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À la rescousse des poteaux d’électricité

Une équipe menée par Pierre Drapeau obtient plus de 1,9 million $ pour un projet de recherche sur le comportement des pics.

Par Pierre-Etienne Caza

20 mai 2021 à 9 h 05

Mis à jour le 20 mai 2021 à 9 h 05

Les pics creusent des cavités dans les poteaux de distribution d’électricité.Photo: Hydro-Québec, 2019.

En Amérique du Nord, les dommages causés par les pics sur les poteaux des lignes de distribution d’électricité et de télécommunications coûtent des millions de dollars chaque année aux exploitants de ces réseaux. «Les pics excavent leurs cavités de nidification ou d’alimentation dans ces poteaux comme ils le feraient sur les arbres en forêt, causant des dommages qui peuvent compromettre la solidité des supports et le service aux usagers», explique le professeur du Département des sciences biologiques Pierre Drapeau, directeur du Centre d’étude de la forêt (CEF) et titulaire de la Chaire en aménagement forestier durable UQAT-UQAM.

Pour mieux comprendre les causes des activités d’excavation des pics, le laboratoire du professeur Drapeau a obtenu une subvention Alliance de plus de 880 000 dollars du CRSNG, à laquelle s’ajoute une contribution de plus de 1 million de dollars de trois partenaires, Hydro-Québec, Hydroméga Services et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).  

Une perspective novatrice

Dans le cadre d’un projet-pilote réalisé en 2017 dans le nord de l’Ontario pour le compte de la compagnie indépendante de production d’hydroélectricité Hydroméga Services, le stagiaire postdoctoral Philippe Cadieux (Ph.D. biologie, 2017) et le professeur Drapeau avaient développé une perspective novatrice combinant des connaissances sur l’écologie de la reproduction et de l’alimentation des pics, et sur leur occupation d’un territoire donné. 

«Cette perspective vise à améliorer notre compréhension des facteurs écologiques sous-jacents à la présence des pics et des dommages qu’ils causent aux poteaux des lignes de distribution d’électricité et de télécommunications, à développer un modèle prévisionnel pour identifier les secteurs qui sont le plus à risque à court et moyen terme, et à optimiser les interventions sur les lignes de distribution et atténuer les coûts de gestion», explique Pierre Drapeau.

Si Hydroméga a constaté un problème avec les pics sur une ligne comptant 493 poteaux, on peut imaginer l’ampleur du problème pour Hydro-Québec, qui compte 1,8 million de poteaux! «Les pics constituent la deuxième cause de détérioration des poteaux», confirme Pierre Drapeau, qui a été approché par la société d’État peu après avoir supervisé le projet de Philippe Cadieux en Ontario. «Nous avons effectué une présentation en mai 2018 à la direction d’Hydro-Québec Distribution, dit-il. Nous avons montré l’évolution de la répartition du Grand Pic selon l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec de 1989 et celui de 2014. La population a augmenté significativement et se retrouve de plus en plus au nord, ce qui n’augure rien de bon pour les poteaux de distribution.»

Une équipe multidisciplinaire

Le nouveau projet de recherche sera réalisé en collaboration avec Alain Leduc (UQAM) et Louis Imbeau (UQAT), en plus de collaborateurs d’Hydro Québec (Dan Mastrocola, Stéphane Lapointe, Louis Gastonguay et Oscar Arroyo Fernandez), d’Hydroméga Services (Sébastien Tilmant) et du MFFP (Marianne Cheveau et Antoine Nappi). 

«Notre laboratoire possède une expertise sur l’écologie des pics et sur les réseaux d’utilisateurs des cavités d’arbres en forêt, précise Pierre Drapeau. Cette équipe multidisciplinaire mettra à profit d’autres expertises complémentaires dans des domaines variés, tels que la chimie en traitement du bois des poteaux, les réseaux aériens de distribution, la modélisation mécanique de dommages, et la qualité des habitats fauniques en forêt.»