
Quel est l’avenir du mouvement syndical au Québec? Quels sont ses défis? Comment les syndicats, forts de plus d’un million et demi de membres, peuvent-ils faire progresser la justice sociale? Ces questions, et bien d’autres, seront au centre de deux journées de discussion, qui auront lieu à l’UQAM les 29 et 30 avril prochains. Organisées par le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université (SPUQ), en collaboration avec la revue socio-politique À Bâbord! et le réseau de militants syndicaux Lutte commune, ces journées réuniront pour la première fois à une même table les huit dirigeantes et dirigeants des centrales syndicales et syndicats indépendants du Québec (voir encadré).
Les journées de discussion auront pour thème «Construire des ponts, remporter des victoires». Gratuites et ouvertes à tous, elles visent à nourrir une réflexion critique sur l’état actuel du syndicalisme au Québec, la démocratie syndicale, les liens des syndicats avec les mouvements sociaux et leur rôle dans la défense des droits des travailleuses et travailleurs ainsi que dans les transformations sociales.
«Ce projet a été conçu par le SPUQ, lorsque j’en étais encore président, dans le cadre de son 50e anniversaire», précise le professeur du Département d’études littéraires Michel Lacroix, qui a quitté sa fonction de président en juin dernier. «Réfléchir aux enjeux auxquels le mouvement syndical est confronté et à la lutte pour la justice sociale, cela fait partie de l’histoire du SPUQ depuis sa fondation en 1970, dit le professeur. Nous profiterons d’ailleurs de l’événement pour rendre hommage au professeur émérite du Département de science politique Jean-Marc Piotte, décédé en février dernier, qui a participé à la fondation du SPUQ et qui était considéré comme l’un des théoriciens du syndicalisme de combat au Québec.»
Vendredi 29 avril, 19h, pavillon Athanase-David (salle D-R200)
La professeure du Département d’organisation et ressources humaines Geneviève Hervieux, présidente du SPUQ, prononcera l’allocution d’ouverture intitulée «Les défis du syndicalisme aujourd’hui: questions aux leaders syndicaux», en présence des dirigeantes et dirigeants des huit grandes organisations syndicales.
«Parmi les questions qui seront soulevées, il y a celle de l’établissement d’un front commun intersyndical, qui ne fait pas l’unanimité, note Michel Lacroix. Après deux ans de pandémie, la remobilisation des membres, leur participation à la vie syndicale et les stratégies de communication à déployer pour les sensibiliser représentent aussi des défis importants.»
Le professeur de l’École de travail social Louis Gaudreau, 3e vice-président du SPUQ, insiste, lui, sur la transformation des conditions de travail provoquée par la pandémie, qui touche l’ensemble des syndicats. «Plus personne ne travaille de la même manière, observe le professeur. Le rapport avec l’employeur et la place que le travail occupe dans nos vies ont été bouleversés. Dans certains milieux, les conditions de travail ont été décrétées, ce qui a fait naître de nouvelles demandes, notamment dans le réseau de la santé, afin que les équipes de travail gèrent elles-mêmes leurs horaires.»
«Les gens travaillent plus que jamais, notamment à la maison le soir, sans que les conditions salariales se soient nécessairement améliorées, mentionne Michel Lacroix. Les gens veulent participer aux décisions concernant la définition de l’organisation du travail et des tâches.»
Samedi 30 avril, pavillon Sherbrooke (salle SH-2800)
Tout au long de la journée, des responsables ainsi que des militantes et militants rattachés à différentes organisations syndicales et issus de divers horizons échangeront avec le public sur les thèmes suivants:
Vie démocratique, mobilisation, combativité, 10 h
Les discussions porteront, entre autres, sur les manières d’agir qui favorisent la démocratie syndicale – participation aux réunions, aux instances, aux prises de décision – et la mobilisation des membres, tout en permettant d’éviter la bureaucratisation des structures.
Lutter pour la justice: améliorer les conditions de vie et de travail, 13 h
Il sera question du pouvoir des travailleuses et travailleurs dans leur ville, leurs quartiers et sur leurs lieux de travail, du rôle des syndicats dans les luttes contre les inégalités économiques et sociales ainsi que des liens entre les luttes syndicales et les combats féministes, antiracistes, pour le droit au logement, la justice climatique et la défense des droits des communautés LGBTQ+.
«Ce sera l’occasion de discuter des luttes sociales plus larges qui peuvent être portées par le mouvement syndical, une idée chère au SPUQ, souligne Louis Gaudreau. La mission du syndicalisme ne se borne pas à défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs. Elle consiste aussi à coaliser ces derniers autour d’enjeux sociaux qui débordent le cadre des lieux de travail et qui concernent le bien commun.»
«Les syndicats souhaitent développer des liens avec les mouvements sociaux, poursuit Michel Lacroix. Plusieurs syndicats ont mis sur pied des comités environnementaux et féministes ainsi que des comités de lutte contre le racisme. Il faut aussi que ces enjeux soient présents quand vient le temps de négocier les conventions collectives et les conditions de travail.»
Au cœur des luttes collectives: pour le bien commun, 15 h 30
Comment faire en sorte que le mouvement syndical contribue aux transformations sociales? Quels rôles peuvent jouer l’éducation sociale et populaire, les nouvelles formes de communication et les coalitions avec les mouvements militants et le mouvement syndical international?
Dans le passé, le mouvement syndical au Québec était très présent dans les débats de société. Aujourd’hui, doit-il faire entendre davantage sa voix dans les débats autour de la crise sanitaire, de la crise climatique ou de la laïcité? «Cela constitue une préoccupation majeure, soutient Michel Lacroix. Le mouvement syndical est parfois perçu comme un lobby parmi d’autres, alors qu’il est avant toute une force de progrès social qui doit s’exprimer sur la place publique.»
La journée se conclura à 17 h, avec le 1ancement du dernier numéro de la revue À Bâbord!, intitulé «Syndicalisme: comment faire mieux?». Le lancement aura lieu à L’Amère à boire (2049, rue Saint-Denis).
Les leaders du mouvement syndical
– Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
– Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
– Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
– Christian Daigle, président du syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
– Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
– Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
– Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)
– Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)