Située à deux pas de la Maison de l’arbre du Jardin botanique, l’installation bois eau métal se veut un laboratoire à ciel ouvert portant sur la forêt, l’imaginaire et les climats changeants. Installée en pleine nature, l’œuvre a été réalisée par la cellule de recherche artistique Ælab, composée de l’artiste et professeure de l’École des arts visuels et médiatiques Gisèle Trudel et du compositeur et ingénieur de son Stéphane Claude.
bois eau métal présente sur de grands écrans différentes données écophysiologiques – telles que la montée de la sève, la hauteur du tronc ou le déficit de l’arbre en eau – recueillies à l’été 2020 sur trois arbres (un érable à sucre, un hêtre américain et un sapin baumier) dans les basses Laurentides au Québec dans le cadre de SmartForests Canada, un projet scientifique piloté par le professeur du Département des sciences biologiques Daniel Kneeshaw. Ce projet pancanadien documente les variations climatiques des eaux, des sols et des forêts à travers le pays.
«Nous avons voulu faire une représentation graphique des mesures prises par SmartForests Canada», explique Gisèle Trudel, qui signe également sa première œuvre en tant que titulaire de la Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques (MÉDIANE).
L’œuvre est composé de deux autres écrans DEL sur lesquels sont projetées des images des arbres tournées par la professeure à différents moments de l’année. Chaque écran est monté sur un échafaudage distinct, formant une sorte de station, à laquelle se greffent également des haut-parleurs diffusant divers sons de la nature. L’installation propose ainsi au public d’en apprendre sur les caractéristiques écophysiologiques des arbres (système hydrologique interne et photosynthèse, entre autres), et de mieux comprendre les relations entre l’arbre, la météo et le climat, tout en vivant une expérience sonore. «Le public est invité à gravir les infrastructures, à s’y asseoir ou à s’y allonger afin d’expérimenter différents points de vue, sentir ce qui se passe et écouter les sons», précise Gisèle Trudel.
Massage par le son et autres expériences immersives
Les créations sonores ont été conçues par Stéphane Claude. «J’essaie de composer en complémentarité avec le dispositif visuel et l’environnement dans lequel s’inscrit l’œuvre», explique-t-il. Dans l’une des stations, par exemple, les visiteuses et visiteurs peuvent s’allonger et recevoir un massage par le son au moyen de basses fréquences. Une autre station présente une expérience immersive et enveloppante par l’entremise d’une douche sonore. Grâce à des capteurs placés sur les arbres, Stéphane Claude s’est aussi amusé à en extraire des sons. «Ce sont des sons captés avec des accéléromètres, à une échelle non audible, souligne le compositeur. C’est le son qui bouge dans la matière qui est intercepté et simplement amplifié.»
Le compositeur a créé les éléments sonores in situ à partir d’une régie portative d’où les deux artistes ont le loisir de contrôler les données projetées sur les écrans et les sons qui sont diffusés. Cette régie abrite également une station météorologique artisanale qui recueille des données sur place (quantité de pluie, taux d’humidité, luminosité, etc.), lesquelles constitueront une sorte de mémoire du moment passé au Jardin botanique. Ces données météo viendront également interférer ou interagir avec la couleur des images. «La densité du filtre des images sera appelée à changer en fonction des mesures météorologiques, note Gisèle Trudel. Par exemple, l’image sera plus jaune si le temps est sec, plus bleue si le temps est humide.»
Créer un espace de dialogue
L’équipe de chercheurs de la Chaire MÉDIANE seront par ailleurs sur place tous les jours pour échanger avec le public. «Nous souhaitons que les gens nous parlent de leur expérience personnelle de l’œuvre, ce qu’ils en ont retenu et appris, et qu’ils expriment leurs opinions, par exemple, sur la manière dont ils envisagent les changements climatiques», souligne Gisèle Trudel. Les commentaires recueillis inspireront les futurs projets de recherche de la professeure. «J’aimerais aussi me déplacer dans les différents quartiers de Montréal avec une station climatique mobile afin de recueillir les points de vue de la population sur les changements climatiques.»
bois eau métal est présentée tous les jours jusqu’au 25 juillet, de midi à 18 h, selon la météo et les consignes sanitaires en vigueur. Des performances musicales et d’autres activités sont aussi au programme.