Québécois qui ont réduit leur consommation, on retrouve davantage ceux qui sont le plus préoccupés par l’environnement, les plus éco-anxieux et ceux qui recherchent le plus de moyens pour réduire leur impact environnemental», observe Fabien Durif.


Autres faits saillants

L’achat local, pas forcément victime de l’inflation 

Malgré l’inflation et le fait que de moins en moins de personnes découvrent des entreprises locales, le soutien à l’économie locale demeure une motivation importante. Près de 60 % des personnes sondées mentionnent préférer faire leurs achats dans les commerces de leur quartier ou du centre-ville. En outre, les Québécoises et Québécois qui ont le plus réduit leur consommation dans la dernière année sont ceux qui mentionnent avoir le plus acheté des produits certifiés «Aliments du Québec», «Produits du Québec», «Bœuf du Québec» et du vin local.

L’écofatigue accentue le sentiment d’impuissance et d’indifférence face au changement climatique

Près de 42 % des Québécoises et Québécois mentionnent qu’ils sont fatigués des leçons de morale sur l’environnement et 41,3 % de voir autant d’informations alarmistes sur l’environnement dans les médias. Le sentiment élevé d’impuissance face au changement climatique fait en sorte que 36,3 % des Québécoises et Québécois ne voient pas ce qu’ils pourraient faire de plus pour réduire leur impact environnemental (en particulier les hommes, les personnes moins diplômées et les déconsommateurs). Cette impuissance augmente le sentiment d’incapacité à prendre une décision et de perte de contrôle. Ainsi, 30,4 % des personnes, chez les 18-24 ans, déclarent que la situation environnementale est si sombre qu’elles croient que plus rien n’est possible, alors que 24,6 % estiment que réduire leur impact environnemental demande trop d’effort, surtout chez les 18-24 ans et chez les Montréalaises et Montréalais.

TOP 5 des marques perçues comme étant les plus responsables

Dans cette édition du Baromètre, seulement 37,5 % des personnes sondées sont capables de mentionner une marque à leurs yeux responsable, ce qui indique une baisse très importante comparativement à l’an dernier. Ce phénomène pourrait être une conséquence de l’écofatigue, et pourrait aussi être lié au fait que les Québécoises et Québécois valorisent davantage la pertinence économique d’une marque. Près de 74 % d’entre eux aiment qu’une marque prenne en considération l’impact de l’inflation dans son offre. À noter que Cascades demeure depuis la première édition du Baromètre la marque spontanément perçue comme la plus responsable par les Québécoises et Québécois.

On peut consulter tous les résultats du Baromètre sur le site web de l’Observatoire de la consommation responsable.


Méthodologie

Réalisé du 5 au 10 octobre 2023 auprès de 1 000 répondants du panel Web de MBA Recherche, le Baromètre dresse le portrait des pratiques de consommation responsable des Québécoises et Québécois. Les données ont été pondérées en fonction de la distribution réelle de la population selon l’âge et le sexe, d’après les données du dernier recensement de Statistiques Canada.