Plusieurs chercheurs de l’UQAM et d’autres universités québécoises ont cosigné une lettre ouverte intitulée «Un coup dur pour la recherche et la société québécoise» dans La Presse+, le 2 juin, afin de dénoncer la cessation des activités du CEFRIO à la fin du mois, causée par le non-renouvellement de son financement par le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.
Fondé en 1987, le CEFRIO est un organisme indépendant de recherche et d’innovation qui accompagne les organisations publiques et privées dans la transformation de leurs processus et de leurs pratiques d’affaires par l’appropriation du numérique. Il recherche, expérimente, enquête et fait connaître les usages du numérique dans tous les volets de la société.
«Nous sommes nombreuses et nombreux, dans plusieurs disciplines, à utiliser les données du CEFRIO dans le cadre de nos projets de recherche respectifs», affirme la professeure du Département de communication sociale et publique Christine Thoër, qui cosigne la lettre avec le professeur Pierre Trudel, de l’Université de Montréal, et plus de 40 chercheuses et chercheurs des universités québécoises.
«La disparition du CEFRIO signifie en effet la perte d’une expertise et de l’accès à des données récurrentes permettant de suivre l’évolution des usages de l’internet dans les entreprises et par la population au Québec», écrivent les auteurs de la lettre.
Les signataires soulignent que la plupart des pays industrialisés ont recours à des organismes comme le CEFRIO pour déterminer l’orientation de leurs politiques publiques. «Le CEFRIO est ainsi l’équivalent du Pew Research Center des États-Unis et produit des données qui sont utilisées par les chercheurs, les enseignants, les journalistes et d’autres acteurs dans divers milieux», écrivent-ils.
Selon eux, «la décision du gouvernement laisse présager une rupture dans la recherche sociale sur les usages de l’internet au Québec. Or, dans un contexte où les géants du web (GAFAM) comme les plateformes de visionnement à la demande sont réticents à communiquer leurs données d’utilisation, accéder à des données sur les usages collectées par un organisme indépendant est particulièrement important.»
Les chercheurs s’étonnent de cette décision de ne pas renouveler le financement du CEFRIO et demandent au ministère de l’Économie et de l’Innovation de reconsidérer sa décision. «Nous espérons que d’autres chercheuses et chercheurs dénoncent à leur tour cette décision du gouvernement, qui risque d’entraîner une rupture dans la recherche sociale sur la numérisation de la société, insiste Christine Thoër. Ils peuvent marquer leur soutien en faisant circuler la lettre publiée dans La Presse+ dans les médias sociaux, notamment sur Twitter, sur les plateformes des centres auxquels ils sont rattachés, ou encore en en parlant dans leurs milieux de recherche respectifs.»