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Yukari Cousineau, femme violon

Violon solo de l’Orchestre Métropolitain, la musicienne fait vibrer les mélomanes.

Série

L'esprit UQAM

21 janvier 2020 à 10 h 01

Mis à jour le 18 février 2020 à 16 h 02

Série L’esprit UQAM
On les reconnaît à leur audace, à leur esprit d’innovation, à leur sens de l’engagement. Ils ont «l’esprit UQAM». À l’occasion du 50e, des diplômés qui ont fait leur marque dans toutes les sphères de la société évoquent leur parcours uqamien. Cette série a été créée pour le site web UQAM: 50 ans d’audace.

Photo: Simon Couturier (photo de droite)

Rien ne lui fait peur. À l’âge de 12 ans, elle part en tournée à travers les villes du Québec et interprète comme soliste l’intégrale des Quatre Saisons de Vivaldi. En 2006, elle joue en première québécoise le 12e concerto pour violon de Locatelli, dit «Labyrinthe harmonique», une pièce réputée «injouable». Depuis 2010, Yukari Cousineau (B.Mus., 1996) est violon solo de l’Orchestre Métropolitain, pour lequel elle joue depuis plus de 20 ans, en plus de faire partie de l’ensemble Magellan et d’être régulièrement invitée à se produire avec différentes formations musicales.

À l’aise autant dans le répertoire de Mozart que dans celui de Prokofiev ou d’Eugène Ysaÿe, Yukari Cousineau ne fait qu’un avec son violon. Fille du compositeur Jean Cousineau, fondateur de l’école Les Petits Violons, nièce des musiciens François et Luc Cousineau, elle est tombée dans la marmite musicale toute petite, comme elle s’amuse elle-même à le dire. Depuis quelques années, c’est à son tour de transmettre son art. Après avoir été répétitrice aux Petits Violons et chargée de cours à l’UQAM, elle est, depuis septembre 2018, professeure invitée à la Faculté de musique de l’Université de Montréal.

Cette belle grande femme aux boucles brunes et aux yeux brillants impressionne. Assister à un de ses concerts est un plaisir non seulement pour les sons magnifiques qu’elle tire de son instrument, mais aussi pour les yeux. Sa dextérité, sa vivacité, sa précision de mouvement comblent les mélomanes les plus exigeants. Le critique du Devoir Christophe Huss a déjà jugé une variation exécutée par la musicienne «digne de Paganini»…

Quel type d’étudiante étiez-vous?

J’avais un côté rassembleur. J’aimais l’esprit de gang. C’est à l’Université que j’ai pris conscience de ma capacité d’amener les gens à avoir d’envie d’aller ensemble dans la même direction. Comme premier violon, c’est très précieux!

Que vouliez-vous devenir?

J’étais sûre de vouloir être violoniste, même si mon cœur balançait entre la musique d’orchestre, la musique de chambre et l’enseignement. Finalement, il s’avère que je fais les trois! Mais violon solo, le poste que j’occupe aujourd’hui, je ne croyais pas que c’était possible!

Quelle idée, quel concept, quel buzzword était à la mode dans votre domaine à l’époque de vos études?

Le moment où je suis arrivée à l’Université correspond à une époque de transition entre une façon de jouer du violon très romantique – à la manière des grands violonistes des années 1950, 1960, 1970, avec beaucoup de vibrato, avec des glissandos – et un éveil à l’importance d’adapter son jeu à différents styles de musique: au baroque, au classique, au romantique, au moderne. Cela force à élargir ses capacités. On n’utilise pas l’archet de la même façon pour tous les genres de musique. On ne joue pas Bach de la même façon que Rachmaninov.

Quel était l’endroit préféré des étudiants pour se réunir?

Il y avait un divan très laid au troisième étage du Département de musique, à côté de la fenêtre. L’ascenseur arrivait là, juste à côté de la salle Jacques-Hétu et on s’y retrouvait pour se raconter des histoires, faire des blagues. C’était un lieu névralgique. Nous avons été très déçus quand les gens de l’entretien l’ont enlevé!

Pouvez-vous nommer un professeur, une phrase ou un cours qui vous a marquée?

Martin Foster, mon professeur de violon, m’a beaucoup marquée. Quand je prends mon violon, je pense à mon père, mon premier professeur, et je pense à Martin Foster. Il a été capable de me prendre là où j’étais rendue dans mon cheminement musical et de me pousser dans la bonne direction. Il s’adaptait à chaque étudiant, ce qui fait que nous avions tous, avec lui, un cours différent. Il était excellent pour nous aider à nous construire comme musiciens, mais aussi comme personnes.

Que souhaitez-vous à l’UQAM pour ses 50 ans?

Il est absolument important que nous ayons une université en santé et que l’UQAM conserve son esprit ouvert, innovateur. Il est facile de perdre cet esprit d’ouverture. Il ne le faut pas. Il est tellement important pour les étudiants de pouvoir rencontrer sur leur chemin des gens ouverts, animés par une grande liberté pédagogique. Je souhaite que cela continue à l’UQAM.