COVID-19: tous les articles
Toutes les nouvelles entourant la COVID-19 et les analyses des experts sur la crise sont réunies dans cette série.
Six mois après son lancement, en mars dernier, l’enquête iCARE (Évaluation internationale de la compréhension et des réactions par rapport à la COVID-19) présente de nouveaux résultats globalement encourageants. Dans la plupart des pays, la grande majorité des gens respectent les directives des autorités sanitaires visant à limiter la propagation du virus.
Cependant, après plusieurs mois de distanciation sociale, de télétravail et de port du couvre-visage, un relâchement se fait sentir dans la population. Les personnes interrogées avouent respecter les mesures de sécurité avec moins de rigueur. De plus, un certain nombre d’individus (entre 12 % et 25 % des personnes interrogées), le plus souvent des hommes dans la vingtaine et au début de la trentaine, ne pratiquent pas l’isolement volontaire même s’ils savent qu’ils ont contracté le virus ou croient l’avoir contracté.
Quelque 150 chercheurs dans plus de 40 pays collaborent à cette enquête, qui est codirigée par Kim Lavoie, professeure au Département de psychologie, et Simon Bacon, professeur au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université Concordia. À ce jour, près de 70 000 personnes de 143 pays ont répondu au sondage. Cela a permis de mettre en lumière le large éventail de réactions observées depuis le printemps dernier, alors que la majeure partie de la population mondiale s’est retrouvée en confinement.
La première phase de l’enquête portait sur la compréhension par les populations des directives émises par les gouvernements en lien avec la pandémie. Lors de la phase 2, les répondants ont été interrogés sur la façon dont la pandémie affectait leurs conditions de vie. Selon les résultats du sondage, la plus grande source d’inquiétude chez les personnes interrogées est l’impact économique du virus à l’échelle mondiale.
L’enquête est coordonnée par le Centre de médecine comportementale de Montréal (CMCM), un centre de recherche et de formation universitaire conjoint du CIUSS du Nord-de-l’Île de Montréal, de l’UQAM et de l’Université Concordia, dont Kim Lavoie et Simon Bacon sont les cofondateurs.
Promouvoir des messages ciblés
L’équipe de chercheurs croit que les messages ciblés sont essentiels pour amener les populations à respecter les directives sanitaires entourant la COVID-19. Ainsi, les efforts déployés par les gouvernements pour encourager la population à adhérer à leur stratégie doivent être adaptés au groupe visé.
«Le message unique ne semble pas rejoindre tout le monde, souligne Kim Lavoie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine comportementale. Certaines personnes sont motivées par des préoccupations de santé, d’autres par des préoccupations économiques et sociales. L’idée est de déterminer quel message trouve un écho auprès de quel groupe de personnes, et de l’adapter en conséquence.»
Les résultats montrent en outre que certains types de messages sont plus efficaces que d’autres pour encourager la coopération. Ceux qui se concentrent sur les résultats positifs – en respectant les mesures sanitaires, je participe à garder tout le monde en sécurité – se sont révélés plus efficaces que ceux mettant l’accent sur les conséquences négatives qu’entraîne le non-respect des recommandations – une personne âgée de votre entourage tombera malade et mourra, par exemple.
Autres résultats
– Si des personnes interrogées admettent se montrer plus laxistes par rapport à certaines directives, l’usage du couvre-visage a toutefois augmenté en flèche. Au Canada, environ 55 % des personnes interrogées déclarent porter un couvre-visage la plupart du temps lorsqu’elles quittent leur domicile.
– Les Québécois hors de la grande région métropolitaine, en particulier les francophones plus âgés, ont commencé à porter plus fréquemment le couvre-visage après avoir vu le premier ministre François Legault en porter un lors de la conférence de presse du 12 mai. Voilà qui met en évidence l’importance de l’exemplarité des dirigeants politiques, observent les chercheurs.
– Environ 12 % des Canadiens qui ont été infectés par le virus, ou croient l’avoir été, ne se sont pas isolés volontairement. Ce chiffre grimpe à 25 % en Australie.
– Les répondants dont la principale préoccupation liée à la COVID-19 concerne leur santé ou la santé des autres sont plus susceptibles d’adopter les comportements préventifs recommandés.
Comprendre les tendances régionales
«Grâce à la portée mondiale du sondage, nous pouvons regrouper les réponses d’un certain nombre de pays et les incorporer à des groupes continentaux ou sous-continentaux», note Simon Bacon. Même si certaines données sont manquantes pour un pays, les chercheurs peuvent observer les tendances régionales et mesurer leur cohérence.
Le sondage, d’une durée de 20 minutes, est offert dans près de 40 langues. Sa cinquième version est désormais disponible sur le site web du CMCM.
L’équipe de chercheurs estime que les autorités gouvernementales et sanitaires pourront utiliser les données du sondage et les résultats des analyses dans le but d’améliorer leurs stratégies de prévention actuelles ou d’en élaborer de nouvelles afin d’inciter davantage de personnes à adopter un comportement protecteur.
L’étude iCARE bénéficie de l’appui des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ainsi que des Fonds de recherche du Québec Santé et Société et Culture.