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Quand le design rencontre l’informatique

Une exposition du Centre de design explore le rôle de l’outil numérique dans le processus de conception formelle.

15 octobre 2021 à 15 h 10

Mis à jour le 15 octobre 2021 à 15 h 10

En quelques clics, les designers, les architectes et les artistes transforment des matériaux indisciplinés en formes sculptées avec précision, créant des mondes imaginaires sous forme de paysages pixellisés et des visions immersives animées par des algorithmes et l’action humaine. Grâce aux logiciels, les matériaux, les images et les actions sont devenus à la fois calculables et concevables. Comment le design est-il devenu informatique? Cette question constitue la prémisse de l’exposition Vers un imaginaire numérique, présentée au Centre de design de l’UQAM.

L’exposition pose un regard à la fois historique et contemporain sur le rôle de l’outil numérique dans le processus de conception formelle en design et en architecture. Elle propose une sélection unique de photographies, de films, de reproductions de haute qualité, de reconstitutions de logiciels interactifs et d’œuvres de praticiens contemporains. Vers un imaginaire numérique examine la convergence des développements techniques du graphisme et des logiciels avec l’émergence de nouveaux langages esthétiques dans plusieurs domaines de création.

Volet élargi

Vers un imaginaire numérique, dont le commissariat est assuré par le professeur associé d’architecture à l’Université Carnegie Mellon Daniel Cardoso Llach, est une adaptation élargie de l’exposition Designing the Computational Image, Imagining Computational Design, laquelle a été présentée au Miller Institute of Contemporary Art de Pittsburgh, en 2017. Le Centre de design a ajouté un volet à l’exposition originale grâce aux découvertes de la cocommissaire et professeure de l’Université McGill Theodora Vardouli, concernant de nouveaux matériaux issus de l’histoire du design informatique au Canada.

Le professeur de l’École de design Nicolas Reeves a aussi contribué à titre de conseiller local de l’exposition, particulièrement pour le volet sur la pédagogie de l’imaginaire numérique.

Plus de 150 articles provenant de collections personnelles et d’archives d’institutions de recherche, telles que le Massachusetts Institute of Technology et Carnegie Mellon, aux États-Unis, l’Université de Cambridge, en Angleterre, l’Université de Toronto, l’Université de Waterloo et Bell-Northern Research, au Canada, sont exposés. Ces documents historiques rares sont combinés à une sélection d’une trentaine d’œuvres contemporaines réalisées par des créatrices et créateurs, des conceptrices et concepteurs, des architectes et des artistes canadiens spécialisés en informatique.

Parmi les œuvres présentées, on trouve Prototype Nebula (détails), du Living Architecture Systems Group, un partenariat multidisciplinaire et multi-institutionnel qui se consacre au développement d’environnements présentant des qualités semblables à celles de la vie: mouvement, réactivité, apprentissage, métabolisme, empathie, etc. L’œuvre ressemble à une masse rocheuse que l’on peut voir dans une cavité souterraine. Des flacons de verre scintillant transportant des solutions chimiques sont incrustés dans la structure de métal et d’acrylique en forme de nid.

L’installation interactive Antimodular Double (2018) de l’artiste canado-mexicain Rafael Lozano-Hemmer montre l’intégralité du code génétique de la bactérie Haemophilus Influenzae, le premier organisme dont le génome a été séquencé en 1995 avec 1,8 million de paires de bases. Une autre séquence montre à l’écran le code génétique complet de l’artiste composé de 3,2 milliards de paires de bases.

Align (2017) de Daniel Iregui, du studio d’art et nouveaux médias Iregular, fusionne, au moyen d’algorithmes, les portraits de chaque spectatrice et spectateur afin de synthétiser un nouvel être humain. Il suffit de rester devant l’écran pour voir apparaître les traits de son visage doté d’un nouveau corps…

Les structures tubulaires de l’œuvre Dessiné par la chaleur (2012) réagissent à la proximité des personnes en modifiant de manière subtile leurs formes et en créant différents degrés de transparence. L’œuvre a été conçue par la conceptrice informatique américaine Felicia Davis, en collaboration avec la conceptrice textile suédoise Delia Dumitrescu. L’artiste montréalaise et professeure de l’Université Concordia Joanna Berzowska présente deux textiles interactifs tissés sur un métier Jacquard contrôlé par ordinateur (cidZiy, 2007/ TangleForce, 2010).

En conclusion du parcours de l’exposition, la pièce interactive Zones franches (1997), du professeur de l’École des arts visuels et médiatiques Jean Dubois, invite le public à explorer par le toucher le corps d’un personnage sur un écran.

Vers un imaginaire numérique comprend aussi une série de reconstitutions interactives expérimentales conçues avec les premiers systèmes de conception assistée par ordinateur, dont le Sketchpad d’Ivan Sutherland et le HIDECS 2 de Christopher Alexander et Marvin Manheim. Le public peut expérimenter les aspects visuels et tactiles de ces technologies transformatrices.

L’exposition est présentée jusqu’au 7 novembre prochain. Une visite commentée de l’exposition aura lieu le vendredi 5 novembre, à 16 h, en compagnie de Nicolas Reeves. L’entrée est gratuite mais il faut réserver ici.