Série L’esprit UQAM
On les reconnaît à leur audace, à leur esprit d’innovation, à leur sens de l’engagement. Ils ont «l’esprit UQAM». À l’occasion du 50e, des diplômés qui ont fait leur marque dans toutes les sphères de la société évoquent leur parcours uqamien. Cette série a été créée pour le site web UQAM: 50 ans d’audace.
Si on la voit régulièrement au cinéma et à la télévision, Sylvie Moreau (B.A. art dramatique, 1991) est d’abord et avant tout une amoureuse des planches. Au cours de sa carrière, la comédienne a interprété des rôles marquants dans une trentaine de pièces, en plus d’avoir été une étoile de la Ligue nationale d’improvisation. Elle a aussi écrit et mis en scène des productions telles que Dans la tête de Proust (2017-2018), un hommage onirique au grand écrivain français qui a été acclamé par la critique.
À cheval entre le mime et le théâtre, cette pièce est une production d’Omnibus, la compagnie qu’elle codirige depuis 2014 avec Jean Asselin, qui lui a enseigné à l’UQAM, et son ancien collègue de classe Réal Bossé (B.A. art dramatique, 1991). Elle fait aussi partie de Momentum, une compagnie de théâtre expérimental qu’elle a cofondée avec des artistes tels que Céline Bonnier, Stéphane Crête et François Papineau.
Au petit écran, on a pu admirer l’étendue de son talent dans une vingtaine de séries, dont Catherine (1998-2003), pour laquelle elle a remporté un prix Gémeaux en 2001, Dans une galaxie près de chez vous (1999-2001) et États humains (2004-2007). Au cinéma, elle a joué une quinzaine de rôles, dont celui de Linda, dans Post Mortem (1998), qui lui a valu un prix Génie, et celui de Jeanne dans Les Aimants (2004), pour lequel elle a reçu un Jutra.
La lauréate du prix Reconnaissance UQAM 2003 a même fait sa marque sur la scène musicale. De 2006 à 2014, le duo Country Girls, qu’elle forme avec la comédienne Sandra Dumaresq, a fait swinger la baraque dans une centaine de spectacles à travers le Québec!
Quel type d’étudiante étiez-vous?
J’étais une étudiante très passionnée. J’aurais pu choisir une autre option pour mes études – École nationale de théâtre, Conservatoire – mais j’ai privilégié la formation universitaire. La formation théorique et la formation de la pensée théâtrale m’intéressaient beaucoup, en plus de la formation pratique. Je souhaitais aussi étudier dans un contexte plus souple, avec plus d’étudiants. J’ai fait de belles rencontres et développé des affinités avec plusieurs personnes, qui m’ont fait progresser.
Que rêviez-vous de devenir?
C’était très clair que je voulais faire du théâtre. Ce que j’ai aimé du baccalauréat, c’est qu’il y avait aussi des cours d’écriture, de scénographie, qui nous faisaient explorer toute la pratique du théâtre, pas seulement l’art d’interprétation. L’UQAM m’a appris la réalité immédiate du métier que je rêvais de pratiquer.
Quelle idée, quel concept, quel buzzword était à la mode dans votre domaine à l’époque de vos études?
Ce n’était pas la mode des buzzwords (rires). Les mots qui me viennent en tête sont création, liberté, mouvement, changement. Le Département de théâtre, fondé en 1985, était dans une période d’essais et erreurs sur le plan du corpus et de la chronologie de la formation. Faire partie d’un mouvement dont les éléments n’étaient pas fixés me plaisait beaucoup.
Quel était l’endroit préféré des étudiants pour se réunir?
Le café étudiant du Département de théâtre, situé au deuxième étage du pavillon Judith-Jasmin, était un endroit où l’on pouvait se réunir, échanger des idées, réfléchir. La vie étudiante était très chouette. Avant les médias sociaux, nous étions nous-mêmes des médias sociaux ambulants. L’espace de production situé au J-2020 était aussi un lieu mythique: une grande boîte noire, où nous avions plusieurs cours pratiques. C’était l’endroit idéal pour fabuler et pour rêver.
Pouvez-vous nommer un professeur, une phrase ou un cours qui vous a marquée?
Le cours de diction avec Claude Brabant et Marie Lavallée fut un cours très important pour moi. C’était une matière qui demandait beaucoup de rigueur. Jean Asselin, qui est venu monter une production théâtrale avec nous, a eu une influence majeure sur ma carrière. C’est quelqu’un avec qui je collabore depuis 30 ans. Marthe Mercure m’a appris à avoir du chien au travail, à m’engager. Pierre Beaudry, Josette Féral et Jean-Marc Larrue ont aussi été d’excellents professeurs, des praticiens qui m’ont enseigné la passion pour le métier.
Que souhaitez-vous à l’UQAM pour ses 50 ans?
Je souhaite que l’UQAM demeure un lieu d’exploration, de mouvement, de connexion avec le milieu et la société.