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Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage

L’exposition présente différents enjeux liés à la santé mentale dans les communautés noires.

Par Valérie Martin

18 février 2020 à 15 h 02

Mis à jour le 18 février 2020 à 15 h 02

L’exposition Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage est présentée au CDEx du 19 au 27 février prochains. Photo: Gloria Swain, Secrets (2016). 

Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, c’est le titre magnifique, inspiré de l’autobiographie de l’écrivaine américaine Maya Angelou, du volet uqamien d’une exposition organisée dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Présentée au Centre de diffusion et d’expérimentation des étudiant.e.s de la maîtrise en arts visuels et médiatiques (CDEx, salle J-R940), l’exposition explore différents enjeux liés à la santé mentale dans les communautés noires: traumas intergénérationnels, dépression, stigmatisation, violence politique, racisme, système oppressif…

«La santé mentale est un sujet tabou dans les communautés noires, explique Diane Gistal, cocommissaire de l’exposition et candidate à la maîtrise en études littéraires. La communauté haïtienne, par exemple, a été frappée récemment par une vague de suicides.»

Certains stéréotypes persistent au sein des communautés, comme celui voulant que la femme noire soit forte et invulnérable, fait remarquer la commissaire. «On a du mal à admettre qu’elle puisse avoir des failles, ajoute-t-elle. Cette image d’infaillibilité remonte à l’époque de l’esclavage et de la période coloniale, et c’est ce qu’il faut chercher à briser.»

L’art est une manière d’aborder les problèmes de santé mentale de manière subtile et métaphorique afin de ne pas effaroucher les publics tout en les amenant à réfléchir à la question, poursuit Diane Gistal. «Un comité scientifique composé de professionnels de la santé nous a accompagnés dans le projet d’exposition, précise la commissaire. L’ouvrage de Maya Angelou aborde plusieurs thèmes difficiles tout en faisant preuve de subtilité et de résilience. On évite la frontalité.» Selon la chercheuse, il est urgent d’amorcer un dialogue. «Les initiatives en santé mentale dans les communautés noires n’approfondissent que très rarement le propos», regrette-t-elle.

C’est la cinquième année consécutive que Nigra Iuventa, un OBNL qui fait la promotion des cultures et de l’histoire afrodescendantes à travers les arts visuels et médiatiques et dont fait partie Diane Gistal à titre de cofondatrice, propose différentes initiatives (expositions, conférences et projections) soulignant le Mois de l’histoire des Noirs à Montréal. Michaëlle Sergile, une ancienne étudiante au baccalauréat en arts visuels et médiatiques et cocommissaire de l’exposition, fait aussi partie de l’OBNL à titre de cofondatrice.

«Nigra Iuventa est une initiative qui a vu le jour à l’UQAM, précise Diane Gistal. Le CDex est un lieu très intéressant pour organiser des expositions, puisqu’il peut toucher différents publics de par sa géographie. Plusieurs visiteurs ne sont pas des étudiants en arts, mais fréquentent l’université dans d’autres programmes.»

Traumas et dépression

Les œuvres des artistes Clovis Desvarieux, Constance Strickland, Gloria Swain, Tsoku Maela et Heather Agyepong seront présentées au CDEx. «Plusieurs de ces œuvres abordent le thème central de l’exposition sous un angle historique. On parle des violences liées au racisme systémique», précise Diane Gistal.

Dans le cadre de l’exposition, l’artiste sud-africain Tsoku Maela a eu l’idée de documenter sa dépression en photographiant différents épisodes de sa maladie. Les travaux de l’artiste multidisciplinaire et activiste canadienne Gloria Swain explorent, pour leur part, le thème des traumas intergénérationnels. «Ces traumas se transmettent au sein des familles par l’éducation de manière inconsciente, dit Diane Gistal. Ce sont des histoires négatives souvent très chargées émotionnellement.» Gloria Swain, qui est également chercheuse, a entrepris un mémoire de maîtrise sur les traumas à la Faculté des sciences environnementales de l’Université York, à Toronto. L’artiste discutera de ses recherches en compagnie de la docteure, psychiatre et professeure de l’Université McGill Myrna Lashley, le 21 février prochain. Organisée par Nigra Iuventa dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, la conférence aura lieu au Centre culturel Georges Vanier.

Les œuvres de Moridja Kitenge Banza sont présentées au Centre culturel Georges Vanier dans le cadre du deuxième volet de l’exposition Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage jusqu’au 28 février prochain (le premier volet avait lieu à la Fonderie Darling du 6 au 13 février derniers). Le troisième volet de l’exposition est présentée au CDEx du 19 au 27 février prochains.