L’ancien recteur de l’UQAM Claude Corbo, le professeur associé de l’École de travail social Gérald Larose et les diplômés Suzanne Lareau (B.Ed. enseignement de l’activité physique, 1983), Frantz Voltaire (M.A. science politique, 1976) et Samuel Pierre (M.Sc. mathématiques, 1985) figurent parmi les 17 personnalités qui ont été nommées, cette année, membres de l’Ordre de Montréal. Claude Corbo a reçu le grade le plus élevé, soit celui de commandeur, Gérald Larose et Samuel Pierre celui d’officier, tandis que Suzanne Lareau et Frantz Voltaire ont été nommés chevalier et chevalière.
Institué en 2016, l’Ordre de Montréal a pris le relais de l’Académie des Grands Montréalais, créée en 1988. Plus haute distinction honorifique de la métropole, l’Ordre vise à reconnaître les mérites de Montréalaises et de Montréalais s’étant distingués soit par leur contribution significative au développement de la ville, leur apport notoire à son rayonnement international, le caractère exemplaire de leur engagement au service de leurs concitoyens ou la qualité remarquable de leurs réalisations professionnelles.
Claude Corbo

Claude Corbo commence sa carrière universitaire au Département de science politique de l’UQAM, au moment même de sa création, en 1969. Ses activités d’enseignement et de recherche portent sur l’histoire de la pensée politique et sur le système politique des États-Unis. Auteur prolifique, il compte un nombre impressionnant d’essais, d’anthologies et même d’œuvres de théâtre et de fiction.
Dès 1974, Claude Corbo entreprend une carrière administrative à l’UQAM. D’abord vice-doyen, puis registraire, doyen et vice-recteur, il prend la barre de l’établissement à titre de recteur à compter de 1986. Ce mandat est notamment marqué par l’octroi à l’UQAM du statut d’université associée au sein du réseau de l’Université du Québec. Après une décennie à la tête de l’UQAM, il retourne à son poste de professeur. Dix ans passent encore et, alors que l’UQAM fait face à des défis importants, Claude Corbo, fidèle à ses convictions et soucieux de l’avenir de cette institution qui lui tient tant à cœur, est nommé à nouveau au rectorat en 2008. Pendant ce troisième mandat, il se consacre à la relance et au rétablissement de la santé financière de l’Université.
Après plus de quatre décennies passées au service de l’UQAM, Claude Corbo quitte le rectorat et l’établissement en 2012. Il poursuit cependant son engagement au service du réseau de l’Université du Québec.
Tout au long de sa carrière, l’ancien recteur s’est engagé au service de la communauté tant montréalaise que québécoise. Il a notamment présidé, en 2004, une consultation publique sur un projet de Charte montréalaise des droits et responsabilités. La même année, le comité exécutif de la Ville le nomme président de la Table de concertation du Mont-Royal, qu’il dirige pendant plus de 10 ans. Il s’investit également dans le monde de la culture et du patrimoine, notamment comme vice-président de la Fondation du Théâtre du Nouveau Monde, président du Groupe de travail sur l’avenir du réseau muséal au Québec et coprésident du comité sur l’avenir de la bibliothèque Saint-Sulpice. Enfin, il préside le Groupe de travail du ministère de la Sécurité publique sur les relations entre le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal et les membres de la communauté noire.
Claude Corbo est membre de l’Ordre national du mérite de France (1990), de la Société royale du Canada (2010) et de l’Ordre national du Québec (2013).
Gérald Larose

Gérald Larose commence à enseigner à l’UQAM en 1999. Outre les relations industrielles et les pratiques de négociation, ses objets de recherche, d’enseignement et d’intervention touchent l’économie sociale et solidaire, l’insertion, le modèle québécois de développement, les comparaisons internationales, la langue et la citoyenneté. Il a été, entre autres, chercheur au Laboratoire de recherche sur les politiques et les pratiques sociales (LAREPPS-UQAM), chercheur associé au Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et membre de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture de l’INRS Culture et Société.
La promotion et la défense et de langue française ont toujours occupé une place importante dans les différentes fonctions de Gérald Larose. Président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) de 1983 à 1999, il a été de toutes les mobilisations linguistiques et de tous les combats pour défendre la Charte de la langue française, condamnant notamment les jugements de la Cour suprême qui ont affaibli la portée des articles sur l’affichage. En 2001, le gouvernement du Québec lui a d’ailleurs confié la présidence de la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec.
Pour réaliser cet important mandat, la commission a tenu des audiences dans toutes les régions du Québec et a organisé des journées thématiques et un colloque international. S’en est suivi un forum national qui a mené à la rédaction du rapport intitulé Le français, une langue pour tout le monde. Plusieurs recommandations contenues dans ce rapport ont permis d’élargir le discours sur la langue pour le rendre plus inclusif en faisant du français la langue commune de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. De plus, certaines recommandations se sont retrouvées dans le projet de loi 104, déposé en 2002. Cette loi a mené, entre autres, à la redéfinition de la mission de l’Office de la langue française, qui a alors pris le nom d’Office québécois de la langue française.
Le professeur associé a été membre de la Commission Bélanger-Campeau sur l’avenir constitutionnel du Québec (1990-1991) ainsi que du Conseil d’administration de la Caisse de dépôt et de placement du Québec (1994-2000).
En 2019, Gérald Larose a obtenu le prix du rayonnement de la langue et de la littérature française. Cette distinction est décernée par l’Académie française à des personnalités françaises ou étrangères ayant rendu à la langue et aux lettres des services particuliers. Le professeur associé a également remporté, en mars dernier, le prix Camille-Laurin, qui souligne son engagement exceptionnel et sa contribution significative à l’usage, à la qualité et au rayonnement du français. Ce prix lui a été remis par l’Office québécois de la langue française dans le cadre du Gala des Mérites du français.
Samuel Pierre

