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Que sont les REL ?

Un appel à projet invite les membres du personnel enseignant à se familiariser avec les ressources éducatives libres.

Par Pierre-Etienne Caza

14 mars 2022 à 11 h 03

Mis à jour le 9 juin 2022 à 13 h 09

Manuels ou chapitres de manuels, notes de cours, situations d’apprentissage, activités pédagogiques, fiches informatives interactives: tout matériel pédagogique créé, adapté ou traduit (avec autorisation) peut devenir une REL.Image: Getty

Dans la foulée des logiciels libres, on voit apparaître dans le paysage universitaire les ressources éducatives libres (REL). «L’UNESCO définit les REL comme des matériels d’enseignement, d’apprentissage ou de recherche appartenant au domaine public ou publiés avec une licence de propriété intellectuelle permettant leur utilisation, adaptation et distribution à titre gratuit», explique Lionel Villalonga, directeur du soutien à l’enseignement et à l’apprentissage au Service des bibliothèques. 

Manuels ou chapitres de manuels, notes de cours, situations d’apprentissage, activités pédagogiques, fiches informatives interactives: tout matériel pédagogique créé, adapté ou traduit (avec autorisation) peut devenir une REL. «Nous devons valoriser et faire connaître les REL, car, en bout de piste, ce sont les étudiants qui bénéficient de ces ressources gratuites pendant leurs parcours universitaire, observe Lionel Villalonga. Pourquoi ne pas utiliser un manuel sous forme de REL plutôt que de l’acheter à 300 dollars? Cette approche d’accessibilité est très proche des valeurs uqamiennes. Voilà pourquoi je pense que l’UQAM peut devenir un terreau fertile pour les REL.»

Sous licences Creative Commons 

Les REL sont enregistrées sous licences Creative Commons, un ensemble de licences régissant les conditions de réutilisation et/ou de distribution d’œuvres numériques. 

L’utilisation d’une licence Creative Commons ne signifie pas automatiquement qu’une ressource est libre, précise Yves Munn, chargé de projets technopédagogiques au Service de l’audiovisuel. Le caractère libre ou non d’une ressource éducative est déterminé par un ensemble de cinq permissions, établi par l’américain David Wiley: retenir, réutiliser, réviser, remixer et redistribuer. «Pour qu’une ressource soit considérée comme libre, il faut que sa licence Creative Commons accorde les permissions des 5R. On peut donc la télécharger et la modifier, en s’assurant par la suite de la redistribuer», explique le spécialiste.

Les professeurs, maîtres de langue et chargés de cours n’ont pas à renoncer à leurs droits d’auteur, rassure Yves Munn. «Certaines licences Creative Commons empêchent l’utilisation commerciale des ressources qu’elles protègent. Ainsi, si une maison d’édition approche un enseignant pour commercialiser sa REL, elle devra lui payer ses droits d’auteur.»

Au cours de la dernière année, Yves Munn a accompagné la maître de langue Roisin Dewart qui a souhaité adapter son questionnaire Moodle sur le plagiat, originalement destiné à ses étudiants en anglais langue seconde, pour en faire une REL. «La licence choisie stipule que l’on peut adapter le questionnaire et l’utiliser, pour ensuite remettre en circulation la nouvelle mouture avec la même licence pour que d’autres puissent en profiter», précise-t-il.

La fabriqueREL

En 2019, l’Université de Sherbrooke, l’Université de Montréal et l’Université Laval ont créé la fabriqueREL, que l’UQAM et l’INRS ont rejointe en 2022. «L’objectif de ce regroupement est de faire des ressources éducatives libres les supports pédagogiques privilégiés par les personnes enseignantes de l’enseignement supérieur québécois», souligne Lionel Villalonga. 

À ce jour, la fabriqueREL héberge 128 REL qui ont été téléchargées près de 21 000 fois. Ces REL sont issues du droit, de l’éducation, des lettres, des sciences humaines et des sciences. Une section spéciale du site a été créée durant la pandémie afin d’y regrouper les REL portant sur la formation à distance. 

Lors d’un premier appel de projets, le professeur du Département d’éducation et de formation spécialisées Yves de Champlain a soumis un projet qui a été accepté. Il s’agit d’un projet de portfolio numérique de reconnaissance des acquis et de développement professionnel, sous forme de logiciel libre.

Un nouvel appel à projets

La fabriqueREL a lancé un nouvel appel à projets dont la date limite est le 21 mars à 12 h. Il est possible de soumettre un projet dans l’une des trois catégories:  manuel, notes de cours ou adoption/utilisation d’une REL existante. «Pour les deux premières catégories, on peut créer du nouveau matériel, ou encore adapter ou traduire du matériel libre existant, précise Yves Munn. Les projets qui seront retenus bénéficieront d’un accompagnement par la fabriqueREL et par un ou une spécialiste des Bibliothèques, pendant une année.»

«Dans l’optique de valoriser les REL et de se familiariser avec ce type de ressources, j’incite les membres du personnel enseignant qui le souhaitent à déposer un projet dans la catégorie 3, soit l’adoption ou l’utilisation d’une REL existante, affirme Lionel Villalonga. On peut le faire à titre expérimental dans le cadre d’un cours, en adaptant une REL, puis en la redistribuant avec les modifications pour en faire profiter les autres enseignants.»

À l’issue de cette nouvelle sollicitation, deux projets seront retenus par institution. «Nous aimerions que l’UQAM aient deux projets sélectionnés afin de poursuivre notre contribution aux travaux de la fabriqueREL», indique Yves Munn.

La question du dépôt

Les partenaires de la fabriqueREL se pencheront au cours des prochains mois sur l’épineuse question du dépôt de toutes ces REL. «Pour l’instant, les REL créées dans le cadre des appels à projets sont hébergées sur le site de la fabriqueREL, mais, à terme, il faudra décider de la meilleure façon d’en assurer la pérennité. Est-ce que cela passera par un dépôt institutionnel commun à toutes les universités? Créera-t-on un dépôt dédié aux REL dans chaque institution? C’est ce que nous tenterons d’établir», conclut Lionel Villalonga.