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Projet Korsa

Un nouveau programme de soutien par les pairs s’adresse aux étudiants stressés ou anxieux.

Par Valérie Martin

7 janvier 2020 à 14 h 01

Mis à jour le 7 janvier 2020 à 14 h 01

L’anxiété, et en particulier l’anxiété de performance, est un problème majeur chez les étudiants universitaires.Photo: Getty Images

Aider à réduire le stress, l’anxiété et l’épuisement en plus d’accroître le bien-être psychologique et d’améliorer la qualité de vie, tout en favorisant l’engagement scolaire, voilà les objectifs des ateliers de soutien Korsa. Ce programme, qui existe depuis 2012, s’adresse aux étudiants de premier cycle. Depuis septembre dernier, un nouveau volet s’est ajouté. Il vise à jumeler des étudiants de premier cycle à des étudiants des cycles supérieurs qui vivent ou ont vécu des problèmes de stress et d’anxiété. «La pair-aidance repose sur l’idée que les personnes ayant vécu des difficultés similaires peuvent s’entraider entre elles», explique Simon Grégoire, idéateur du programme Korsa et professeur au Département d’éducation et pédagogie.

Les ateliers s’inspirent de l’approche de l’acceptation et de l’engagement, une méthode d’intervention permettant aux étudiants de cultiver une meilleure souplesse psychologique et de développer des habiletés comme d’être capable d’observer et de mieux décrire leurs expériences internes, d’agir avec vigilance plutôt que par automatisme, de suspendre leurs jugements critiques à l’égard de ce qu’ils ressentent ou de ce qu’ils pensent, et de clarifier leurs valeurs tout en agissant de manière à être en phase avec ces dernières. Lors des sessions de groupe, les participants apprennent, entre autres, de nouvelles stratégies pour améliorer leur mieux-être comme la méditation.

«De leur côté, les pairs aidants ont développé des outils pour surmonter leurs problèmes qui pourraient aider d’autres personnes,» remarque Simon Grégoire. Dans les milieux communautaires et de la santé, le phénomène des pairs aidants est beaucoup plus répandu que dans les universités, affirme le professeur. «Le mentorat est populaire dans les universités, mais il vise davantage à aider les étudiants à développer de meilleures stratégies d’étude, dit-il. La santé psychologique des étudiants est moins prise en compte.»

Des universitaires anxieux et démunis

L’anxiété, et en particulier l’anxiété de performance, est un problème majeur chez les étudiants universitaires, rappelle Simon Grégoire. «Plus de 6 % des jeunes de 15 à 29 ans ont reçu un diagnostic de trouble anxieux, ce qui peut avoir un impact important sur leur qualité de vie et sur leurs résultats académiques.» Depuis quelques années, la demande pour les services d’aide a bondi de 15 % dans les établissements postsecondaires. Le personnel peine à fournir à la demande et les listes d’attente s’allongent. «Un projet comme Korsa permet de désengorger ces services», poursuit le professeur, aussi directeur du Groupe de recherche et d’intervention sur la présence attentive (GRIPA).

Les pairs aidants recrutés dans le cadre du programme Korsa (qui ne sont pas nécessairement tous des étudiants en psychologie) ont suivi une formation intensive et sont rémunérés pour leur travail. «Ils sont supervisés par des psychologues qui les rencontrent régulièrement pour faire le point, précise Simon Grégoire. Les supervisions sont faites en groupe de manière à ce que les pairs aidants puissent apprendre les uns des autres.» Si un des participants a des idées suicidaires ou présente un grand niveau de détresse, ce dernier sera redirigé vers un soutien thérapeutique. «Le programme Korsa est conçu dans une logique de soutien et d’entraide plutôt que de soins thérapeutiques», ajoute Simon Grégoire.

Le programme Korsa fait aussi l’objet d’une recherche-intervention financée par les Fonds Société et Culture du Québec (FRQSC). Outre Simon Grégoire, qui en est le chercheur principal, le projet regroupe trois autres professeures de l’UQAM, soit Lise Lachance, du Département d’éducation et pédagogie, et Thérèse Bouffard et Carole Vézeau, du Département de psychologie, ainsi que Michel Perreault, de l’Université McGill. Au cours des prochains mois, les chercheurs analyseront la portée du programme Korsa sur la santé psychologique et sur la réussite scolaire des participants, tout en s’intéressant aux expériences vécues par les pairs aidants. La recherche vise également à identifier les facteurs qui nuisent ou facilitent l’implantation d’un tel programme de soutien en milieu universitaire.

Un programme gratuit et en ligne

Tous les Uqamiens inscrits dans un programme de premier cycle et souffrant de problèmes anxieux ou vivant du stress peuvent bénéficier gratuitement des services offerts par les pairs aidants. Les sessions hebdomadaires, à raison d’une heure trente par semaine, se déroulent uniquement en ligne et s’étalent sur cinq semaines consécutives. Les inscriptions pour la session d’hiver 2020 se poursuivent jusqu’au 31 janvier prochain. Le programme individuel Korsa est aussi offert aux étudiants de HEC et de l’Université de Montréal.

«Nous devons nous doter d’un plan d’action en matière de promotion du mieux-être dans les établissements postsecondaires, avance Simon Grégoire. En raison de la course à la performance et à la productivité, l’environnement y est devenu toxique. La compétition entre les étudiants ne favorise pas l’entraide et la coopération et ces derniers se sentent de plus en plus isolés.»