Le professeur de Polytechnique Montréal Samuel Pierre jouit d’un important rayonnement dans la communauté scientifique en matière de technologies de l’information et de la communication. Chercheur, conférencier et ingénieur de réputation internationale, il est reconnu pour ses idées techniques novatrices. Modèle auprès des Montréalaises et Montréalais d’origine haïtienne, très engagé socialement, il s’investit notamment depuis plus de 20 ans dans le développement d’INSERTECH ANGUS, une entreprise d’insertion de jeunes adultes. De même, il œuvre depuis une décennie au déploiement de l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études avancées d’Haïti, déjà reconnu comme modèle de développement stratégique pour ce pays des Antilles.
Directeur du Laboratoire de recherche en réseautique et informatique mobile (LARIM), Samuel Pierre a reçu, en 2021, la Médaille d’or pour l’ensemble de sa carrière ainsi que le titre de Fellow d’Ingénieurs Canada. Il s’agit de la plus haute distinction du genre dans le domaine du génie, remise à une personne dont le travail et l’implication ont permis d’améliorer la qualité de vie de la population. Samuel Pierre en est le 49e récipiendaire et le premier professeur de Polytechnique Montréal à la recevoir. Il est également membre de l’Ordre national du Québec depuis 2009 et de l’Ordre national du Canada depuis 2011.
Suzanne Lareau

Personnalité tutélaire de l’usage du vélo au Québec, Suzanne Lareau a consacré sa carrière à la promotion du vélo et à la défense de la cause des cyclistes. En 1985, elle fait partie de l’équipe qui lance le Tour de l’île, un événement qui attire chaque année plus de 25 000 cyclistes. De 1987 à 2001, elle monte en grade jusqu’à être nommée p.-d.g. de Vélo Québec, une société qui embauche 75 employés à temps plein, sans compter l’armée de bénévoles mobilisés lors des activités du Tour de l’île et du Tour la Nuit.
Considérée aujourd’hui comme l’une des trois plus importantes organisations cyclistes au monde, Vélo Québec a joué un rôle majeur dans le développement de la culture du vélo à Montréal. En plus de l’organisation d’événements et de voyages, de ses activités d’édition et de ses programmes de sensibilisation, Vélo Québec joue un rôle important d’expert-conseil auprès des gouvernements. L’organisme est également maître d’œuvre de la Route Verte – «la plus belle véloroute au monde», selon National Geographic.
Suzanne Lareau, qui vient d’être nommée au Conseil d’administration de la Société de transport de Montréal en tant que représentante de la clientèle du transport collectif pour le réseau bus et métro, a largement contribué au fait que Montréal, avec ses 1100 km de voies cyclables et son million de cyclistes, est considérée désormais comme la capitale du vélo en Amérique du Nord. Pour elle, il y a encore des kilomètres à parcourir pour donner au vélo toute la place qui lui revient sur nos routes et dans nos villes.
Frantz Voltaire

L’historien Frantz Voltaire est un intellectuel engagé et une figure marquante de la communauté haïtienne montréalaise. Auteur, chercheur, professeur en Haïti, au Mexique, au Chili et à Montréal, il a fondé, en 1983, le Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne (CIDIHCA), devenu 38 ans plus tard le seul centre de recherche francophone sur les communautés noires au Canada. S’ajoutent à cela la Semaine contre le racisme qu’il a cofondé et continue de présider, de même qu’il a cofondé le Festival de films des droits de la personne de Montréal. Il a également été membre du Conseil des arts de Montréal, du Bureau de consultation de Montréal et du Conseil interculturel de Montréal.
Tout au long de sa carrière, Frantz Voltaire a réalisé des documentaires, dont Les chemins de la mémoire (2002 – prix de l’ONF), Au nom du père… Duvalier (2004 – Caribbean Awards), Maestro Issa (2008), et Manno Charlemagne – Konviksyon (2010). Il a aussi publié de nombreux articles ainsi que deux livres, Black Power in Haiti et A Brief History of Blacks in Canada. Il est actuellement directeur de la Revue d’histoire haïtienne.